Le 15 novembre, la France a découvert Sound of Freedom, le film percutant d’Alejandro Monteverde. Dans le top 10 du box-office américain depuis le 4 juillet 2023, ce long-métrage lève le voile sur la réalité du trafic sexuel des enfants. Les polémiques entourant ce film sont nombreuses. Si elles visent à décourager les spectateurs, elles détournent surtout de la gravité du sujet.

14 500 pédo­cri­mi­nels. 32 700 vic­times mineures exploi­tées dans le monde. Ces chiffres d’Interpol doivent alar­mer. Alors que la « jour­née mon­diale pour la pré­ven­tion des abus envers les enfants » approche le 19 novembre, ce film entend réveiller les consciences.

Ale­jan­dro Mon­te­verde, cinéaste mexi­cain, tourne Sound of Free­dom en 2018. Le réa­li­sa­teur romance la pre­mière opé­ra­tion de Tim Bal­lard, ancien agent spé­cial pour le minis­tère de la sécu­ri­té inté­rieure amé­ri­caine, long­temps affec­té à l’équipe en charge de la lutte contre la pédo­cri­mi­na­li­té sur inter­net, lors­qu’il infiltre la mafia colom­bienne en 2013. Après avoir quit­té son poste, il se consacre en effet à la recherche des enfants esclaves des réseaux de tra­fi­quants. Un acte noble. Pour­quoi, donc, tant de contro­verses ? Peut-être parce que Jim Cavie­zel, dans le rôle de Tim Bal­lard, a inter­pré­té Jésus dans La Pas­sion du Christ. Peut-être parce que Jim Cavie­zel a appor­té un sou­tien à cer­taines théo­ries de la secte QAnon. Et après ? Car le pro­blème est bien le sui­vant : les polé­miques éclipsent le coeur du film, qu’est la traite sexuelle des enfants.

Polémiques injustes pour un sujet crucial 

D’autres cri­tiques fusent à l’en­contre de Tim Bal­lard et de sa fon­da­tion, Ope­ra­tion Under­ground Rail­road. Cette orga­ni­sa­tion à but non lucra­tif lutte contre le tra­fic sexuel des enfants, en mon­tant des opé­ra­tions pour déli­vrer les jeunes mineurs de leurs pré­da­teurs. Des reproches, sou­vent adres­sés par Vice News, portent sur le sui­vi psy­cho­lo­gique des enfants libé­rés ou sur les trop spec­ta­cu­laires méthodes d’arrestation des pédo­cri­mi­nels. Ain­si, les enfants ne seraient pas suf­fi­sam­ment pris en charge et fil­mer les arres­ta­tions des tra­fi­quants serait peu louable. A croire qu’il vaut mieux qu’au­cune struc­ture n’existe.

Au-delà de ces accu­sa­tions, le seul sou­tien de la droite conser­va­trice suf­fit à en irri­ter plus d’un. Parce que Donald Trump a dif­fu­sé ce film dans son club de golf, il fau­drait le boy­cot­ter. Ce qui devait donc être un appel à se mobi­li­ser pour les droits humains et contre l’exploitation sexuelle des enfants, s’est mué en bataille idéo­lo­gique et politique.

En France, c’est la dis­tri­bu­tion par Sage qui sus­cite des inter­ro­ga­tions. Pour­quoi ? Parce que cette socié­té de dis­tri­bu­tion est « chré­tienne » et « conser­va­trice » et qu’elle a autre­fois dif­fu­sé Unplan­ned. Pour­tant, comme le sou­ligne Ale­jan­dro Mon­te­verde, « aucun groupe d’intérêt ne doit s’approprier la ques­tion de la traite des êtres humains ». Et si le film dérange par sa véri­té crue, il est à voir, mou­choirs à la main.