Les groupes Les Répu­bli­cains et Par­ti socia­liste à l’Assemblée natio­nale ont dépo­sé des amen­de­ments pour que le géant fran­çais du numé­rique Atos soit natio­na­li­sé. L’en­tre­prise — qui vient de sor­tir du CAC 40 — occupe des sec­teurs trop stratégiques.

Comp­teurs Lin­ky, logi­ciels de ges­tion de cen­trales nucléaires… Atos est un acteur clé du numé­rique en France. Les dépu­tés LR et PS, mal­gré les dif­fé­rences qui les opposent, se sont sai­sis de cette ques­tion à l’occasion du pro­jet de loi de finances, actuel­le­ment en dis­cus­sion au Par­le­ment. Oli­vier Mar­leix comme Boris Val­laud, res­pec­ti­ve­ment chefs de file des dépu­tés LR et PS, parlent d’une entre­prise « stra­té­gique » et d’un enjeu de « sou­ve­rai­ne­té. » Atos est omni­pré­sent dans le ser­vice public fran­çais ain­si que dans le sec­teur mili­taire, entre autres. Avec 110 000 employés répar­tis dans 73 pays, c’est aus­si le numé­ro 1 du cloud, de la cyber­sé­cu­ri­té et du super-cal­cul en Europe. Par­mi ses clients, on retrouve les Jeux olym­piques et la SNCF par exemple.

Déroute financière et rachat par l’étranger

Atos fait face à deux menaces. La pre­mière est celle de la déroute finan­cière. Diri­gé pen­dant dix ans jusqu’en 2019 par Thier­ry Bre­ton, le groupe est entré en décrois­sance après le départ de ce der­nier, deve­nu com­mis­saire euro­péen. En avril 2021, la valeur bour­sière d’Atos, sou­mise à une vola­ti­li­té extrême, chute et peine à retrou­ver des cou­leurs. En pleine restruc­tu­ra­tion, trois nou­veaux diri­geants se sont suc­cé­dé en deux ans sans par­ve­nir à redres­ser la barre. Ber­trand Meu­nier, démis par les action­naires, puis Nour­dine Bih­man, qui a bifur­qué vers une filiale. C’est main­te­nant Jean-Pierre Mus­tier qui a la lourde tâche de diri­ger Atos. En interne, les inves­tis­seurs craignent la ces­sion d’actifs du groupe à Daniel Kre­tins­ky, le mil­liar­daire tchèque qui lorgne sur la firme. D’où la seconde menace qui pèse sur l’entreprise basée à Bezons (Val‑d’Oise) : le rachat par l’étranger. Pour Oli­vier Mar­leix qui s’est expri­mé chez nos confrères du Pari­sien, Atos « doit res­ter dans le giron français. »
Au Par­ti socia­liste, on plaide pour une natio­na­li­sa­tion par­tielle, concer­nant uni­que­ment les acti­vi­tés les plus stra­té­giques. Le dépu­té Phi­lippe Brun énu­mère : télé­pho­nie des armées, logi­ciels de sur­veillance urbains… Aux Répu­bli­cains, on pré­fère une natio­na­li­sa­tion totale mais tem­po­raire, pour assu­rer la « conti­nui­té » d’Atos. Une dégra­da­tion du ser­vice aurait des consé­quences énormes sur tout le numé­rique fran­çais. Pour l’heure, le gou­ver­ne­ment, qui a déjà eu recours à la natio­na­li­sa­tion de STX, ne s’est pas expri­mé sur le sujet.