Sans énorme surprise, Yaël Braun-Pivet devrait accéder mardi 28 juin à la présidence de l’Assemblée nationale. Une première pour une femme qui ignorait encore tout ou presque de la politique en 2017.

C’est l’histoire d’une femme pres­sée. Moins de cinq ans après son entrée en poli­tique, Yaël Braun-Pivet devrait deve­nir le qua­trième per­son­nage de l’État. Un par­cours très rapide sans équi­valent pour cette jeune femme politique.

Yaël Braun-Pivet élue députée en 2017

Ayant adhé­ré à En marche ! à l’automne 2016, Yaël Braun-Pivet s’inscrit en ligne comme can­di­date aux légis­la­tives pour la majo­ri­té pré­si­den­tielle. Sans sou­tien par­ti­cu­lier ni véri­table expé­rience en poli­tique, sa can­di­da­ture est rete­nue. Une pre­mière sur­prise pour cette avo­cate née à Nan­cy. Quelques semaines plus tard, Yaël Braun-Pivet devient faci­le­ment dépu­tée de la 5ème cir­cons­crip­tion des Yve­lines, en devan­çant le dépu­té sor­tant Jacques Myard.

Cette débu­tante en poli­tique ne veut pas en res­ter là. À peine ins­tal­lée au Palais-Bour­bon, elle brigue la pré­si­dence de la com­mis­sion des Lois, une des huit com­mis­sions per­ma­nentes de l’Assemblée natio­nale. Loin d’être favo­rite, elle par­vient à la tête de cette com­mis­sion pro­mise à un dépu­té d’expérience. Un véri­table exploit pour cette avo­cate de for­ma­tion. Jamais dans l’histoire de la Vème Répu­blique, un nou­vel élu n’avait obte­nu la pré­si­dence de la com­mis­sion des Lois.

Des débuts difficiles à l’Assemblée nationale

Moquée, sou­vent mal­adroite, Yaël Braun-Pivet subit de lourdes cri­tiques à ses débuts dans l’hémicycle. Mais cette mère de cinq enfants n’a pas l’ha­bi­tude de se décou­ra­ger. Elle prend pro­gres­si­ve­ment ses marques au Palais-Bour­bon. Ses prises de posi­tion tran­chées sur cer­tains sujets sont même saluées. On loue alors sa capa­ci­té à s’écarter des pro­po­si­tions de la majo­ri­té pré­si­den­tielle, son propre camp. La dépu­tée des Yve­lines est notam­ment à la manœuvre avec l’opposition pour exemp­ter les 12–15 ans de passe vac­ci­nal. Une nou­velle preuve de sa force de carac­tère et de sa volon­té de défendre ses convic­tions jusqu’au bout.

De nature plu­tôt indé­pen­dante et très ambi­tieuse, la jeune dépu­tée se porte can­di­date à la pré­si­dence de l’Assemblée natio­nale en sep­tembre 2018. Au risque de perdre sa fonc­tion de pré­si­dente de la com­mis­sion des lois, elle doit se reti­rer et sou­tient la can­di­da­ture de Richard Fer­rand, fina­le­ment élu. Son heure n’avait pas encore sonné.

Ministre des Outre-mer en 2022

Après la réélec­tion d’Emmanuel Macron à la pré­si­dence de la Répu­blique, Yaël Braun-Pivet est pro­mue. Elle devient ministre des Outre-mer sous le gou­ver­ne­ment Borne en mai 2022. Une récom­pense pour cette femme ayant vécu loin de la France pen­dant presque dix ans. Mariée à un cadre de L’O­réal, la jeune avo­cate avait quit­té son cabi­net de Neuilly-sur-Seine en 2003 pour suivre son époux expa­trié. Après plu­sieurs années pas­sées en Asie, à Tai­wan et au Japon, le couple a vécu au Por­tu­gal avant de reve­nir au Vési­net, dans la ban­lieue ouest très chic de la capi­tale, en 2012.

Loin de délais­ser à nou­veau les Yve­lines, elle se repré­sente dans la 5ème cir­cons­crip­tion aux légis­la­tives en juin 2022. Réélue avec près de 65% des voix, elle ne cache pas sa volon­té de deve­nir pré­si­dente de l’Assemblée natio­nale, suite à la défaite élec­to­rale de Richard Fer­rand. Le 20 juin 2022, elle est inves­tie can­di­date de la majo­ri­té pré­si­den­tielle face à Roland Lescure.

En route pour mon­ter au per­choir, elle quitte son minis­tère comme le sti­pule le Jour­nal Offi­ciel du dimanche 26 juin : « Il est mis fin aux fonc­tions de Madame Yaël Braun-Pivet ». Tout laisse à pen­ser que la désor­mais ex-ministre des Outre-mer accé­de­ra à la pré­si­dence de l’Assemblée natio­nale mar­di 28 juin.

Natha­naël Lamouret