L’examen du budget vient de commencer au palais Bourbon, et déjà le gouvernement doit faire des concessions. Il semble inévitable que l’exécutif doive engager sa responsabilité.
Trois mille. C’est le nombre d’amendements déjà déposés. Le budget est toujours l’occasion pour les oppositions de montrer leur désaccord. Le contexte de majorité relative pour le groupe Renaissance rend encore plus compliqué le passage de ce texte, d’autant que le parti présidentiel connaît des tensions avec son allié le Modem qui a délibérément voté un amendement contre l’avis des marcheurs. Mais l’hypothèse que l’article 49 alinéa 3 de la Constitution soit utilisé mettrait peu en danger le gouvernement. Celle-ci prévoit que le texte soit considéré comme adopté, sauf si une motion de censure est déposée dans les 24 heures. Or, pour que celle-ci aboutisse à la destitution du gouvernement, il faut qu’elle soit portée par au moins un dixième des députés, puis votée par une majorité absolue, c’est-à-dire 289 élus. Ce scénario est improbable : bien que le RN et la NUPES se soient dit prêts à voter une motion déposée par un groupe opposé, il faudrait y ajouter les voix des députés LR. Et Les Républicains ne veulent pas prendre le risque de censurer le gouvernement.
« Je dissous tout de suite ! »
Emmanuel Macron dispose d’une arme dissuasive : le président s’est dit prêt à dissoudre immédiatement l’Assemblée en cas de motion de censure et les députés ne souhaitent pas remettre leur siège en jeu. Toutefois, l’Elysée n’a pas intérêt à suivre ce scénario : l’exécutif ne serait pas assuré d’obtenir une composition plus favorable, et surtout, il doit commencer réellement à gouverner. L’usage du 49.3 traduirait surtout un aveu de faiblesse.
Cet article permet de mesurer la confiance mais toutes les situations sont uniques. La fronde de certains députés en 2015 contre Manuel Valls avait conduit le Premier ministre à engager sa responsabilité sur la loi Hamon, afin de forcer les mauvais élèves de sa majorité à se positionner, ce qu’ils avaient fait en ne s’associant pas à la motion de censure déposée par la droite. Aujourd’hui, le “faux pas” du parti de François Bayrou n’est pas comparable, puisqu’il ne s’agit là que de quelques députés d’un groupe allié.