Label "vert" européen : les Etats-membres désunis

Le 31 décembre dernier, la Commission européenne dévoilait son intention d’intégrer le nucléaire et le gaz à la liste des énergies vertes. Destinée à orienter les investissements énergétiques, cette classification divise les Etats-membres et place la Commission en position d’arbitre.

Au sein de l’Union Européenne, deux blocs s’opposent. D’un côté, l’Autriche, le Danemark, le Luxembourg et l’Allemagne rejettent le projet de la Commission. L’énergie nucléaire est ainsi interdite par la Constitution autrichienne depuis 1978. Vienne et Berlin pointent du doigt les risques de catastrophes naturelles et ceux liés au stockage des déchets. Dans un entretien accordé à Ouest-France, le diplomate autrichien Wolfgang Wagner juge qu’une telle mesure irait « à l’encontre de l’essence même de la taxonomie ». Vienne envisage un recours juridique. A l’origine, continue-t-il, « la classification visait à étiqueter les solutions vertes » et à guider les investisseurs. Valoriser des énergies fossiles risque alors de diminuer les investissements à destination des énergies renouvelables.

Pragmatisme écologique

De l’autre côté, la France, la Pologne, la République Tchèque et la Slovaquie défendent l’inscription du gaz et du nucléaire comme « énergies vertes ». Pour l’atome, ces pays avancent l’absence de rejet de CO2, la disponibilité continue de l’énergie et la longévité des centrales. Ils plaident pour une transition pragmatique. Loin des utopies du 100% renouvelable d’ici à 2050, l’énergie verte de demain aura besoin, estiment-ils, des énergies fossiles décarbonées. Comme énergie de transition, le nucléaire et le gaz gagnent ainsi leur lettres de verdure. Aux yeux de la Commission européenne, la transition l’emporte sur la rupture. On peut ainsi lire dans le projet de l’exécutif européen que "le nucléaire fournit une source stable d’approvisionnement en énergie » et qu’ il « facilite le déploiement des sources renouvelables intermittentes ».

Enjeux géopolitiques

Les arguments écologiques des Etats et la nature de leur mix énergétique sont liés. Les intérêts stratégiques de chacun expliquent la désunion de tous. En Autriche, plus de 70% de l’électricité est renouvelable (source 2019). En France à l’inverse, 70% de l’électricité est d’origine nucléaire. Dans son arbitrage, la Commission européenne a recherché le compromis. Le label a finalement été accordé sous conditions, comme pour compenser les faveurs accordées aux « pro ». Les nouvelles centrales atomiques doivent ainsi acquérir leur permis de construire avant 2045, des garanties dans le traitement des déchets sont exigées et le gaz est qualifié d’ « énergie de transition ». La Commission européenne ménage deux géants européens aux intérêts ici divergents ; une France pronucléaire face à une Allemagne qui a dit non à l’atome il y a plus de 10 ans.

 

 


Peltier rejoint Zemmour : qui sera le suivant ? 

Peltier rejoint Zemmour : qui sera le suivant ?  

 

Guillaume Peltier a annoncé dimanche 9 janvier son ralliement à Eric Zemmour sur CNEWS et  Europe 1. Il espère de nombreux ralliements dans les prochaines semaines, évoquant François-Xavier Bellamy, Nadine Morano, Eric Ciotti et même Laurent Wauquiez, ancien président des Républicains. 

Il lance également un appel “ à tous ceux qui aiment la droite, la vraie droite, à rejoindre Eric Zemmour”.

 

“ Je n’ai absolument pas de doute que nombreux seront ceux qui vont nous rejoindre dans les prochaines semaines ” promet Guillaume Peltier. Les noms évoqués sont ceux de personnages définis comme “ conservateurs” et appartenant à la droite des LR, celle la même que Guillaume Peltier explique avoir créée et défendue pendant des années avec Laurent Wauquiez. L’annonce de ce nouveau ralliement est-il un événement isolé ou le début d’une longue liste de nouveaux soutiens importants ? 

 

François-Xavier Bellamy le grand muet des Républicains 

 

François-Xavier Bellamy n’a pas encore annoncé son soutien officiel à Valérie Pécresse pour la campagne présidentielle de 2022. Il l’avait pourtant fait lors des dernières élections régionales en région Ile-de-France.

Cependant, le grand perdant des élections européennes de 2019 est revenu en force avec une tribune publiée dans le Figaro Vox appelant à “une remise en cause profonde et inédite de notre modèle de société”. Il critique ouvertement la gestion de la crise sanitaire du gouvernement, s’oppose clairement au pass sanitaire  et refuse absolument la monde qui se dessine. Saluée par Marine le Pen, cette tribune à fait grand bruit dans le camp national, divisé sur la question sanitaire. Alors que Valérie Pécresse fustige les non-vaccinés et soutient l’idée d’un pass vaccinal, cette tribune dévoile deux visions  profondément opposées sur un sujet majeur au sein d’un même parti. On connaît également les positions claires de François-Xavier Bellamy sur les questions bioéthiques et sociales : opposition au mariage homosexuel, à la PMA et à la GPA ; Il semble donc que ses idées rejoignent plus le programme d’Eric Zemmour que celui de la candidate élue au congrès des Républicains. dans cette campagne présidentielle, il pourrait devenir, à l’instar de Guillaume Peltier, un potentiel soutien d’Eric Zemmour. 

