Dans une interview donnée au journal Les Echos, Pap Ndiaye a annoncé dimanche le « retour » des mathématiques dans le tronc commun obligatoire pour l’année prochaine au lycée. Cette décision survient quatre ans après la réforme initiale de Jean-Michel Blanquer.
En 2019, François-Xavier Bellamy jugeait la réforme du lycée « à contresens de ce qui est nécessaire ». Trois ans après, les critiques ne baissent pas : spécialisation précoce, programmes trop chargés, inégalités croissantes entres les établissements… sans même parler de la place des mathématiques, rendus facultatives dès la classe de première, proposées uniquement dans le cadre d’un enseignement de spécialité d’un niveau très élevé. Cette absence de juste milieu empêche certains profils de continuer cette matière à petite ou moyenne dose, et crée d’importantes disparités dans les groupes. Le ministère se défend alors en détaillant une nouvelle matière de tronc commun. L’« enseignement scientifique » est une sorte de fourre-tout allant de la physique chimie à la biologie et qui n’a rien d’équivalent à des mathématiques. Dans une vidéo avec Cédric Villani, le ministre explique que les maths sont mises à l’honneur dans ce nouveau bac général.
Une justification rapidement rattrapée par les faits
En 2022, premier retour de veste : Emmanuel Macron lui-même annonce la création d’une option mathématique pour la classe de première, à raison d’une heure et demie par semaine. Elle est construite sur le modèle de l’option « mathématiques complémentaires » déjà proposée en terminale, qui était trop légère pour être considérée par les écoles du supérieur, mais trop exigeante pour être prise par des élèves n’ayant pas suivi la spécialité mathématiques en première. Comme son aînée, cette nouvelle option est un nouvel échec. Et il est même fortement déconseillé dans les faits aux élèves l’ayant choisie de poursuivre les maths en terminale avec l’option math complémentaires, prises par des profils plus avancés dans la matière qui auront tous un niveau bien supérieur. Conséquence : encore 40% des lycéens ne font plus de maths dès la première.
Une erreur qui a trop duré
Avec Pap Ndiaye, l’ère Blanquer prend un coup d’arrêt par ce virage à 360° : il y aura finalement un minimum de mathématiques obligatoires en première et en terminale, après que trois générations de bacheliers ont pâti d’une réforme trop complexe. Mais ne nous faisons pas d’illusions : l’actuel locataire de la rue de Grenelle réussit à justifier ce choix pour « l’égalité filles-garçons ». Il inscrit ainsi sa stratégie dans son projet de faire de 2023 « une année de promotion des mathématiques », pour « réconcilier tous les élèves » avec la matière et parvenir à la parité dans les spécialités scientifiques en 2027. « Tu es forte en français ? Fais des maths plutôt, ça fait mieux ». L’injonction ne suffira sans doute pas à freiner un niveau en chute libre.