Premier groupe d’opposition à l’Assemblée avec 89 députés, le RN réclame la présidence de la commission des Finances. La NUPES veut y faire échec mais les LR pourraient soutenir la candidature lepéniste.
Depuis Nicolas Sarkozy, la présidence de la commission des Finances est attribuée à un parti d’opposition. Une tradition respectée sous François Hollande puis Emmanuel Macron, avec successivement Gilles Carrez puis Eric Woerth. Elisabeth Borne promet de se plier à la règle : « Les députés de la majorité, dit-elle, respecteront la tradition de ne pas prendre part au vote. » Le RN a des chances de l’emporter et Gérard Larcher n’y est pas hostile : « La pratique républicaine consiste à considérer tous les élus avec un principe d’égalité et de respect. Ensuite, il y a un règlement à l’Assemblée nationale qui dit que le président de la commission des finances doit être issu de l’opposition. Or, je constate que le RN est le premier groupe d’opposition. Donc, elle devrait lui revenir », trancha sur BFMTV le président du Sénat.
NUPES : le danger du candidat unique
Seulement voilà, la NUPES rejette cette perspective. Bien que ses membres refusent de s’associer pour former un groupe commun, l’union de la gauche pousse un candidat unique en la personne du député LFI Éric Coquerel. « Il est acté que ce sera aux Insoumis de choisir, c’est la principale force », confirme le député écologiste Benjamin Lucas. Face au danger, le Rassemblement national et Les républicains pourraient conclure un arrangement inédit, selon Le Figaro. Les républicains seraient prêts à soutenir une présidence RN, en échange d’un poste de questeur. Le questeur occupe une fonction clé au sein de l’Assemblée. Il a notamment la charge d’élaborer son budget, de gérer les crédits et d’engager les dépenses. Depuis 1973, il est de tradition que deux des trois questeurs soient membres de l’opposition. Les LR souhaitent à tout prix éviter que LFI remporte la présidence de la commission des Finances : « Ce serait une catastrophe. LFI est jugée encore plus repoussoir que le RN au sein du groupe » confie un parlementaire LR. Si un accord, même officieux, lie le RN à LR, jusque-là présentés comme antagonistes, ce serait une première dans l’histoire de la Ve République. L’élection des huit présidences de commission se déroulera mercredi prochain, le 29 juin, à bulletins secrets.