 

Eric Ciotti le fidèle obéissant 

 

Eric Ciotti quant à lui, fort d’une campagne axée sur l’identité et les valeurs conservatrices durant le congrès des Républicains semble encore être vu par certains militants comme un futur soutien du candidat de Reconquête. Les dernières déclarations d’Eric Ciotti et son soutien indéfectible à son parti et à sa candidate témoignent pourtant d’une position immuable. Il a d’ailleurs réagi aux déclarations de Guillaume Peltier par un tweet : “Je suis déçu par l’attitude de Guillaume Peltier. Il commet une lourde faute. Seule Valérie Pécresse peut battre Emmanuel Macron et rassembler tous les électeurs de droite.” Son vote en faveur de l’instauration du pass vaccinal trahit d’ailleurs sa soumission totale à la campagne des Républicains qui propose pourtant un programme présidentiel bien éloigné de ses propositions tenues durant le congrès, plus proches des idées du candidat Eric Zemmour. 

Eric Ciotti semble donc choisir la fidélité à un parti plutôt qu'à des convictions , une fidélité à des intérêts personnels plutôt qu’au combat pour la France , qu’il promettait pourtant il y a quelques mois.

 

Nadine Morano ou le choix de la solidarité féminine 

 

Sur Twitter, le 7 Décembre 2021, Nadine Morano écrivait : “La droite est de retour ! @lesRepublicains réunis et unis pour changer le destin de la France avec Valérie Pécresse”. Nommée conseillère de campagne sur les questions internationales, la deputé européenne compte bien occuper une place importante dans la bataille. Et pourtant, en 2019 Nadine Morano ne filait pas le grand amour avec Valérie Pécresse : “ Elle ne veut pas le débat, elle veut une cour” dénonçait Nadine Morano dans un tweet. Si les deux femmes admettent aujourd’hui ne pas être les meilleures amies du monde, force est de constater que la désignation de Valérie Pécresse à la tête du parti pour les élections présidentielles a bien amélioré les relations entre elles. Nadine Morano parle désormais de sa candidate comme une femme forte, de convictions, capable de battre Emmanuel Macron. Force est de constater que la cour de Valérie Pécresse accueille aujourd’hui ses anciens détracteurs. A l’instar d’Eric Ciotti, Nadine Morano qui parlait de “ zones de non-droit” en France et tenait un discours semblable à celui d’Eric Zemmour semble aujourd’hui également privilégier son parti à ses convictions. 

 

Valérie Boyer garante du vote bourgeois catholique 

 

Valérie Boyer, engagée depuis longtemps en faveur de la défense des Chrétiens d’Orient et les questions bioéthiques, semble également avoir le profil idéal pour rejoindre Eric Zemmour. Interrogée sur LCI le 4 Décembre 2021 à propos de la victoire de Valérie Pécresse elle déclare : “ Elle ( ndlr Valérie Pécresse) à tous les atouts pour réussir, c’est une femme compétente qui porte un projet d’ésperance”. Elle soutient donc officiellement aussi la candidate des Républicains assurant la note identitaire conservatrice du parti : “ oui nous sommes en guerre contre le totalitarisme islamiste ”, écrit-elle sur Twitter le 7 Janvier 2022 pour commenter le triste anniversaire des attentats contre les journalistes de Charlie Hebdo. Si ses phrases chocs témoignent d’un certain courage politique, les formules ressemblent plus  fortement à celles utilisées par Eric Zemmour qu’à celles de Valérie Pécresse qui signait en 2010 un “ appel pour une république multiculturelle et postraciale ” aux côtés de Rokhaya Diallo et Christiane Taubira. *

Valérie Boyer, qui a commenté la polémique survenue suite aux propos séparatistes  du chanteur Maître Gims n’a cependant pas rappellé ni mis en cause le soutien du chanteur envers la candidate des Républicains lors des élections régionales de Juin 2020 

 

Laurent Wauquiez le soutien discret des Républicains 

 

Guillaume Peltier était  numéro deux des Républicains sous la présidence du parti de Laurent Wauquiez. Son ralliement à Eric Zemmour interroge donc sur un possible soutien de l’ancien président du parti envers le candidat de Reconquête.

Dans un entretien au Journal du dimanche le 12 Décembre 2021, Laurent Wauquiez déclare : « Je m’engage dans cette campagne aux côtés de Valérie Pécresse avec une seule obsession : stopper le déclin français et retrouver l’espoir ». Si le soutien à la candidate choisie par les adhérents des Républicains semble total, l’utilisation du terme “ déclin français" n’est pas sans rappeler le titre du livre d’Eric Zemmour publié en 2018. Interrogé sur la candidature de ce dernier, Laurent Wauquiez répond : « Eric Zemmour ne peut pas gagner. Voter pour lui n’aura qu’une conséquence : permettre à Macron de poursuivre la politique qu’il mène et que, pourtant, une majorité de Français rejette ».  Depuis, Laurent Wauquiez se fait discret sur la campagne, pensant peut-être que son heure viendra en 2027… 

 

Les futurs soutiens d’Eric Zemmour dans le camp républicain ne seront donc pas nationales. Elles seront peut-être locales:  des figures telles que  Gilles Platret, devenu porte-parole des Républicains suite à la victoire de Laurent Wauquiez a la tête du parti en 2017 ou encore  Yannick Moreau, membre des Républicains jusqu’en 2017, qu’Eric Zemmour est allé rencontrer aux Sables d’Olonnes samedi 8 Décembre. 

Entre convictions et opportunisme, les choix des grandes figures du parti Les Républicains servent majoritairement leurs intérêts personnels. Guillaume Peltier en soutenant Eric Zemmour pose ici un choix courageux en cohérence avec les idées qu’il défend. Son cas semble cependant isolé mais à l’impossible nul n’est tenu , Guilhem Carayon parlait de panache pour désigner Valérie Pécresse, gageons que ce panache conduira de nouvelles figures politiques à s’engager pour leurs idées plutôt que pour leurs intérêts.


Gabriel Attal « Oui on assume de mettre la pression sur les non-vaccinés »

Invité politique de BFM Politique dimanche 10 janvier 2022, le porte-parole du gouvernement est revenu sur la stratégie vaccinale de l’exécutif et réitère sa volonté d’imposer des contraintes aux non-vaccinés.

