Le conseil européen se réunit jeudi 21 janvier 2021 par visioconférence. L’objectif principal de cette réunion est de trouver une riposte commune et coordonnée face à une épidémie qui s’intensifie sur le continent européen. C’est une nouvelle fois l’unité des 27 qui est mise à l’épreuve. 

 

 

Si l’Union euro­péenne dis­pose désor­mais d’un vac­cin contre la Covid-19, l’augmentation du nombre de cas dans plu­sieurs pays membres de l’organisation inter­na­tio­nale impose aux chefs d’États et aux gou­ver­ne­ments  de l’Union de nou­velles concer­ta­tions. 

C’est un mes­sage clair qu’a envoyé la com­mis­saire euro­péenne de la San­té Stel­la Kyria­kides lors d’une confé­rence de presse mer­cre­di 20 jan­vier 2021 en décla­rant que « les vac­ci­na­tions doivent s’accélérer ». 

C’est ici la len­teur de la cam­pagne de vac­ci­na­tion dans plu­sieurs pays de l’Union, comme la France, qui est mise en cause, com­pa­rée aux cam­pagnes de vac­ci­na­tion menées au Royaume-Uni ou en Israël. 

À la veille du Conseil euro­péen, la Com­mis­sion a fixé aux 27 l’objectif de 70% des adultes vac­ci­nés d’ici fin août 2021. 

 

    « Nous avons déjà assuré assez de vaccins pour la population entière de l’Union européenne. Nous devons désormais accélérer la campagne de vaccination. » tweet la Présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen, en rappelant un objectif de 70% de la population vaccinée d’ici l’été 2021. Un objectif loin d’être atteint pour l’instant. En effet, chaque pays membre de l’UE n’est pas tenu d’acheter les doses de vaccins précommandées par Bruxelles auprès des laboratoires BioNTech/Pfizer et Moderna.

 

La san­té n’étant pas un domaine de com­pé­tence exclu­sif ou par­ta­gé de l’Union euro­péenne, il a été dif­fi­cile pour les 27 États membres de mettre en place une action coor­don­née depuis le début de la pan­dé­mie. Cepen­dant, l’arrivée de variants du virus issus notam­ment du Royaume-Uni ou d’Afrique du Sud amène les puis­sances euro­péennes à s’entendre autour d’une poli­tique com­mune. Cette réunion par visio­con­fé­rence vou­lue par le pré­sident du Conseil euro­péen Charles Michel risque d’exacerber les diver­gences autour d’un contrôle fron­ta­lier interne et la mise en place d’un pas­se­port vac­ci­nal euro­péen. 

 

Vers un retour des frontières à l’intérieur de l’Union européenne ?  

 

La ques­tion des fron­tières est un sujet sen­sible de la poli­tique euro­péenne. Les fron­tières exté­rieures de l’Union sont fer­mées en ce qui concerne les voyages non-essen­tiels. Seuls les voya­geurs de cer­tains pays exté­rieurs à l’UE peuvent venir sur le ter­ri­toire d’un État membre. En revanche, les fron­tières entre les États membres demeurent ouvertes, même si cer­tains gou­ver­ne­ments ont déjà depuis long­temps mis en place des res­tric­tions. Par exemple, l’Italie ou la Bel­gique réclament la preuve d’un test PCR néga­tif pour toute per­sonne qui passe la fron­tière de leur territoire.

Mar­di 19 jan­vier 2021, la chan­ce­lière alle­mande Ange­la Mer­kel a fer­me­ment décla­ré que « si les pays devaient emprun­ter des voies com­plè­te­ment dif­fé­rentes, ce que je ne vois pas pour le moment mais qui peut aus­si être le cas, alors il faut être prêt à l’extrême et dire que nous devons aus­si réin­tro­duire les contrôles aux fron­tières ».

 

L’instauration d’un « passeport vaccinal » divise 

 

    Face à l’arrivée de nou­veaux variants du coro­na­vi­rus sur le ter­ri­toire des États de l’Union euro­péenne, l’établissement d’un « pas­se­port vac­ci­nal » sera dis­cu­té au Conseil euro­péen de ce jeu­di 21 jan­vier. Plu­sieurs États comme le Dane­mark et la Hon­grie se montrent favo­rables à la mise en place d’un « pas­se­port vac­ci­nal ». Cette mesure per­met­trait à celles et ceux qui ont reçu les deux doses de vac­cin de pou­voir prendre l’avion ou encore de se rendre dans des lieux cultu­rels. En revanche, d’autres pays comme la France se montrent moins enthou­siastes à l’idée d’un « pas­se­port vac­ci­nal » coor­don­né à l’échelle euro­péenne. Si 62% des Fran­çais y sont désor­mais favo­rables afin de pou­voir voya­ger à l’étranger (son­dage Ifop du 16 jan­vier 2021 pour lemon.fr), le ministre de la San­té fran­çais Oli­vier Véran avait assu­ré le 22 décembre 2020 qu’être vac­ci­né contre la Covid-19 ne serait pas une condi­tion sine qua non « pour prendre les trans­ports en com­mun » ou pour d’autres acti­vi­tés auto­ri­sées dans ce contexte de crise sani­taire. Dans une inter­view accor­dée à l’Express, Carine Milcent, cher­cheuse CNRS au labo­ra­toire Paris Jour­dan Sciences Éco­no­miques avait expri­mé qu’«un pas­se­port d’immunité ren­drait, de fait, le vac­cin qua­si-obli­ga­toire ».

Le conseil euro­péen de ce jeu­di 21 jan­vier 2021 devrait abou­tir à la mise en place de mesures com­munes afin de limi­ter les consé­quences éco­no­miques et humaines d’une troi­sième vague de la Covid-19. En amont, la Com­mis­sion euro­péenne a déjà pré­vu la vac­ci­na­tion de 70% des adultes vac­ci­nés d’ici l’été 2021. Mais les retards de livrai­son des doses vac­ci­nales en Europe annon­cés par les labo­ra­toires Pfi­zer et Astra­ze­ne­ca pour­raient com­pro­mettre cet objec­tif.