Le prix du gaz est à son plus bas niveau depuis le début de la guerre en Ukraine. Celui de l’électricité a suivi la même pente descendante, il est passé de 700 euros le mégawattheure (MWh) pendant l’été 2022 à moins de 140 euros en janvier.

La baisse des prix du gaz et de l’électricité ne se réper­cute pas tout de suite sur les ménages et les entre­prises. Mais la baisse sur­pre­nante des prix de l’énergie ras­sure néan­moins ceux qui s’attendaient à subir des prix très éle­vés tout l’hiver.

La demande d’énergie est en baisse

Comme espé­ré, la consom­ma­tion d’énergie a dimi­nué en France. La dou­ceur des tem­pé­ra­tures a per­mis d’éviter les pires scé­na­rios. Les injonc­tions répé­tées à la sobrié­té ont peut-être aus­si eu leur effi­ca­ci­té. La consom­ma­tion cumu­lée d’électricité et de gaz natu­rel en France est infé­rieure de 11,4% à celle de l’hiver 2018–2019, qui avait été chaud. La chute des prix reflète la clé­mence de l’hi­ver et les efforts des consom­ma­teurs. Mais elle pour­rait aus­si aler­ter sur la dimi­nu­tion de l’activité  dans une Europe secouée par la crise. De plus, les pré­vi­sions pour la suite de l’hiver res­tent pru­dentes, le retour du froid pour­rait faire grim­per les prix à nouveau.

Des réserves de gaz suffisantes pour finir l’hiver

La France a des capa­ci­tés de sto­ckage du gaz équi­va­lentes à un peu moins du tiers de sa consom­ma­tion annuelle. Cette année, les sites de sto­ckage ont été rem­plis à 99%, ce qui repré­sen­tait les deux tiers de la consom­ma­tion hiver­nale des PME et des ménages selon la Com­mis­sion de Régu­la­tion de l’Énergie. Si les tem­pé­ra­tures venaient à des­cendre d’ici la fin de l’hiver, les risques de ten­sions d’approvisionnement  sont donc limi­tés. Concer­nant l’électricité, les inquié­tudes étaient fortes au début de l’hiver. L’arrêt de 30 réac­teurs sur 56, les ten­sions sur le mar­ché de l’énergie, la fer­me­ture de cen­trales au fuel et au char­bon com­pro­met­taient la sécu­ri­té de l’approvisionnement. Mais le signal Éco­watt est res­té dans le vert et les Fran­çais n’ont pas eu à subir de cou­pures d’électricité.

La crise énergétique reste une réalité pour les entreprises et les ménages

Ces baisses de prix concernent les mar­chés de gros et non la vente aux par­ti­cu­liers. Les four­nis­seurs d’énergie natio­naux s’alimentent sur ces mar­chés. Puis la vente au par­ti­cu­lier s’effectue sou­vent selon des tarifs régle­men­tés, qui ne fluc­tuent pas au gré du mar­ché mais sont fixés par l’État. La baisse des prix du gaz ne se réper­cute donc pas direc­te­ment sur les prix à la consom­ma­tion. Mais le bou­clier tari­faire aura per­mis que ces tarifs res­tent modé­rés. Les prix de l’électricité sont eux cal­cu­lés tous les ans, la baisse n’aura donc pas non plus d’effet immé­diat. Baisse des prix sur les mar­chés ou non, les petites et moyennes entre­prises subissent tou­jours dif­fi­ci­le­ment la crise. Les entre­prises de plus de 10 sala­riés ne peuvent béné­fi­cier des tarifs régle­men­tés de l’électricité, ce qui empire leur situa­tion et fait mon­ter la grogne.

D’autant que les épreuves ne sont pas ter­mi­nées. Selon Emma­nuelle War­gon, la pré­si­dente de la Com­mis­sion de régu­la­tion de l’éner­gie, « on a une belle pro­ba­bi­li­té que ça ne se passe fina­le­ment pas trop mal pour l’hi­ver 2022–23. Pour 2023–2024, c’est encore vrai­ment très incer­tain ».