 

« Nous on est cohérents et on assume notre ligne », lance Gabriel Attal à l’encontre des Républicains et du Rassemblement National qui veulent un « laisser faire » du vaccin. La stratégie du gouvernement s’accélère. Attaqué sur le refus de revenir à des fermetures et des confinements, Gabriel Attal se justifie. Au lieu de fermer les établissements, l’idée est de faire tester de plus en plus de monde, peu importe le prix : « oui ça coute cher mais laisser galoper l’épidémie pas sûr que ça coûte moins cher ».

 

Gabriel Attal comprend les difficultés que cela engendre pour les familles, les enfants, et les professeurs dans le domaine scolaire mais insiste. Le vaccin est la solution, et le gouvernement met un point d’honneur à vacciner les derniers réticents : « nous avons des équipes formidables qui vont au pied des immeubles avec le moins de vaccinés et vont toquer à chaque porte ». « On veut vacciner tout le monde » et à propos des non-vaccinés « oui on assume de leur mettre la pression », puisqu’il les estime responsables des tensions dans les hôpitaux.

 

Nouvelles mesures pour une couverture vaccinale plus large

 

En plus d’annoncer que le passe vaccinal entrera en vigueur dans les « premiers jours de la semaine du 17 janvier 2022 », Gabriel Attal dévoile trois autres mesures phares destinées à atteindre une immunité collective.

 

Première mesure, l’ouverture de plus de centres de tests près des centres de vaccination. Dans la semaine du 3 janvier 2021, la France a enregistré des records de tests et plus de 59.000 premières injections, ce dont le gouvernement se réjouit. Les nouveaux centres de tests vont permettre une meilleure couverture vaccinale du pays et permet au gouvernement de mieux comprendre la situation. Second temps, les pharmaciens vont être autorisés à ouvrir leurs propres « centres de dépistages près de leurs pharmacies » et peuvent recruter eux-mêmes des professionnels de santé pour « travailler avec eux ». Et dernière mesure phare, il va y avoir un « élargissement des personnes habilités à faire des tests », notamment les biologistes moléculaires et les personnes détenant un brevet de premier secours.

Interrogé sur la situation dans les écoles, Gabriel Attal affirme que les fermer serait « le dernier des derniers recours ».


Jean-Luc Mélenchon au Grand Jury : champion de la gauche ?

Dimanche 9 janvier, le candidat de la France Insoumise Jean-Luc Mélenchon était l’invité du Grand Jury de RTL, Le Figaro et LCI. L’occasion pour lui de donner son avis sur les projets de Christiane Taubira, sur la question des droits de succession, ou encore sur l'état de la campagne présidentielle.

« Ce n’est pas mon affaire ! » : alors que Christiane Taubira vient de faire son grand retour dans le débat politique en annonçant sa candidature aux primaires de la gauche. Pour Jean-Luc Mélenchon, c’est clair et net : « ce n’est pas d’union dont nous avons besoin car elle empêcherait la mobilisation ». Il s’oppose fermement, pour le moment en tout cas, à un second front populaire qui réunirait toute la gauche derrière un seul candidat. En effet, pour lui, même au sein d’un seul bord politique, les idées sont trop différentes pour que l'on puisse espérer les fusionner sous un même drapeau : sur « la retraite à 60 ans », « le SMIC à 1 400 euros », ou bien sur « le nucléaire » par exemple. Il est maintenant trop tard pour songer à une union : « Si cela vous intéresse, votez pour moi. Si cela n’est pas le cas, votez pour quelqu’un d’autre ». Jean-Luc Mélenchon appelle à « respecter la démocratie des citoyens ». En revanche, si l’Insoumis parviendrait à passer le cap du premier tour, il s’engage « dès le lendemain », à « engager une discussion ouverte » pour une seule gauche derrière son programme, « L’Avenir en commun ».

Les droits de succession mis sur la table

Une question inhabituelle dans le débat présidentiel : celle des droits de succession. Jean-Luc Mélenchon décide de viser « les ultrariches » en exigeant une imposition totale sur les très gros héritages : « Au-delà de 12 millions d’euros, je prends tout. Si vous n’avez pas 12 millions d’héritage de prévu, vous ne risquez rien avec moi ». Et il poursuit : grâce à cet argent, « chaque étudiant recevra une allocation de 1 063 euros » par mois. Une proposition qui concernerait aussi les élèves de la voie professionnelle. Ces aides sont pour le candidat de gauche le moyen d’incarner « la société de l’entraide » et « l’héritage de la société ». Car « l’État ne vole pas, il prend et redistribue ».

Sur ce sujet, Jean-Luc Mélenchon soumet aussi la mise en place du principe « d’adoption sociale », un dispositif qui permettrait d’éviter une imposition par l’État lors d’un héritage hors d’une filiation directe. Tout dans l’optique d’une « société de l'entraide ».

Où en est Mélenchon dans la course au pouvoir ?

« 391 parrainages » sont effectifs pour le parti de la France Insoumise. Mais pas de quoi s’affoler semble-t-il. Jean-Luc Mélenchon renouvelle son appel aux maires en précisant que « parrainer ce n’est pas soutenir, (...) c’est dire que j’ai le droit d’être candidat ». Il profite de cette invitation pour détracter à nouveau ses opposants politiques. Tous les prétextes sont bons pour lancer des piques au chef de l’État ou aux candidats de « l’extrême-droite ». Si Valérie Pécresse et Emmanuel Macron, « ce n’est pas tout à fait la même chose », Pécresse se révèle « zemmourienne » à ses heures perdues, tandis que « Zemmour est le maître à penser de la droite sur les sujets qu’il a pris en charge ». Concernant le président de la République, Mélenchon est clair : « Il contraint et il emmerde (...) et il n’arrête pas de n’écouter personne ».

