Aux États-Unis, le parti Républicain semble garder la majorité au Sénat. Cette institution majeure est essentielle dans la mise en oeuvre de la politique du Président. La vague rouge dans cette chambre serait un caillou dans la chaussure d’une administration Biden.

Aux États-Unis, l’é­lec­tion pré­si­den­tielle s’en­ve­nime. Des fraudes sont rele­vées par les uns, puis démen­ties par les autres. En paral­lèle, les élec­tions pour le Sénat suivent leur cours. Le Par­ti répu­bli­cain est en avance (48 sièges contre 46 pour les Démo­crates), et devrait conser­ver la majo­ri­té dans cette chambre.

Contrai­re­ment à ce qui se passe en France, le Pré­sident amé­ri­cain doit tou­jours s’ap­puyer sur le Par­le­ment pour gou­ver­ner, notam­ment le Sénat. Cette assem­blée repré­sente les États fédé­rés, et cha­cun d’eux y envoie deux séna­teurs, peu importe le nombre d’habitants.

Un Sénat républicain, l’épine dans le pied de Biden

Les pré­ro­ga­tives du Sénat sont plus nom­breuses que celles de la Chambre des Repré­sen­tants (autre chambre du Congrès), ce qui le rend si impor­tant dans la vie poli­tique amé­ri­caine. En plus de voter les lois, l’accord du Sénat est néces­saire pour rati­fier les trai­tés inter­na­tio­naux. Par consé­quent, il sera impos­sible pour Joe Biden d’in­té­grer l’Ac­cord de Paris sur le cli­mat. Le Sénat n’a jamais rati­fié ce trai­té ni sous Oba­ma, encore moins pen­dant le man­dat de Donald Trump. Les États-Unis ne pour­ront donc pas le rejoindre avec une majo­ri­té répu­bli­caine au Sénat.

De sur­croit, Biden ne pour­ra pas modi­fier la for­ma­tion de la Cour suprême. En effet, les nomi­na­tions dans cette ins­ti­tu­tion dépendent du Pré­sident, mais doivent être confir­mées par le Sénat. Ces juges y sont par ailleurs nom­més à vie. Dans l’é­ven­tua­li­té d’un décès au sein de cette ins­ti­tu­tion, Joe Biden ne pour­ra pas impo­ser son choix, et sera contraint de choi­sir une per­son­na­li­té au gout des républicains.

La fin d’un consensus politique au Sénat

Si la Chambre des Repré­sen­tants est l’as­sem­blée des affron­te­ments par­ti­sans, le Sénat était conçu à l’o­ri­gine comme une assem­blée consen­suelle. C’est pour cette rai­son qu’il a une assise pré­pon­dé­rante au Congrès. Il devait être un contre-poids aux élans par­ti­sans de l’autre assemblée.

Depuis quelques mois, les posi­tions se sont radi­ca­li­sées. La concorde trans­par­ti­sane n’est plus de mise dans cet hémi­cycle. Cette rup­ture fut actée par la nomi­na­tion d’A­my Coney Bar­rett à la Cour suprême en octobre der­nier, suite au décès de la juge pro­gres­siste Ruth Bader Gins­burg. Aucun démo­crate n’a approu­vé ce choix du pré­sident Trump. Or, jamais dans l’histoire des États-unis une nomi­na­tion à la Cour suprême avait été tota­le­ment bou­dée par l’op­po­si­tion au Sénat, ce qui a aggra­vé la césure au sein de cette assem­blée.  In fine, si Biden devient pré­sident des États-Unis, il devra faire face à une majo­ri­té répu­bli­caine au Sénat extrê­me­ment hos­tile à sa poli­tique, et se plier aux injonc­tions du Sénat. Une vic­toire sans panache pour le camp démocrate.