La poignée de main échangée mardi entre les dirigeants russe et hongrois lors du sommet sur les nouvelles routes de la soie inquiète le bloc occidental.

Le pre­mier ministre de la Hon­grie et le pré­sident Russe se sont ren­con­trés mar­di 17 octobre, dans le cadre du som­met « la cein­ture et la route » orga­ni­sé par la Chine. Un tel geste sym­bo­lise une entente qui effraie cer­tains. Dans un contexte de guerre en Ukraine, Orban se déso­li­da­rise de la réac­tion uni­voque euro­péenne et amé­ri­caine au grand dam de l’Otan. Inquiets de ce nou­vel écart de la Hon­grie vers l’est, les ambas­sa­deurs des Etats membres se sont réunis jeu­di 19 octobre pour rap­pe­ler Buda­pest à l’ordre. Le repré­sen­tant amé­ri­cain s’est dit pré­oc­cu­pé : « Nous sommes tous inquiets que le Pre­mier ministre hon­grois ait ren­con­tré le pré­sident Pou­tine alors que la Rus­sie mène une guerre d’agression contre l’Ukraine. » L’Union euro­péenne a qua­li­fié cette entre­vue de « très très désa­gréable » par la voix du Pre­mier ministre esto­nien Kaja Kal­las déplo­rant le refus hon­grois de s’aligner sur la poli­tique communautaire.

Une Europe centrale rebelle

Ce n’est pas la pre­mière fois que le conser­va­teur Vik­tor Orban s’éloigne de la ligne diplo­ma­tique occi­den­tale sur la guerre en Ukraine. Encla­vée entre l’est et l’ouest, la Hon­grie est pla­cée dans une posi­tion dif­fi­cile, entre refus d’affronter la Rus­sie et allé­geance à l’Union Euro­péenne. Dans un post Face­book, le Pre­mier ministre se dit sou­cieux de « main­te­nir la coopé­ra­tion » entre les deux blocs. Autre indice de cette réac­tion ambi­guë : il ne parle que d’« opé­ra­tions mili­taires » pour qua­li­fier ce que d’autres nomment « inva­sion de l’Ukraine ». Plus tou­chée par les consé­quences du conflit du fait de sa posi­tion géo­gra­phique, la Hon­grie appelle à un ces­sez-le-feu et s’oppose au finan­ce­ment des livrai­sons d’armes à l’Ukraine. Sur ce sujet encore, le non-ali­gne­ment hon­grois se mani­feste au détri­ment de la cohé­sion occi­den­tale. De l’illibéralisme au conser­va­tisme iden­ti­taire, Vic­tor Orban incarne une Europe cen­trale rebelle qui ne se recon­naît pas dans la diplo­ma­tie euro­péenne et exprime une posi­tion alternative.