Et pour qui votera-t-il au second tour s’il perd ? A cette question des journalistes, Mélenchon est assez flou : il dit « prendre position » pour « ne pas voter pour Le Pen et Zemmour », mais pas non plus pour « Macron et Pécresse ». Mais « il faut voter (...) car ne pas voter c’est prendre position ».


Manifestation anti-passe vaccinal à Paris : l’appel du peuple 

Plus de 18 000 Français se sont rassemblés à Paris, samedi 8 janvier, pour manifester contre l’instauration du passe vaccinal. Un chiffre donné par la Préfecture mais contesté par les observateurs sur place.

Coups de sifflets, pancartes "Liberté" ou "Non à l'apartheid", drapeaux français et fumigènes. Malgré la pluie, les rues de Paris sont combles entre le Palais Royal et la place Vauban. Les slogans fusent, la musique crachée par la sono encourage les manifestants. La population est hétérogène. Des bourgeois du XVIème au SDF un peu saoul, le combat contre le passe vaccinal est sans doute le seul à réunir toutes les classes sociales aujourd'hui : "Macron, ton passe, on n'en veut pas ! " Un cri dans le désert face à un gouvernement sourd aux véritables problèmes de son peuple.

Des manifestants antisystème

Moi, je suis venu de Marseille, ça m’a coûté 250 balles, mon fils autiste a été piqué de force, autant vous dire que je n’ai plus aucun espoir pour l’avenir”. Comme celui de ce quinquagénaire aux cheveux longs, les témoignages des manifestants soulignent un ras le bol général du système et de notre gouvernement. "C'est pour mes enfants que je m'inquiète, je ne vois vraiment pas comment les choses peuvent changer", déplore une petite avocate blonde. Pour leur part, les seniors de la manifestation s'insurgent contre le président de la république qui ne respecte pas leur liberté : "à partir du moment où le vaccin est encore expérimental, on ne peut pas nous l'imposer", "se faire vacciner est encore un droit, pas un devoir", "le gouvernement ruine notre liberté".

Plusieurs syndicats sont également au rendez-vous. Un membre de la Cocarde étudiante nous explique qu’il n’est pas normal que les étudiants subissent toutes les mesures sanitaires alors que le covid-19 ne présente aucun risque pour cette génération. L’un des porte-parole de ce syndicat étudiant s’est également exprimé sur le podium de la manifestation : “Nous sommes les seuls à exprimer les droits des étudiants. Jamais les décrochages scolaires et les dépressions n’ont été aussi nombreux. Il y a une fracture entre les étudiants vaccinés qui peuvent rentrer chez leurs parents, et les non-vaccinés qui ne peuvent pas”. Du côté du syndicat policier, un manifestant s’indigne: “Ce n’est pas notre métier que de trier les citoyens en fonction de leur schéma vaccinal!” Marc Menant, historien et chroniqueur chez Cnews, quant à lui, s'exprime haut et fort : “Je ne suis pas là en tant que journaliste, je suis là en tant que militant de la liberté!

La plupart des manifestants ne s’opposent pas au vaccin en tant que tel ni même au passe vaccinal exclusivement: c’est le système tout entier et le gouvernement qu’ils dénoncent. Un vieux monsieur seul sous son parapluie nous assure que, prêt à céder à la vaccination, il s'est ravisé après les propos d’Emmanuel Macron dans le Parisien le 4 janvier. La lassitude gagne les Français dans ce système qui bafoue leur liberté, et qu’ils espèrent bien voir changer au prochain scrutin. 

Le passe vaccinal comme critère pour l'élection présidentielle

“ Honnêtement, je pense que je vais voter contre mes principes mais pour un candidat qui défend les libertés, l’heure n’est plus à l’idéologie, l’heure est au combat” nous explique Christine, professeur de français, diplômée de Normal Sup. En cette année présidentielle, l’enjeu de la manifestation était hautement politique. Florian Philippot l’a bien compris, lui qui veut aussi présenter sa candidature. De nombreux manifestants semblent séduits : “C’est le seul courageux depuis le début sur le sujet!” nous ont confessé quelques personnes. Ce sont cependant les candidats dits “ extrêmes" qui recueillent le plus d’intentions de vote : Jean-Luc Mélenchon, Marine le Pen et Eric Zemmour incarnent l’espoir de nombreux manifestants. La question des libertés et le positionnement politique des différents candidats sur la question sanitaire sera donc un élément crucial, si ce n’est unique, pour guider le vote de ces Français qui crient leur colère depuis déjà plusieurs mois.

Tous nous ont avoué se sentir trahis, méprisés et incompris par une classe politique élitiste qui guide le peuple selon des règles monétaires et des injonctions de l’Union Européenne. La perte de la souveraineté nationale inquiète et bon nombre des personnes interrogées prendront en compte ce facteur dans leur vote, en avril prochain.

 

Marie-Liesse Chevalier et Marguerite Aubry


"J'ai très envie de les emmerder" : un retraité porte plainte contre Emmanuel Macron

Un retraité de 63 ans a récemment porté plainte contre le Président de la République suite à ses propos tenus dans le journal Le Parisien. Se disant « choqué et blessé », son recours est purement symbolique.

« Les non vaccinés, j’ai très envie de les emmerder. Donc on va continuer de le faire jusqu’au bout. […] Quand ma liberté vient menacer celle des autres, je deviens un irresponsable. Un irresponsable n’est plus citoyen » déclarait le Chef de l’État le 4 janvier dernier, lors de son interview donnée au Parisien. Petite phrase que 6 Français sur 10 estiment inadéquate selon un sondage Harris Interactive pour LCI.

