En partenariat avec CNews et Les Échos, Le Grand Rendez-vous recevait dimanche 20 juin le philosophe Michel Onfray pour une heure d’entretien. L’occasion pour le philosophe de réagir à l’actualité alors que parait chez Robert Laffont son dernier livre La Nef des fous.
Cette semaine, les élèves de terminale planchaient sur leur épreuve de philosophie dont l’un des sujets était « Discuter, est-ce renoncer à la violence ? ». En réaction à l’actualité marquée notamment par la montée des violences juvéniles et à ce sujet du baccalauréat, Michel Onfray rappelle alors qu’ « il y a de la violence aujourd’hui parce qu’il n’y a plus d’éducation. Il n’y a plus de référence par exemple. Comment voulez-vous discuter avec quelqu’un qui vous dit que Pasteur est un inventeur de fakenews, c’est difficile ». Le philosophe attribue ainsi la montée des violences physiques et symboliques dans notre société à l’absence d’un « socle commun et de références communes ».
Le chef de l’État revient d’une tournée en Dordogne, dans la Drôme et dans la Somme pour aller à la rencontre des Français. Mais pour le directeur de la rédaction de Front Populaire, c’est « problématique qu’un chef de l’État soit obligé de faire une tournée médiatique pour savoir ce que pense le peuple français. Théoriquement quand vous vous présentez devant les suffrages du peuple vous savez ce qu’est le peuple, vous connaissez sa longue histoire, vous savez ce qu’est le peuple français ». Il continue en affirmant que « quand vous parlez tout le temps, vous ne parlez jamais. Quand vous sortez tout le temps, vous ne sortez jamais ». Michel Onfray conseille donc au Président de sortir uniquement « lorsqu’il a quelque chose à dire ».
Durant cette tournée en province, en visite dans une école primaire, le Président de la République annonçait que la lecture allait devenir grande cause nationale. Cette annonce va de pair avec la mise en place d’un pass culture à hauteur de 300 euros pour les jeunes de 18 ans. Pour Michel Onfray, tout ceci est totalement paradoxal : « On a un Président qui nous qu’il n’y a pas de culture française. Et après, ce même Président donne un pass culturel aux jeunes pour acheter des mangas. Si vous voulez faire de la lecture une grande cause nationale alors vous donnez de l’argent aux jeunes, non pas pour acheter des mangas, mais pour acheter les classiques. Il faut permettre aux jeunes de lire Racine et Corneille par exemple ».
Alors que la gauche française, à l’instar de la gauche américaine, tend vers le wokisme [littéralement être éveillé, défense des minorités, ndlr], Michel Onfray défend une autre vision de la gauche, loin de la défense des minorités : « Ma gauche c’est celle de Proudhon qui dit le peuple au centre. Ce n’est pas ma gauche qui dit qu’il faut louer l’utérus des femmes. [Ma gauche] se soucie du peuple des gilets jaunes, des marins pécheurs qui s’opposent aux éoliennes et des travailleurs ». Cette définition politique de la gauche est l’occasion pour l’auteur de La raison gourmande de conclure sur ses positions sur l’Union européenne. « Souveraineté européenne est un oxymore. Je suis souverainiste. Je pense que chacun doit être souverain dans son pays. Israël dans son pays. La France dans son pays. »