La fashion week s’est achevée fin septembre. Elle permet d’éviter les faux pas vestimentaires cet hiver. Les catwalks sont traversés par des influences diverses : guerre en Ukraine, partir au vert, indigénisme. Pour les créateurs, s’habiller ne semble plus relever uniquement de l’esthétisme.
« Je trouve comique que vous pensiez que ce pull vous exempte du fabuleux monde de la mode alors qu’en fait il a été créé spécialement pour vous ». Qui ne connait pas cette réplique cinglante de Miranda Priestly dans le Diable s’habille en Prada ? S’habiller n’a rien d’anodin car le vêtement est le reflet des courants sociaux et politiques contemporains. Et cet hiver, la femme Dior martèlera le pavé avec une version féminine de la ranger, reflet de l’atmosphère belliqueuse qui vient d’Ukraine. La guerre a atteint les catwalks, les mannequins portent des imprimés militaires, une déclinaison de vestes de treillis, des souliers cloutés. Pour contraster on les associera à des pyjamas stylisés, des matières « sweat » invitant au télétravail et au Netflix and chill, reliquats des années confinement. La santiag, qui a fait une discrète apparition l’année dernière, est aujourd’hui mise à l’honneur : la citadine veut quitter les vapeurs polluées et la ville goudronnée, elle se rêve courant dans un ranch texan. Une ambiance Petite maison dans la prairie qui correspond à ses aspirations écologiques. Chez Valentino la dimension politique est plus assumée, le défilé de Pier Paulo Piccioli débute par des looks de la même couleur que la peau des mannequins. Le directeur artistique prône ainsi ouvertement la diversité au sein de son défilé et se drape dans le politiquement correct. La couleur de peau est un étendard politique.
Le vêtement devient un enjeu politique
Déjà au Moyen-Âge, l’apparence était le reflet d’une éducation et d’un rang social : les plus aisés portaient des parures colorés et en bas de l’échelle sociale les vêtements étaient sombres, la teinture était un signe de richesse. Cependant, il semble qu’avec l’apparition du mouvement féministe et la volonté de s’émanciper des règles dans les années 60, une touche politique voire polémique s’est peu à peu invitée dans le processus de création des vêtements. Celui-ci n’est plus seulement un marqueur social, il devient un signe d’appartenance à un courant de pensée, de préférence féministe, écologique et indigéniste.
Avec un pull banal, les maisons de couture nous rendent responsables du message que nous portons. Prenez gare à vos fripes cet hiver car il semblerait qu’avoir le style de ses idées n’est pas qu’une expression mais bien une réalité.