Les propos d’Emmanuel Macron « discriminatoires et insultants»

Parmi ces citoyens, Didier Lalande, corrézien retraité de 63 ans, juge les propos d’Emmanuel Macron « discriminatoires et insultants» envers les personnes non-vaccinées contre la Covid-19. Portant plainte à la gendarmerie de son village pour ce qu’il nomme « diffamation et menaces publiques par personne ayant autorité », le retraité ne tolère pas qu’un Président de la République tienne  de tels propos à l’encontre d’une partie de la population. « Il a dépassé les bornes » explique le corrézien au quotidien régional La Montagne qui considère qu’Emmanuel Macron est « un président qui utilise sa tribune pour démarrer une campagne. La fonction présidentielle est utilisée pour discriminer et insulter des gens. »

Une plainte symbolique

Le retraité, non-vacciné accepte les contraintes qu’on lui impose. « Je suis en règle avec la loi, je paye mes impôts et je trouve cela insupportable de remettre en cause la citoyenneté des non vaccinés » tonne-t’il. « C'était individuel, et je voulais juste rendre mon action publique pour réveiller les chaumières et c'est vrai qu'aujourd'hui, j'ai reçu des messages de gens qui veulent faire comme moi, déclare l’intéressé, même si ça sert à rien, au moins on s'exprime et on montre qu'il y a des gens qui s'inquiètent pour la démocratie en France. C'est ça le fond de ma démarche. » au journal La Montagne.

Comme Didier Lalande, de nombreux Français s'opposent aux nouvelles mesures gouvernementales en matière sanitaire. Samedi 8 janvier,  plus de 100 000 personnes manifestaient dans toute la France contre le passe vaccinal.


Open d’Australie : balle de match pour Djokovic

Novak Djokovic marque un point. La justice australienne vient de confirmer qu’il bénéficiait effectivement d’une exemption de vaccination. En revanche il n’est toujours pas sûr de pouvoir participer à l’Open d’Australie qui débute lundi 17 janvier 2022.

« L'affaire n'est plus sportive, elle n'est plus sanitaire, elle est politique », souligne Jean-Baptiste Guégan spécialisé en géopolitique du sport.   Très fermes sur les règles d’entrée sur leur territoire, les Australiens refusent que les personnes non vaccinées y pénètrent. À son arrivée, Novak Djokovic se voit refuser son visa. Isolé dans un centre de rétention de Melbourne, il forme un recours contre la décision des autorités. Pour se justifier, il brandissait une dérogation accordée par Tennis Australia. Il avait contracté le covid le 16 décembre 2021 et par ce fait, bénéficiait d’une exemption à la vaccination. Mais les autorités refusent cet argument. Une récente contamination au virus n’exempte que les résidents australiens, et non les étrangers. Retour à la case départ pour le serbe, son exemption ne lui permet pas forcément de pouvoir participer au tournoi.

« Le Spartacus du nouveau monde qui ne tolère pas l'injustice »

Novak Djokovic est devenu le symbole de toute une cause. Le serbe est clair quant à ses positions sur le vaccin. En 2020, il a déclaré « Je suis opposé à la vaccination contre le Covid-19 pour pouvoir voyager. J'ai mon propre avis sur la question, est-ce qu'il changera à un moment donné, je ne sais pas ». Depuis son refus d’entrée sur le sol australien, les réseaux sociaux s’enflamment et se déchirent, et des manifestations ont lieu. Jeudi 6 janvier 2022, sa famille organise une marche de soutien à Belgrade. Son père déclare que son fils est « le Spartacus du nouveau monde qui ne tolère pas l'injustice, le colonialisme et l'hypocrisie ». Rafael Nadal, principal rival du serbe, affiche une position ferme quant à la polémique « selon moi, le monde a trop souffert pour ne pas suivre les règles. S'il voulait, il aurait pu jouer ici sans problème. Chacun est libre de ses décisions, mais il y a des conséquences. D'un côté, je suis désolé pour lui. Mais il connaissait les conditions ».   Prochaine étape pour le champion de tennis serbe : l’audience du lundi 10 janvier 2022 devant le tribunal fédéral, à minuit heure française. Les conclusions seront connues lundi matin. C’est cette audience qui décidera si oui ou non le serbe pourra défendre son titre.


Le face à face entre Moscou et Washington se poursuit à Genève

Dimanche 9 janvier au soir ont débuté des pourparlers à Genève entre les États-Unis et la Russie. Objectif : apaiser les tensions au sujet de l’Ukraine et aplanir les relations entre les deux géants.

Vladimir Poutine et Joe Biden ont décidé d’envoyer au front leurs deux vice-ministres des Affaires étrangères : le Russe Sergueï Riabkov et l’Américaine Wendy Sherman. Premier défi : éviter à tout prix un conflit en Ukraine. La Russie a massé près de 100 000 soldats à la frontière ukrainienne et les Occidentaux les accusent de préparer une invasion. Ils menacent Poutine de sanctions « massives » et sans précédent s’il attaquait à nouveau le pays voisin. Les diplomates américains ont dévoilé au New-York Times que les sanctions envisagées étaient déjà connues : isoler les grandes institutions financières russes du marché mondial pour affaiblir directement l’économie, empêcher l’entrée en fonction du gazoduc Nord Stream 2 cher au Kremlin, geler les exportations de produits américains utilisés par les différentes industries russes, notamment les industries privilégiées de Poutine comme l’armement ou l’aérospatiale ou bien à terme fournir des armes aux Ukrainiens pour combattre les soldats russes, si nécessaire. Ils espèrent ainsi influencer les décisions de leurs interlocuteurs.

De son côté, le président russe et le vice-ministre des Affaires étrangères sont résolus à ne pas se laisser marcher sur les pieds. Vladimir Poutine s’est déjà entretenu deux fois avec son homologue américain depuis le début de la crise. Il se montre très clair : les sanctions brandies comme une menace seraient une « erreur colossale » et auraient l’effet inverse que celui escompté. Il exige donc le dialogue.

