Fêtée par l’Église catholique romaine en ce 21 octobre, Ste Céline de Laon se présente à nous telle un paradoxe. Portrait d’une femme éminemment classique au potentiel d’étendard woko-féministe.

Sans elle, la France n’aurait pas connu qua­torze siècles de pou­voir catho­lique. Elle est en effet la mère de St Rémi, évêque de Reims au Ve s., par qui Clo­vis fut bap­ti­sé. Née dans la noblesse et épouse d’Emilius, comte de Laon, cette femme de pou­voir était une aris­to­crate, fort pro­ba­ble­ment aisée. Sa foi catho­lique fer­vente et le fait que ses trois fils soient deve­nus prêtres com­plètent ce qui s’ap­pa­rente à la par­faite repré­sen­ta­tion d’un archaïsme que le new age se ferait une joie de dia­bo­li­ser. Sous le masque se cache pour­tant un modèle de femme au goût du jour en réso­nance avec les reven­di­ca­tions actuelles du féminisme.

               Un modèle féminin très actuel

Céline fut avant tout une pion­nière. Entre Anti­qui­té et Moyen-Âge, elle fit par­tie des pre­mières géné­ra­tions chré­tiennes de sa région. Sa posi­tion de com­tesse lui confé­ra un ascen­dant cultu­rel favo­rable à l’essor local de cette reli­gion nou­velle. Son his­toire per­son­nelle contri­bua aus­si à son influence, sa der­nière gros­sesse (pour saint Rémi) ayant été annon­cée pro­phé­ti­que­ment par un ermite –  non sans rap­pe­ler Sara dans l’Ancien Tes­ta­ment. Au-delà du seul point de vue des mœurs, les mères tar­dives ou conci­liant vie de famille et entre­pre­neu­riat sont à même de s’identifier à elle et à son cou­rage. Anti­thèse de la femme moderne dont l’émancipation se résume à celle du corps (avor­te­ment, PMA…) ou à une vie de soli­tude assu­mée, elle incarne la véri­table liber­té fémi­nine : une dévo­tion à l’autre pétrie de convic­tions, sans effa­ce­ment ni cli­vage. Puisse son modèle ins­pi­rer les pen­seurs contem­po­rains sur la juste place de la femme dans notre société.

▪ Coren­tin Rahier, le 21 oct. 2023