Vous n’y connaissez rien en politique, mais sur Internet entre les émissions délirantes, les théories du complot, et les rediffusions d’émissions des médias traditionnels, vous ne savez par où commencer ? On vous guide en vous conseillant 5 émissions politiques disponibles sur YouTube.
A tout seigneur tout honneur : voyons en premier les émissions de gauche :
1‑Backseat
C’est l’un des plus importants talk-shows politiques produits par la « sphère internet ». Il est financé par les dons des auditeurs, donc totalement indépendant. Backseat est diffusé en direct tous les jeudis soir sur la chaîne Twitch de son animateur : Jean Massiet. Vous pourrez retrouver la rediffusion les jours qui suivent sur la chaîne YouTube Backseat.
L’intérêt de cette émission réside dans l’ambiance légère, la volonté de rendre accessible politique et dans la multiplicité de ses chroniques : en première partie, deux sujets d’actualité sont analysés par des chroniqueurs comme la féministe Léa Chamboncel et la journaliste au Journal du dimanche, Sasha Berckmann, ou le chroniqueur de chez Médiapart, Usul.
Vous pourrez aussi retrouver une personnalité de la scène politique interrogée sur l’actualité. Les invités peuvent aller de Phillipe Martinez (patron de la CGT) à Christophe Castaner, ex-locataire de la place Beauvau, en passant par d’anciens candidats à la présidentielle comme Philippe Poutou ou Christiane Taubira.
Enfin, vous pourrez retrouver de plus petites séquences de jeux ou d’humour qui marqueront une pause si la politique pèse trop.
2‑Ouvrez les guillemets
C’est le rendez-vous incontournable de l’éditorial de gauche sur la plateforme YouTube. « Ouvrez les guillemets » (OLG). Un lundi sur deux, l’ancien chroniqueur de jeux vidéo Usul sort une vidéo sur la chaîne de Médiapart. Accompagné de son collègue « Ostpolitik », il analyse l’actualité politique.
Bien qu’il s’attire souvent de vives critiques pour un ton méprisant à l’égard de ses adversaires, personne ne peut douter des qualités indéniables d’OLG : une rhétorique marxiste efficace, un sens de l’humour qui souvent fait mouche, des angles d’analyses originaux, mais surtout une volonté de la part des auteurs de faire de l’éducation populaire, entendez par là, de parler avec mots simple de concepts parfois complexes.
3‑Thinkerview
Un cygne noir pour logo, une ambiance très sobre, un arrière-fond plongé dans le noir, seul l’invité apparaît en couleur sur l’écran. Mais la voix de « Sky » l’animateur, vient casser cette apparente quiétude. Il s’agit bel et bien de la chaîne « Thinkerview », véritable pionnière en la matière, Thinkerview produit des entretiens fleuves de minimum 1 heure, de Jean-Luc Mélenchon à Eric Zemmour, mais, et c’est aussi une force de la chaîne, vous pourrez y retrouver des pointures scientifiques comme Étienne Klein ou Emma Haziza.
Attention tout de même : l’animateur n’a jamais promis d’être tendre avec ses invités, et ils le savent. C’est un reproche qui est souvent fait à Sky d’avoir des partis pris, et d’être assez virulent envers certaines personnalités. Il s’en défend en disant vouloir « secouer le pommier pour voir ce qui va en tomber ».
Si vous êtes fan d’Éric Zemmour ou de Laurent Obertone, vous risquez d’être irrité par un certain mépris envers eux. En revanche, l’équipe de Thinkerview porte une attention particulière à la préparation des entretiens et cela, allié à la personnalité disruptive de Sky, donne toujours de beaux moments.
Seul véritable bémol : les émissions ne sont pas régulières. Une centaine sont déjà disponibles sur leur chaîne YouTube.
4‑Infernet
Bienvenue sur les méandres d’internet avec l’émission : « Infernet » ! Diffusé sur la chaîne « Blast » et animé par une Pacôme Thiellement, « Infernet » part de faits divers survenus sur internet pour faire une analyse politique beaucoup plus large.
Vous n’êtes pas de la génération « Y » ? Vous craignez de ne pas avoir les références qui se trouveraient dans cette émission ? Ne vous faites aucun souci, Pacôme Thiellement, d’un ton à la fois monocorde et didactique, remet tout dans son contexte, ne laissant personne dans l’incompréhension.
La plus-value de cette émission réside dans l’analyse politique et sociologique des phénomènes de la toile. Ce qui paraître comme de simples faits divers sont décrits par Pacôme Thiellement comme des phénomènes politiques : est-ce que le « Mukbang » et son apôtre le plus connu : Nikoladoavocado (vidéo dans laquelle des personnes se mettent en scène en train de manger des quantités de nourriture délirante) n’est pas l’émanation d’un monde capitaliste et d’un individu atomisé ? De la même manière, les escroqueries sentimentales que produisent les « brouteurs » ivoiriens sur les différents réseaux sociaux ne sont-elles pas le résultat d’une histoire coloniale mal digérée, et d’une mafia aux dimensions internationales ? Bigre. Bon appétit.
Laissez-vous toutefois guider par Pacôme Thiellement dans les méandres d’Internet pour découvrir les ressorts de l’âme humaine.
5-Les portraits
Pour la seconde fois, on retrouve le duo de chroniqueurs Usul et Ostpolitik, mais cette fois-ci sur une nouvelle chaîne et avec un nouveau format de vidéo : Les portraits.
Dans cette série mensuelle, les vidéastes tentent de faire découvrir aux spectateurs des figures politiques de la Ve république. L’objectif de ces portraits est de comprendre notre actualité, et de voir en quoi elle est le résultat du passé. La candidature d’Éric Zemmour n’aurait pas pu se produire sans celle de Jean-Marie Le Pen, lanceur d’alerte sur l’immigration. De la même manière, on pourrait penser que Fabien Roussel et ses frasques sur la « bonne viande bien de chez nous » et sur les féministes feignantes sont une singularité du Parti communiste français. Sauf que la figure quelque peu réactionnaire de Georges Marchais nous fait comprendre que l’ADN du PCF n’est pas dans la gauche de Foucault ou de Derrida. Vu ?
Toujours sur le même ton que Ouvrez les guillemets, Usul et Ostopolitik font découvrir des figures originales avec un œil marxiste, certes, mais qui sait être critique de son propre camp, et, sans sectarisme, accepte de reconnaître les bienfaits de certains visages « d’en face » comme celui de l’abbé Pierre, par exemple.
Passons maintenant aux émissions politiques de droite :
Voilà, c’est fini.