Dimanche 9 janvier au matin, comme un avant-goût de la réunion du soir, son vice-ministre a donc annoncé exclure toute « concession », et s’est déclaré « déçu des signaux venant ces derniers jours de Washington, mais aussi de Bruxelles ».

Et les Européens ?

Un autre sujet qui sera mis sur la table : la sécurité en Europe. Les États-Unis et la Russie vont tenter de rapprocher ici des visions apparemment irréconciliables. Bruxelles a pris parti : tous contre Poutine. Avec les États-Unis, elle demande le retrait des 100 000 soldats stationnés sur la frontière ukrainienne et la relance des accords de Minsk censés mettre fin au conflit dans le Donbass, conflit contre des séparatistes prorusses à l’est du pays. De son côté, la Russie a aussi dévoilé ses exigences : elle demande la fin de l’élargissement de l’Otan à ses frontières ainsi que la diminution des effectifs militaires de l’Alliance en Europe de l’Est.

Le secrétaire d’État américain rassure sa voisine : « Il n’y aura rien sur l’Europe sans l’Europe ». Ainsi, les pourparlers de ce soir seront la première étape d’une longue série de discussions. Celles-ci se poursuivront avec une réunion entre l’Otan et les États-Unis mercredi à Bruxelles, puis une rencontre jeudi à Vienne avec l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) pour inclure les Européens qui redoutent trop d’être marginalisés.


L’école face au tsunami de l’absentéisme des enseignants

Ce lundi 10 janvier, la deuxième semaine de cours depuis la rentrée s’annonce chaotique ; écoles, collèges et lycées font face à une augmentation croissante de l’absentéisme des professeurs.

« La solution de facilité serait de fermer les écoles. Ce n’est pas ce que je propose », a déclaré le ministre de l’Éducation Nationale, Jean-Michel Blanquer, invité sur le plateau de CNews, vendredi 7 janvier. « L’objectif est de garder l’école ouverte dans des conditions sanitaires sécurisées au maximum », poursuit-il. Mais le combat contre le nouveau variant Omicron se révèle compliqué dans les écoles : professeurs absents, cycle de tests, contact-tracing des élèves. Autant de dispositifs qui désorganisent l’enseignement plus qu’il ne le favorisent. Avec plus de 9 000 classes fermées et 50 000 élèves contaminés, les écoles, collèges et lycées se maintiennent avec des classes à moitié pleines.

Faire face au chaos

Alors faut-il lutter à tout prix pour maintenir les écoles ouvertes ? La question laisse songeur. Certes, depuis vendredi, le protocole sanitaire a été allégé dans les écoles, de sorte que si un cas positif se présente dans une classe dans un délai inférieur de sept jours, les élèves n’ont pas à recommencer le parcours des trois tests, à J+0, J+2 et J+4, initialement prévu. Un allégement qui aurait dû favoriser le retour à l’ordre.

Mais après les contaminations des élèves, les établissements français doivent affronter l’absentéisme des professeurs. Un pic d’absence qui « ne devrait pas dépasser normalement 15% », avait pourtant assuré Jean-Michel Blanquer, mercredi 5 janvier, alors que le conseil scientifique avait estimé à « au moins » un tiers les professeurs pouvant être absents d’ici fin janvier.

Des syndicats en colère

« L’école est totalement désorganisée » estime de son côté le syndicat SNUipp-FSU, « tandis que les enseignants, et particulièrement les directeurs et directrices, subissent un nouvel alourdissement de leurs tâches et de leurs charges, notamment en veillant à une forme de continuité scolaire au sein de cette pagaille à venir. Une nouvelle fois ce sont les personnels qui porteront l’école à bouts de bras face à l’incapacité du gouvernement, et particulièrement de Jean-Michel Blanquer, à prendre ses responsabilités ». Une inquiétude qui s’est transformée en colère : deux syndicats d’enseignants lancent une grève nationale pour le jeudi 13 janvier, pour « dénoncer des mesures inconséquentes ».

Pour contrer cet absentéisme massif, l’application Andjaro va être utilisée par l’Éducation Nationale dans 16 départements ; déjà utilisée depuis 2015 par plusieurs entreprises, elle permet de gérer les absences des enseignants en trouvant des remplaçants d’urgence. Une heureuse tentative, qui s’annonce toutefois impuissante pour combattre la tempête Omicron.

 

 


Turquie : record d’inflation battu

La Turquie voit ces derniers temps la valeur de sa monnaie faire des bonds prodigieux et s’effondrer dans la foulée. Début janvier 2022, le chiffre est tombé : le pays a subi une inflation de 36% en un an. Une instabilité très difficile à vivre pour de nombreux Turcs, inquiets pour leur pouvoir d’achat. Nous avons rencontré l’un d’entre eux.

18 août 2021. La livre turque est à 9.89 euros. Le 5 janvier 2022, elle est à 15.8. Mais elle est passée par toutes les émotions, grimpant jusqu’à 18 lors des fêtes de Noël.

Démonstration. Un repas à 36 TL (Turkish Lira) pris en terrasse fin août revenait à 3 euros 60, aujourd’hui il vaut 2 euros 27. Et ce n’est pas le pire. La différence de valeur du salaire est affolante. Un travailleur rémunéré 10 000 TL a touché fin août l’équivalent d’un petit SMIC de 1011 euros. Et en ce début d’année, il se contente de 632 euros.

