La Cour suprême des Etats-Unis a révoqué l’arrêt Roe versus Wade qui autorisait l’avortement, laissant aux Etats le choix de l’interdire ou non. Les règles varient selon la législation de ces derniers.

Aux Etats-Unis, l’avortement était encore pos­sible à la 24ème semaine de gros­sesse jusqu’à ce ven­dre­di 24 juin. La Cour suprême, com­po­sée de neuf juges – dont trois nom­més à vie par Donald Trump – a voté à six voix contre trois l’abrogation de cet arrêt qui divise les Amé­ri­cains depuis 1973, date de son entrée en vigueur.

Au Texas, dénoncer une femme qui avorte est récompensé

Les sept états amé­ri­cains les plus conser­va­teurs ont déjà inter­dit l’IVG sur leur ter­ri­toire. Dans le cadre d’une légis­la­tion dite « trig­ger-law » (à déclen­cheur), leurs lois étaient prêtes à être appli­quées dès la déci­sion de la Cour suprême. Pour cer­tains Etats, comme l’Idaho, l’IVG reste pos­sible dans le cas de viol ou d’inceste, par­fois aus­si en cas de dan­ger pour la vie de la mère. Les peines dif­fèrent éga­le­ment : dans le Mis­sou­ri, la loi pré­voit 15 ans de pri­son. Au Texas, la déla­tion est encou­ra­gée par une prime… de 10 000 $.

Treize autres Etats devraient bien­tôt légi­fé­rer sur l’IVG en le sup­pri­mant ou en le restrei­gnant for­te­ment. Par­mi eux, cer­tains ne sont pour­tant pas spé­ci­fi­que­ment conser­va­teurs, comme le Wis­con­sin ou le Michi­gan. La ques­tion du délai de 24 semaines est notam­ment posée par un cer­tain nombre d’Américains qui sou­hai­te­raient le réduire.

Netflix promet 10 000 $ à ses salariées pour pouvoir avorter

A l’inverse, les Etats démo­crates ont pour leur part annon­cé qu’ils légi­fè­re­raient pour pro­té­ger le droit à l’avortement. Même les grandes entre­prises de la tech sont entrées dans la danse. Après Ama­zon qui a pro­mis 4000 $ par an à ses sala­riées pour leur per­mettre d’a­vor­ter, Net­flix a sur­en­ché­rit en annon­çant aller jusqu’à 10 000 $ de prise en charge.

Mais c’est dans les Etats où coha­bitent démo­crates (pro-choix) et répu­bli­cains (pro-vie) que la bataille sera la plus ardue. Chaque camp ten­te­ra de faire bas­cu­ler la ten­dance de son côté. Selon Oli­vier Piton, avo­cat en droit public aux Etats-Unis et élu à l’Assemblée des Fran­çais de l’étranger, « nous assis­te­rons à un nou­vel épi­sode de la « guerre de séces­sion » lar­vée qui déchire le pays depuis des années. »

LREM pour inscrire l’avortement dans la Constitution… après l’avoir rejeté en 2018

À titre de com­pa­rai­son, la France qui auto­rise l’avortement depuis 1975, en avait allon­gé le délai à dix, douze et enfin qua­torze semaines en mars der­nier. La déci­sion de la Cour suprême amé­ri­caine a immé­dia­te­ment fait réagir Aurore Ber­gé, pré­si­dente du groupe Renais­sance (ex LREM) à l’Assemblée. Same­di 25 juin, elle publié le pro­jet de loi consti­tu­tion­nel ins­cri­vant le droit à l’avortement dans la Consti­tu­tion sur les réseaux sociaux. Les débats com­men­ce­ront lun­di 27 juin à l’Assemblée nationale.