Le jeune mouvement nationaliste corse « Palatinu » a organisé une conférence à Nice à l’invitation du conseiller municipal Philippe Vardon. Son président, Nicolas Battini, a établi un parallèle entre les manifestations d’ultra-droite de la cité de la Monnaie (Romans-sur-Isère) et les régulières expéditions punitives corses.
Nous sommes deux semaines après le meurtre de Thomas à Crépol (Drôme). Une semaine après les manifestations d’ultra-droite dans la cité d’où serait originaire l’assaillant, selon certains témoignages. Certains déçus de l’annulation par le préfet des Alpes-Maritimes du rassemblement « Justice pour Thomas » à Nice ont terminé dans le bar identitaire 1543 où doit se tenir la conférence de Nicolas Battini. L’ancien cadre de “Femu a Corsica”, premier parti de l’île, raconte l’évolution du nationalisme corse et la nécessité d’un parti à la fois autonomiste et identitaire. Toutefois, l’assemblée d’une soixantaine de personnes semble plus intéressée par comprendre comment les Corses font pour « envahir » une cité après l’agression de l’un d’entre eux.
Nicolas Battini connaît le sujet. En 2015, après que des fonctionnaires locaux ont été interdits d’entrer dans la cité des Cannes à Ajaccio par des caïds, des centaines de Corses envahissent le quartier et terrorisent la population. Les cadres du parti nationaliste condamnent l’action et perdent en chemin une partie de leurs électeurs. C’est un précédent. En 2017, un Corse est agressé au couteau à Siscu. Nouvelle émeute corse : l’appartement de l’assaillant est brûlé et son bar saccagé. Mais, cette fois-ci, personne ne réprime ni ne condamne. Trop risqué car le soutien populaire pour cette action est total. Quelques jours après les émeutes urbaines de l’été 2023, il se produit la même chose dans la cité des Jardins de l’Empereur. Aucune condamnation ni répression à nouveau.
Les « zozos » de « l’ultra-droite » ne font pas un peuple
Peut-on craindre le même réflexe « d’auto-justice » en France métropolitaine après la « descente » de la cité de la Monnaie ? Rien n’est moins sûr. Comme l’analyse Nicolas Battini, l’opinion publique hexagonale n’est pas préparée à soutenir et encore moins à participer à de telles expéditions. Ils étaient moins de 100 à se rendre à Romans-sur-Isère pour intimider les habitants. D’autre part, la quasi-totalité de la classe médiatique et politique a condamné ces jeunes gens, les qualifiant tantôt de « crétins », tantôt d’extrémistes. Seul le parti Reconquête a fait preuve de complaisance. On est loin du mouvement populaire intergénérationnel et spontané que l’on retrouve en Corse. L’intervenant distingue également l’esprit de village corse qui fait que « tout le monde se connaît » et qu’il y a une solidarité naturelle entre les habitants. Un esprit selon lui absent des grandes villes françaises qui atomisent les individus.
Sonder les Français sur leur soutien ou non à l’action de Romans-sur-Isère est donc crucial. Un appui massif pourrait valoir encouragement et renforcer ce mode opératoire inquiétant.