Edson Arantes do Nascimento, alias « le roi Pelé », est mort à l’âge de 82 ans. Une légende du football née d’un désir de revanche.

La car­rière du jeune Pelé com­mence par le drame de la finale per­due le 16 juillet 1950. Fina­liste du mon­dial, le Bré­sil s’incline 2 buts à 1 face à l’Uruguay, ce qui pro­voque des sui­cides et des infarc­tus jusque dans le stade du Mara­ca­na. Pelé voyant son père en pleurs lui pro­met de lui rame­ner une Coupe du monde. C’est ce qu’il fait 8 ans plus tard.

Un début de règne prématuré : 

Régner sur la pla­nète foot­ball est chose excep­tion­nelle, mais il l’est d’autant plus lorsque le règne débute tôt. Pelé n’obéit pas à la règle, il créer la règle. Il signe comme pro­fes­sion­nel à Sao Pao­lo, dans son club de San­tos, à l’âge de 15 ans et marque son pre­mier but dès son pre­mier match. Il est appe­lé sous les cou­leurs de la « Sele­ção » en 1957 et par­ti­cipe à la Coupe du monde seule­ment 2 ans après le début de sa carrière.

Est-il vrai­ment néces­saire de rap­pe­ler qu’il n’est pas habi­tuel qu’un jeune homme de 17 ans par­ti­cipe à une Coupe du monde ? Pour­tant, la sur­prise Pelé ne s’arrête pas à une simple par­ti­ci­pa­tion. Son deuxième exploit est d’être le plus jeune joueur à mar­quer dans cette com­pé­ti­tion. Troi­sième exploit ? Ins­crire un tri­plé contre la France en demi-finale. Qua­trième exploit : mar­quer un but encore consi­dé­ré comme l’un des plus beaux de la com­pé­ti­tion. Cin­quième et der­nier exploit : tenir la pro­messe faite 8 ans plus tôt à son père de rame­ner la pre­mière étoile au Brésil.

Pelé enchaîne les suc­cès, il rem­porte le cham­pion­nat avec Sao Pao­lo en 1959, 1960 et 1961 et s’offre régu­liè­re­ment le luxe d’être meilleur buteur de la compétition.

Désor­mais la star Pelé ne s’ar­rête plus de briller sur le monde du football.

Un tré­sor non exportable

La consi­dé­ra­tion selon laquelle Pelé est le meilleur joueur de l’his­toire de ce sport n’est pas une construc­tion faite a pos­te­rio­ri. Dès les années 60, les « Saints » de Sao Pao­lo, comme des rocks­tars, vont effec­tuer des tour­nées en Europe pour que les habi­tants du Vieux conti­nent puissent voir jouer le pro­dige. Les grandes écu­ries euro­péennes (le Real Madrid, l’AC Milan, Man­ches­ter Uni­ted) veulent s’offrir le roi bré­si­lien, mais le gou­ver­ne­ment de l’époque refuse que ce joyau s’envole et le déclare « tré­sor natio­nal non exportable ».

En 1962, le Chi­li accueille la Coupe du monde, mais le 2 juin face à la Tché­co­slo­va­quie l’astre Pelé se blesse. Cela n’empêche pas la Sele­ção emme­née par le superbe Gar­rin­cha de rem­por­ter la com­pé­ti­tion, don­nant à Pelé une seconde coupe du monde… à 22 ans.

Les détrac­teurs de l’attaquant bré­si­lien uti­lisent sou­vent l’argument qu’il n’a jamais joué dans un autre cham­pion­nat que celui du Bré­sil, consi­dé­ré comme un cham­pion­nat moins impor­tant que ses équi­va­lents euro­péens. Pour­tant en 1962 il rem­porte la Copa Liber­ta­dores, l’équivalent sud-amé­ri­cain de la Ligue des Cham­pions euro­péenne. Accé­dant à la coupe inter­con­ti­nen­tale, il affron­te­ra le Ben­fi­ca Lis­bonne d’Eusébio. Au match aller, San­tos rem­porte le match 3 buts à 2, avec un dou­blé de Pelé, au match retour les Bré­si­liens signent une vic­toire écra­sante 5–2, avec un tri­plé de la super­star. Fai­sant défi­ni­ti­ve­ment taire ses détrac­teurs. L’année sui­vante, San­tos rem­porte une nou­velle fois la Copa Liber­ta­dores, ce qui amène les Bré­si­liens à affron­ter le grand AC Milan. Au bout de deux matchs nuls, le match déci­sif est rem­por­té par Pelé et ses coéquipiers.

En 1966 : nou­velle Coupe du monde. Pelé n’a que 25 ans et il sera la cible de tacles assas­sins de la part de ses adver­saires. Dans l’impossibilité de déve­lop­per son jeu, Pelé sort, bles­sé, et l’équipe natio­nale du Bré­sil est éli­mi­née dès les phases de poule.

Mal­gré tout, Pelé revient rapi­de­ment sur les ter­rains, recom­mence et fait ce qu’il sait faire de mieux : gagner des tro­phées et par­tir en tour­née mon­diale. Le 19 novembre 1969, il marque son 1000e but toutes com­pé­ti­tions confon­dues au Mara­ca­na. En 1970, se pro­file sa revanche, une Coupe du monde au Mexique. Favo­rite de la com­pé­ti­tion, la sélec­tion bré­si­lienne et Pelé, mieux pro­té­gés par le corps arbi­tral, rem­porte sa troi­sième coupe du monde. Il devient le joueur ayant gagné le plus sou­vent la pres­ti­gieuse com­pé­ti­tion. Une année plus tard, il prend sa retraite inter­na­tio­nale sous l’ovation du mythique Mara­ca­na, avant de se reti­rer défi­ni­ti­ve­ment du foot­ball en 1974. Seul des sou­cis d’argent le pous­se­ront à sor­tir de sa retraite et à signer un contrat colos­sal avec le Cos­mos de New York jus­qu’en 1977.

Le soleil se couche pour toujours 

Si le roi a tel­le­ment mar­qué son pas­sage sur terre, ce n’est pas uni­que­ment à cause de sa car­rière sans pareil sur les pelouses. Pelé, en dehors des ter­rains, était la pre­mière véri­table star du foot­ball. Ministre des sports au Bré­sil, ambas­sa­deur des Nations-Unies, vedette de ciné­ma à Hol­ly­wood, ont tout autant par­ti­ci­pé que ses buts mémo­rables à la construc­tion du mythe.

Il serait trop long et fas­ti­dieux ici de détailler tous les gestes tech­niques qu’il a créés, le nombre de buts qui sont res­tés dans les annales et les tro­phées qu’il a gagnés pen­dant ses 22 ans de car­rière. Le monde du foot­ball se rap­pel­le­ra cette star du bal­lon qui rejoin­dra le ciel pour briller encore plus que sur les terrains.