Fin janvier 2021, le Parlement portugais s’est prononcé en faveur de la “mort médicalement assistée”. Le Portugal devient le 4e pays européen à légaliser l’euthanasie, après les Pays-Bas, le Luxembourg et la Belgique.

Mar­ce­lo Rebe­lo de Sou­sa, pré­sident de la Répu­blique et catho­lique pra­ti­quant, a huit jours pour pro­mul­guer la loi à comp­ter du 29 jan­vier. Dis­cret pen­dant les débats au Par­le­ment, il peut éga­le­ment por­ter la loi devant la cour consti­tu­tion­nelle ou bien exer­cer son droit de véto.

Euthanasie sur demande pour le Portugal

Le 20 février 2020, cinq textes de loi concer­nant l’eu­tha­na­sie avaient été approu­vés en pre­mière lec­ture. Ils ont été réunis en une seule loi votée ce ven­dre­di 29 jan­vier à une large majo­ri­té, à 136 voix pour, 78 contre et 4 absen­tions. La loi était por­tée par l’op­po­si­tion, le Par­ti Socia­liste (PS) et le Par­ti Socia­liste Démo­crate (PSD). Ces der­niers avaient lais­sé la liber­té de vote à leurs parlementaires.

Ce texte per­met désor­mais le “sui­cide assis­té” aux rési­dents du Por­tu­gal de plus de 18 ans, “en situa­tion de souf­france extrême”, ayant des “lésions d’une extrême gra­vi­té” ou souf­frant de “mala­die incu­rable”. La déci­sion devra tou­te­fois être vali­dée par un comi­té d’au moins deux méde­cins, pour des per­sonnes n’ayant pas de pro­blème psy­chia­trique. L’acte pour­ra être pra­ti­qué aus­si bien dans les hôpi­taux que dans les cli­niques privées.

Euthanasie : un manque de moyen pour les soins palliatifs

Un son­dage de 2018 montre pour­tant que la grande majo­ri­té des Por­tu­gais refusent l’eu­tha­na­sie. Seuls 7% des son­dés, selon une enquête effec­tuée par l’Instituto de Mar­ke­ting Research (IMR), y sont favo­rables. Il n’en demeure pas moins que la majo­ri­té, à 89%, se pro­nonce en faveur du déve­lop­pe­ment des soins pal­lia­tifs et l’ac­com­pa­gne­ment du malade en cas de mala­die grave. Par ailleurs, il existe un véri­table manque de moyens pour le déve­lop­pe­ment des soins pal­lia­tifs. 70% des per­sonnes qui pour­raient les deman­der n’y ont pas accès.

L’eu­tha­na­sie est loin d’être un sujet apai­sé au sein de la socié­té. En octobre 2020, le Par­le­ment por­tu­gais a refu­sé un pro­jet de réfé­ren­dum, suite à une péti­tion lan­cée par la Fédé­ra­tion pour la vie. Pour José Maria Sea­bra Duque, un des res­pon­sables de cette orga­ni­sa­tion,  le rôle de l’E­tat, en par­ti­cu­lier dans un contexte sani­taire ten­du, est de prendre soin, non pas de tuer. L’é­pis­co­pat por­tu­gais, s’il s’est fait dis­cret sur son oppo­si­tion à la loi, espère “que la loi ne sera pas approu­vée”, selon le père Manuel Bar­bo­sa, porte-parole de la confé­rence épis­co­pale portugaise.

Le contexte sani­taire actuel pour­rait pour­tant pous­ser les gou­ver­ne­ments euro­péens à pro­té­ger la vie des plus faibles en prô­nant les soins pal­lia­tifs comme alter­na­tive. Il n’en est rien. En effet, le Sénat espa­gnol devrait se pro­non­cer éga­le­ment d’i­ci fin mars sur un pro­jet de loi sur la fin de vie.