Recep Tayyip Erdogan, « le Reïs » attaque Emmanuel Macron
Emmanuel Macron a jugé « inacceptables » les propos de Recep Tayyip Erdogan. Ce samedi, lors d’une conférence télévisée, le président turc avait conseillé à son homologue français, d’ « aller faire des examens de santé mentale ». La France a aussitôt décidé de rappeler pour consultation son ambassadeur à Ankara. Par cet affrontement diplomatique, la Turquie cherche sa place sur la scène internationale.
Mercredi dernier, lors de l’émouvant hommage national au professeur Samuel Paty à la Sorbonne, Emmanuel Macron a promis de ne « pas renoncer aux caricatures » du prophète Mahomet. Erdogan s’est empressé de dénoncer avec virulence l’attitude du président français vis-à-vis de la communauté musulmane. L’ « outrance » et la « grossièreté » de la présidence turque ne passent pas auprès de l’Élysée qui regrette l’absence de condoléances à la suite de l’attentat islamiste de Conflans-Sainte-Honorine.
Mais la sortie d’Erdogan contre le président français n’est pas la première. En septembre, le président turc avait lancé un avertissement au gouvernement français à la suite des tensions avec la Grèce en Méditerranée. Plus tôt en octobre, il avait dénoncé comme une provocation le discours sur le séparatisme tenu par le locataire de l’Élysée. Selon lui, Emmanuel Macron a un « problème avec l’islam ».
Volonté de restauration du califat
Ces attaques répétées entrent dans une stratégie politique. Depuis le début de sa carrière, le chef de l’AKP a toujours tenu à apparaitre comme le défenseur des minorités musulmanes dans le monde. La récente intervention des forces turques auprès de l’Azerbaïdjan témoigne de cette volonté politique. Aujourd’hui, la Turquie cherche à récupérer les appels aux boycotts contre des produits français qui se multiplient au Moyen-Orient. Au Koweït ou au Qatar, plusieurs médias ont appelé à retirer des ventes les produits venus de la métropole. Car, pour eux, la défense de la liberté d’expression et de la publication des caricatures prônée par Emmanuel Macron est « une atteinte délibérée à l’islam ». En essayant de reprendre à son compte ces initiatives, Erdogan s’affirme comme le chef incontesté du monde musulman sunnite sur la scène internationale.
CL
La façade du parti communiste taguée « collabo »
Dans la nuit de vendredi à samedi, le siège du Parti communiste français dans le 19e arrondissement a été tagué « Collabo ». L’agression s’inscrit dans la lignée des multiples accusations portées contre la gauche depuis le dernier attentat islamiste.
"Collabo" tagué devant le siège du Parti Communiste. pic.twitter.com/SJXxYfAGYM
— Brice Ivanovic (@BriceIvanovic) October 24, 2020
« COLLABO !! ». L’inscription en rouge a été découverte hier matin sur le dôme blanc du PCF. Cette charge anonyme apparait une semaine après la décapitation de Samuel Paty par un islamiste à Conflans Saint Honorine. À la suite de cet attentat, des voix se sont élevées pour dénoncer une forme de complaisance générale de la gauche vis-à-vis de l’islamisme. Jean-Michel Blanquer a notamment évoqué au micro d’Europe 1 les « ravages » de « l’islamo-gauchisme » à l’université en prenant l’exemple de l’UNEF dont la porte-parole voilée avait suscité diverses polémiques.
Depuis plusieurs décennies, la gauche politique dénonce régulièrement les accointances de la droite identitaire avec l’idéologie fasciste des années 30, faisant des musulmans de France les victimes d’un racisme d’État comparable au sort des « juifs d’hier ». Mais depuis peu, les attaques semblent se retourner contre les accusateurs. Ceux qui procédaient à la réduction ad hitlerum de leurs opposants politiques en vue de les disqualifier du débat public subissent désormais un retour de bâton.
Accusés à leur tour de trahir les idéaux républicains à des fins électoralistes, les partis de gauche, en l’occurrence le PCF, se voient aujourd’hui sommés de se justifier. La faiblesse dont ils feraient preuve vis-à-vis de l’islamisme leur est parfois reprochée sous le terme de « collaboration », rappelant les personnalités politiques qui après l’armistice de 1940 avaient accepté l’Occupation nazie.
Chasse aux nazis, un passé qui ne passe pas
Indignés par ces dénonciations qu’ils jugent calomnieuses au regard du rôle joué par certains communistes dans la Résistance, les accusés contre-attaquent toujours sur le même registre, convoquant une Histoire éternellement récupérée. Le secrétaire national du parti Fabien Roussel attribue cet acte à « l’extrême droite française » et aux « descendants de nazis », et a annoncé porter plainte. Il a rappelé la participation à la Résistance du PCF sous l’Occupation, tandis que Ian Brossat, porte-parole du parti, a invoqué le souvenir du jeune communiste Guy Môquet, « fusillé par les Nazis » en 1941.
Sans surprise, ils ont reçu le soutien de plusieurs personnalités politiques de gauche comme Jean-Luc Mélenchon et Clémentine Autain de La France Insoumise, ou encore de l’écologiste Julien Bayou.
N. T
Attentat terroriste en Syrie contre le mufti de Damas
Eclipsé par l’assassinat de Samuel Patty, un attentat terroriste syrien rappelle à qui l’avait oublié que le terrorisme est un fléau mondial
Syrie, 22 octobre. Jeudi dernier, Adnane al-Afyouni, mufti de 66 ans qui avait beaucoup œuvré au cessez-le-feu dans la province de Damas, est mort dans un attentat à la voiture piégée. Il se trouvait à Qoudsaya, ville au nord-ouest de Damas, pour un forum sur la médiation et la réconciliation. C’est là qu’une bombe a été placée à l’intérieur de son véhicule. SANA, agence de presse syrienne, a relayé l’information en dénonçant une attaque terroriste. Il était considéré comme proche de Bachar al-Assad.
Adnane al-Afyouni était mufti de Damas et de sa banlieue depuis 2013. Lors de la révolution syrienne, le responsable religieux avait dénoncé le terrorisme et qualifié les appels au djihad de « malveillants ». Pour lui, le régime syrien ne combattait pas des rebelles mais « le terrorisme et l’extrémisme ». En 2019, il était nommé superviseur général du Centre international islamique al-Cham pour la lutte contre l’extrémisme. Quelques mois plus tard, il considérait l’immigration des Syriens en Europe comme « juridiquement invalide », et proclamait une fatwa. Il appelait les réfugiés à rentrer au plus vite et à « participer activement à la reconstruction du pays ». Renommé dans l’ensemble du monde musulman, il s’était rendu dans plusieurs de ces pays pour améliorer leurs relations avec le régime syrien.
En 2016, Bachar al-Assad était venu à Daraya et Adnane al-Afyouni avait présidé la prière à la mosquée. Or, Daraya était une ville rebelle importante que les insurgés venaient d’évacuer suite à un accord avec le régime. Adnane al-Afyouni était à la tête de la délégation en charge de cet accord. A l’occasion de la venue de Bachar al-Assad, le mufti avait déclaré que Daraya devait être un exemple pour « la réconciliation entre tous les Syriens et l’abandon des combats ». Appel qui n’allait pas dans le sens de Daesh, opposé au gouvernement. Depuis 2018, le régime a repris le contrôle de 70 % du territoire syrien et les attaques se font rares.