Large victoire des Bleus face au XV du Poireau hier soir (38–21) dans un Stade de France vide. Une préparation idéale pour jouer un match samedi prochain contre les Irlandais qui pourrait encore, en théorie, leur permettre de remporter les Six Nations pour la première fois depuis dix ans.
Admettons-le, ce n’était pas la grande équipe de Galles. Dan Biggar face aux perches ne s’est pas confondu avec Dan Carter, le meilleur réalisateur de tous les temps. Il est également juste de souligner que les Irlandais, qui viennent d’étriller les Italiens (50–17), proposeront surement un tout autre défi la semaine prochaine. Mais ne boudons pas notre plaisir.
Car cette équipe de France qui joue debout est séduisante. Et puis quel talent brut ! Nous possédons enfin un nombre important de joueurs (et cela même avant le retour de l’ailier Damian Penaud) capables de prétendre à une place dans un XV mondial. Pas étonnant donc – après dix ans de changements incessants – de voir enfin des titulaires s’imposer dans la durée.
Le plus impressionnant étant sûrement ce sentiment que nous ressentions hier soir: une équipe Galloise trop tendre face à des Français chevronnés, là où la réalité en terme de sélections démontre nettement l’inverse. Les Bleus ont conclu la quasi intégralité de leurs percées par des essais. De plus, en démarrant mal la partie ils sont tout de même revenus pour mener avant la pause. En outre, les Bleus ont eu des temps faibles prolongés pendant lesquels ils n’ont pas encaissé de points, et ont réalisé un 100% au face aux perches. Des jeunes – 26 ans de moyenne d’âge dans le XV de départ – aux allures de tauliers.
Il faut bien admettre cependant que le XV du Trèfle aura tout pour appuyer sur les faiblesses des coéquipiers de Charles Ollivon. Si l’indiscipline des bleus (16 pénalités concédées, « peut-être un record » selon Galthié) venait à se prolonger, on imagine mal l’ouvreur irlandais Jonathan Sexton généreusement rater huit points au pied comme son homologue gallois. On sait également que Sexton raffole de chandelles, or la défense sur les ballons hauts fut l’autre gros point noir hier soir, avec un Teddy Thomas globalement timide dans les airs.
Mais le jeu en vaut la chandelle car à la clef, en cas de victoire contre les coéquipiers de Sexton (et à la condition supplémentaire, improbable, de faire mieux que les Anglais face aux Italiens en goal average et bonus offensifs), l’équipe de France pourrait remporter pour la première fois depuis 2010 les Six Nations.
Ou comment passer d’une équipe d’espoirs à une équipe de champions. Déjà ? Enfin.
P. V.