Comment fait la population pour encaisser ? Les employeurs ne montent pas les salaires pour retrouver la même valeur de départ, sinon ils se retrouvent noyés jusqu’au cou. Les familles se débrouillent comme elles peuvent, sans grand soutien de la part de l’État. Le prix de l’essence ne cesse de grimper. Alors, en plus d’avoir un pouvoir d’achat de plus en plus menacé, les Turcs sont confrontés à des prix qui augmentent de la part des commerces désarmés et des stations essences soumises, elles aussi, à l’inflation du baril de pétrole.

Préoccupé, le président Erdoğan a tenté de redresser la situation du pays fin décembre 2021. Lors d'une allocution télévisée, il a incité la population à se débarrasser des devises étrangères qui trainaient çà et là, et de les convertir en livre turque, promettant des intérêts. Tout de suite, le taux de change a baissé. Mais cela a été de courte durée, quelques jours plus tard, elle repart à la hausse.

« Je n’ai pas d’espérance pour la Turquie »

Zafer est un commerçant du centre d’Izmir, troisième ville du pays derrière Istanbul et Ankarra. Il tient une boutique de souvenirs et nous confie ses doutes quant à l’avenir du pays.

Il nous raconte son quotidien. Les charges et les loyers augmentent, comme les prix des produits de première nécessité. Le bidon de 5L d’huile de tournesol, moins chère que l’huile d’olive et très prisée par les familles les plus modestes, a subi une hausse de plus de 175%. De 40 TL, elle s’est envolée à 110 en à peine quelques semaines.

Ce qu’il regrette : l’instabilité du pays. « Il faut que ce soit vraiment vraiment stable. Notre souci ne concerne pas le prix mais l’instabilité ». Il n’y a aucune aide de l’État. Les familles modestes se tassent dans des habitations médiocres et insalubres, mangent des pâtes et se désespèrent. Impossible qu’un seul des deux parents travaille dans la famille, les deux doivent travailler pour espérer tenir le coup.

« Aujourd’hui, ce sont de bons jours pour la Turquie. On va avoir encore des jours pires. Je n’ai pas d’espérance pour la Turquie, tant que le gouverneur ne change pas ». La politique. L’une des conséquences de cette crise économique, si elle n'en est déjà pas la cause. Les prochaines élections sont prévues pour 2023 mais les opposants réclament un vote anticipé. Le gouvernement est sur un siège éjectable : en ce début d’année 2022, le pays a battu un record qui tenait depuis 2002. La Turquie a connu une inflation de plus de 36% en un an, chiffre encore contesté par les opposants. Même si le président a annoncé une hausse des salaires début janvier 2022, le pays risque d’être bientôt à court d’argent. Une situation très préoccupante pour l’avenir.

« Mais nous quand même on arrive à survivre. Alors je dis merci Dieu, mais quand je vois les gens dans la rue, pour eux, c’est beaucoup plus difficile »


Aux Sables d’Olonne, Zemmour confie sa campagne à saint Michel

Éric Zemmour se rend ce samedi 8 janvier aux Sables d’Olonne où la statue de saint Michel a fait polémique. Sont prévues une rencontre avec des élus locaux et une réunion publique. L’occasion pour lui d’orienter sa campagne vers la province.

Éric Zemmour à la campagne…

« Je sais que pour cette formidable bataille politique qui nous attend, je pourrai compter sur vous ! Une fois de plus, la France pourra compter sur l’enracinement, la détermination et le courage hors-norme des Vendéens ! » Accueilli par le maire des Sables-d’Olonne Yannick Moreau, le candidat de la droite nationale a commencé sa visite par une réunion privée avec ce dernier et son ami Philippe de Villiers, dont la Vendée est le fief. Puis, lors d’une réunion publique à la salle Audubon à 11h, il a loué la Vendée comme terre chrétienne et terre d’industrie, épargnée par l’immigration: "C'est un panthéon de géants et de héros". À 12h15, Éric Zemmour qui « se sent chez [lui]» s’est rendu place saint Michel sur laquelle s’étaient rassemblés environ 800 personnes afin de s’exprimer devant la statue éponyme. Installée en 2018, celle-ci avait aussitôt fait l’objet d’un procès de la part de l’association Libre Pensée qui dénonce une atteinte à la laïcité. Le tribunal administratif de Nantes lui a donné raison mi-décembre en demandant à la ville de déboulonner la statue. Le candidat soutient la démarche du maire des Sables d’Olonne qui ne compte pas se laisser faire et a fait appel : « La loi de 1905, c'est la séparation de l'Eglise et de l'Etat, ce n'est pas l'éradication du christianisme». « Les Vendéens seront à la hauteur de leur réputation, les Vendéens seront à la hauteur de leur Histoire, les Vendéens seront à la hauteur de leurs légendes ! », a-t-il tweeté en quittant la place. La visite d’Éric Zemmour s’est clôturée par un déjeuner avec les élus et acteurs économiques locaux.

