Entre 2019 et 2020, le produit intérieur brut (PIB) a enregistré une chute vertigineuse de 8,3%, selon les chiffres de l’Insee du vendredi 29 janvier. Du jamais vu depuis la création de l’institut de la statistique en 1946. De plus, confiner puis protéger les emplois « quoi qu’il en coûte » a reporté le problème sur le déficit et l’endettement.

Le « quoi qu’il en coûte » d’Em­ma­nuel Macron finit par coû­ter cher à l’économie fran­çaise. Lors de ses vœux de la Saint-Syl­vestre, le pré­sident défen­dait encore son leit­mo­tiv : « Ce ‘’quoi qu’il en coûte”, je l’as­sume car il a per­mis de sau­ver des vies et de pro­té­ger des emplois ». Mais, pour­sui­vait le pré­sident, « il nous fau­dra bâtir ensemble des réponses qui per­met­tront de ne pas en faire un far­deau pour les géné­ra­tions futures ».

« Il nous fau­dra bâtir ensemble des réponses », une for­mule floue qui nous laisse per­plexes, alors que le « far­deau pour les géné­ra­tions futures » est déjà bien une réalité.

Chute record du PIB français

Sous le coup de l’é­pi­dé­mie de Covid-19, l’é­co­no­mie fran­çaise subit une réces­sion mas­sive en 2020. Le PIB chute de 8,3% par rap­port à 2019, selon une pre­mière esti­ma­tion publiée ven­dre­di 29 jan­vier par l’In­see. Un effon­dre­ment inédit depuis la Seconde Guerre mondiale.

L’année 2020 souffre d’une hausse de 4,5% du nombre de chô­meurs de caté­go­ries A, B et C, selon le bilan publié ce mer­cre­di 27 jan­vier par la DARES (Direc­tion de l’A­ni­ma­tion de la recherche, des Études et des Sta­tis­tiques) du minis­tère du Tra­vail. On compte ain­si actuel­le­ment plus de 6 mil­lions deman­deurs d’emploi.

La baisse du chômage au dernier trimestre 2020 en trompe‑l’œil

La légère embel­lie du qua­trième tri­mestre 2020, avec une dimi­nu­tion de 1,3% d’inscrits à Pôle emploi dans les caté­go­ries A, B et C, est nuan­cée par l’importance des aides de l’État. Au mois de décembre 2020, 2,4 mil­lions de Fran­çais étaient en acti­vi­té par­tielle. Sur toute l’année, la prise en charge du chô­mage par­tiel a coû­té 31 mil­liards d’eu­ros à l’État.

Sous forme de PGE (prêts garan­tis par l’É­tat), les banques ont prê­té 132 mil­liards d’euros à plus de 642 000 entre­prises depuis le début de la crise sani­taire. Le patron de Bpi­france, Nico­las Dufourcq, estime que 4 à 7% des PGE pour­raient ne pas être rem­bour­sés, soit entre 5 et 9 mil­liards d’eu­ros de pertes pos­sibles pour l’État.

Les entre­prises touchent une aide pour tout jeune embau­ché en appren­tis­sage entre juillet 2020 et mars 2021 (5000 euros pour les mineurs et 8000 euros pour les majeurs). En 2020, 440 000 contrats d’apprentissage ont ain­si été signés, 27% de plus qu’en 2019, « un record his­to­rique et ines­pé­ré dans le contexte », selon la ministre du Tra­vail.

Bientôt la fin du « quoi qu’il en coûte » ?

Eli­sa­beth Borne assu­rait ce mar­di 26 jan­vier sur RTL que pour main­te­nir l’emploi, « le ‘’quoi qu’il en coûte’’ dure­ra aus­si long­temps que néces­saire ». Le ministre délé­gué des Comptes publics, Oli­vier Dus­sopt, sou­haite quant à lui en finir. « Si 2021 mar­que­ra la fin de la pan­dé­mie et de la crise comme tout le monde l’es­père, il faut aus­si que 2021 marque la fin du “quoi qu’il en coûte” », confiait-il dans une inter­view aux Échos, le 20 jan­vier.

En 2020, la France a emprun­té un mon­tant record de 260 mil­liards d’eu­ros à moyen et long terme, en rai­son des géné­reux pro­grammes de sou­tien à l’é­co­no­mie et des emprunts à taux néga­tifs. Le défi­cit du bud­get de l’État a qua­si­ment dou­blé pour atteindre 178 mil­liards d’eu­ros (93 mil­liards en 2019), encore un triste record historique.

Une dis­tri­bu­tion aus­si géné­reuse d’aides publiques, sous cou­vert de pro­té­ger l’emploi, semble alors s’ins­crire dans la plus simple démarche élec­to­ra­liste. A quinze mois de la pré­si­den­tielle, Emma­nuel Macron prend le pari de dépen­ser sans comp­ter pour sau­ver la face, et peut-être faire oublier la mau­vaise ges­tion de l’é­pi­dé­mie de Covid-19. Cepen­dant la France ne peut pas vivre indé­fi­ni­ment au-des­sus de ses moyens, ou sinon la crise sani­taire se trans­for­me­ra bien vite en apo­ca­lypse économique…