Le 18 juin, le candidat ultra-conservateur, Ebrahim Raïssi a été élu avec 62% des suffrages dès le premier tour de l’élection présidentielle iranienne. Mais ce score élevé masque une abstention très forte.

Jamais une cam­pagne pré­si­den­tielle n’aura sus­ci­té aus­si peu d’intérêts chez les Ira­niens. Jamais depuis l’instauration de la Répu­blique isla­mique d’Iran en 1979, le pays s’était éloi­gné aus­si loin des bureaux de votes. Same­di 19 juin, dans la mati­née, les résul­tats de l’élection pré­si­den­tielle ont été annon­cées : Ebra­him Raïs­si sort vain­queur dès le pre­mier tour avec 62 % des suf­frages expri­més. 

Mais, c’est une vic­toire à la Pyr­rhus pour le nou­veau chef du gou­ver­ne­ment ira­nien. Selon les résul­tats, 52% des votants ne se sont pas dépla­cés aux urnes lors de cette élec­tion pré­si­den­tielle. Cette abs­ten­tion record trouve sa source dans le sys­tème élec­to­ral ira­nien. 

Dans la répu­blique des Mol­lahs, les can­di­dats ne sont pas libres de se pré­sen­ter libre­ment. Chaque citoyen qui sou­haite bri­guer le man­dat pré­si­den­tiel doit être approu­vé par le Conseil des Gar­diens. Cette ins­ti­tu­tion ras­semble douze imams sous l’autorité du Guide Suprême. Elle veille à la bonne appli­ca­tion d’un islam rigo­riste mais aus­si au main­tien de la théo­cra­tie dans le pays . 

Ebrahim Raïssi, un candidat ultra-conservateur 

En 2021, le Conseil des Gar­diens a déci­dé d’approuver uni­que­ment des can­di­dats ultra-conser­va­teurs pour l’élection pré­si­den­tielle qui se tenait le 18 juin. For­te­ment sou­te­nu par les mol­lahs, Ebra­him Raïs­si était en bonne posi­tion pour gagner l’élection. 

L’homme de 60 ans s’est appli­qué durant toute la cam­pagne à lis­ser son image. Déjà can­di­dat en 2017, il vili­pen­dait l’accord sur le nucléaire ira­nien et appe­lait à sa trans­gres­sion. Cette année, qua­si­ment assu­ré de rem­por­ter le scru­tin, il a tenu un dis­cours plus nuan­cé pour ras­su­rer les pays occi­den­taux. Il a affir­mé lors d’une inter­ven­tion télé­vi­sée : « Nous consi­dé­rons l’accord comme un contrat que le Guide suprême a vali­dé et nous nous enga­geons à la respecter. »

Mais le nou­veau pré­sident ira­nien reste un farouche conser­va­teur et un bon connais­seur des rouages de l’administration. Il com­mence sa car­rière en 1980 dans le sys­tème judi­ciaire isla­mique, mis en place en Iran après la chute du Chah. En 2004, il est nom­mé pro­cu­reur adjoint d’Iran, un très haut poste dans le sys­tème judi­ciaire ira­nien. Toute sa car­rière, il joue « une rôle impor­tant dans presque tous les grands dos­siers de vio­la­tion des droits humains depuis la révo­lu­tion isla­mique en 1979 », note Mad­jid Zer­rou­ky, le cor­res­pon­dant du Monde à Téhé­ran. 

Toute sa vie il reste proche du père de la Révo­lu­tion : l’ayatollah Kho­mei­ni mais aus­si de son suc­ces­seur Ali Kha­me­nei. Des liens pri­vi­lé­giés avec les auto­ri­tés reli­gieuses qui sont essen­tielles pour réus­sir un par­cours poli­tique en Iran.