… pour sa campagne

L’enjeu est de taille pour le candidat dont les intentions de vote plafonnent à 12% selon le sondage Ipsos Sopra-Steria publié vendredi. Il s’agit pour lui de rompre avec sa réputation d’« aimer la France plus que les Français » et d’être le candidat des élites intellectuelles, afin de regagner les deux points perdus et de rattraper les candidates des Républicains et du Rassemblement National (16% toutes les deux). Cette étape de campagne est notamment l’occasion de lancer un pied de nez à ce dernier puisque Marine Le Pen se voit contrainte de reporter un déplacement prévu au même moment aux Sables-d’Olonne. En supplantant sa concurrente, Zemmour l’oblige à trouver une autre stratégie dans l’instrumentalisation de cette visite pour sa campagne. De plus, le candidat savait que pour une fois, les antifas ne le dérangeraient pas : ils ne vont tout de même pas se déplacer jusqu’en province. En effet, il n’y a eu qu’un petit trio d’opposants antifas pour perturber cette visite. La compagnie de Philippe de Villiers lui assure une bonne communication avec les élus locaux. Zemmour l’a dit lui-même : « Je vais vous le dire mes chers amis : s’il y avait un Philippe de Villiers par région, la France serait sauvée ! » Mais son ami est aussi un soutien important dans le domaine culturel : le créateur du Puy du Fou ne pouvait se permettre d’être absent pour défendre la statue de saint Michel. Le combat contre l’idéologie woke ancre Éric Zemmour dans son discours habituel, de quoi flatter son socle électoral et rejoindre les potentiels abstentionnistes sablais qui refuseraient le déboulonnage de la statue. Baudouin Haulaf, président du collectif « Touche pas à ma statue » l’affirme avec force : « Personne ne nous a déclaré être pour le déboulonnement de la statue ! ». Selon lui, il s’agit d’une idée fixe de l’association laïcarde Libre Pensée qui, au nom de la loi, veut supprimer toute trace de culture chrétienne en France. En défendant saint Michel, Éric Zemmour se fait l’avocat des catholiques, mais aussi des musulmans et des juifs, ainsi que de l’armée, puisque l’archange est vénéré dans les trois grandes religions monothéistes et demeure le saint patron des parachutistes.


Zemmour réoriente sa campagne à Châteaudun

Vendredi 7 janvier, Éric Zemmour s’est rendu dans l’Eure-et-Loir : un premier déplacement de campagne de l’année qui, sous les allures d’opération séduction, marque un tournant.

C’est dans son traditionnel langage anaphorique que le candidat du parti « Reconquête ! » a choisi d’attirer un nouvel électorat, celui du monde rural : « Je suis venu vous parler de la ruralité française. Je suis venu vous présenter mon diagnostic. Je suis venu vous présenter mes solutions. Je suis venu vous présenter un avenir. Faire de la campagne française un élément clé de la puissance nationale. »

Séduire une France rurale « méprisée »

Trois alexandrins habilement glissés pour convaincre une France rurale « méprisée, souvent abandonnée et toujours sous-exploitée ». Adieu les sujets liés à l’immigration ou l’insécurité, place à la défense de la ruralité ! Pour cela, Éric Zemmour a annoncé « inverser les fonds », en « [basculant] les fonds de la politique de la ville vers le développement des régions rurales, avec également les villes moyennes et petites ». Pendant toute sa journée en Eure-et-Loir, le candidat a parcouru villages et campagnes, de Bonneval à Villampuy, jusqu’à Châteaudun, rencontrant de nombreux agriculteurs, déjeunant avec une quarantaine d’élus, partageant une galette des rois avec les habitants. Le soir, devant 1542 personnes, dans la salle Crystal de Châteaudun, il a étayé ses propositions : entre autres, circuits courts dans les cantines, fin des éoliennes et lutte contre les déserts médicaux.

Des thématiques jusque-là peu présentes dans son discours ; elles devraient intéresser les quelques 22 millions de français vivant à la campagne. De quoi concurrencer Marine Le Pen et Valérie Pécresse, bien plus représentées dans cet électorat. De quoi aussi recueillir davantage de parrainages de la part des maires de campagne.

Défendre le patrimoine culturel

Au-delà de la ruralité, Éric Zemmour a profité de la controverse de l’église de la Madeleine pour valoriser sa défense de la culture française. De fait, le verdict est tombé il y a quelques jours : Julien Cohen, l’animateur de l’émission « Affaire conclue » ne rachètera pas l’église de la Madeleine de Châteaudun pour en faire sa troisième « Maison des brocanteurs » ; cette vente avait pourtant été acceptée par le maire de la ville, Fabien Verdier qui avait reconnu « une belle opportunité » pour la ville, tout en affirmant que « le peuple décidera ». De nombreuses polémiques ont suivi l’élaboration du projet : l’église de la Madeleine n’étant nullement en vente, et le diocèse n’ayant pas été consulté. Plus encore, l’église n’est pas désacralisée et est toujours affectée au culte. « Je ne suis pas au courant de ce projet. Je n’ai eu à faire ni à ce monsieur, ni à la Ville. S’ils m’interrogent, je leur répondrai que l’église de la Madeleine n’est pas à vendre. Elle est toujours affectée au culte et on s’en sert. Elle a été utilisée deux fois depuis mon arrivée, notamment à la Toussaint. Je leur rappellerai aussi qu’il y a des règles. », s’est exclamé Yannick Coat, curé de la paroisse, auprès de l'Echo Républicain.

Éric Zemmour a donc dénoncé «  [les] dirigeants, [les] élites [qui] n’ont pas voulu préserver ces monuments, ces églises, ces clochers. » Une occasion toute trouvée pour manifester ­- une fois de plus - son amour pour les racines culturelles et chrétiennes de la France, tout en séduisant une population attachée à sa région. De fait, la pétition lancée par le groupe « Châteaudun pour tous » regroupe actuellement 3002 signataires. « Combien d’édifices magnifiques ont-ils été vendus ou détruits ces dernières années», poursuit Eric Zemmour. « Les péripéties autour de la vente de votre église de la Madeleine sont d’ailleurs très révélatrices. Je me réjouis évidemment que la mairie ait finalement choisi de faire marche arrière. Mais ouvrant la possibilité de vendre et de sacrifier ce petit morceau d’identité religieuse et locale, les élus locaux ont démontré alors tout le mépris qu’ils avaient pour ce territoire et pour son histoire. Pourtant la campagne française fait rêver le monde. »

Châteaudun est donc un lieu emblématique…et polémique, idéal pour un meeting zemmourien. Un lieu également inhabituel, pour l’ex-journaliste habitué des grandes villes, car la cité est installée en pleine campagne, dans « cette grande plaine de la Beauce céréalière ». Un lieu stratégique, en définitive.

Étiennette de La Ruffie