Les Français et la galette des rois : une tradition oubliée
Comme chaque début d’année, la galette des rois est mise à l’honneur dans les vitrines des boulangeries et rayons de supermarchés ; ce produit de consommation a supplanté le phénomène historique.
En ce 8 janvier, devant la boulangerie « À la Petite Marquise » du XVIe arrondissement de Paris, les gens vont et viennent avec baguettes de pain, sandwiches ou… galette des rois ! « Manger une galette c’est un peu pour clôturer les fêtes de fin d’année, c’est vraiment la dernière chose qui est liée à la période de Noël avant de reprendre l’année donc c’est important », explique Valentine, jeune pâtissière de 27 ans.
Un phénomène commercial
L’incontournable dessert de janvier est devenu un business lucratif pour les pâtissiers et industriels, qui réalisent jusqu’à 10% de leur chiffre annuel, selon Agro-média. Chaque année sont vendues plus de 30 millions de galettes en janvier en France. Un phénomène qui touche tous les Français, et se partage, entre amis, entre familles ou entre salariés. « Avec l’entreprise, on a fait notre galette des rois, le plus jeune est allé sous la table. Quitte à manger une galette, autant jouer le jeu qu’il y a autour », poursuit Valentine. Le marché est donc plutôt rentable pour les pâtissiers, qui n’hésitent pas à laisser libre cours à leur imagination et à rivaliser d’ingéniosité pour attirer le client. Galette au chocolat, galette aux pommes, la tradition s’est bien diversifiée. Toutefois, la traditionnelle frangipane reste la plus consommée, et ce à 80%. Et les Français n’hésitent pas à payer plus cher, jusqu’à 50€ la galette, pour profiter d’une fabrication artisanale.
Le phénomène commercial est si puissant qu’on en a oublié la véritable histoire, devenue un énième phénomène de consommation dont le seul but est de manger pour partager ; c’est ce que suggère Jules, jeune homme que nous avons rencontré : « C’est convivial, c’est bien pour tout le monde, c’est à partager ; il y a la fève, c’est toujours bien pour les enfants. En famille, on la fait tout le temps ». Pourtant, Valérie, enseignante et mère de trois enfants, se souvient de la tradition chrétienne : « moi je suis catholique, c’est une tradition religieuse après Noël. On parle des Rois Mages chez nous dans les pays catholiques latins ».
La longue histoire de la galette…
Fête commerciale ou tradition culturelle ? En réalité, la galette est l’héritage d’une tradition païenne ; elle vient des Saturnales, fête romaine qui célébrait Saturne et le retour progressif du soleil par un repas partagé entre maître et esclaves, d’après le dictionnaire Littré. Une fève – premier légume qui pousse au printemps – était glissée dans un gâteau dont l’aspect rond rappelait le soleil. Puis au XIVe siècle, l’Église a réinvesti cette célébration, en la faisant coïncider avec la fête de l’Épiphanie, jour de l’arrivée des Rois Mages. Celui qui tombe sur la fève se voit alors attribuer le titre de roi le temps d’une journée, en référence aux Rois Mages.
Selon Nadine Crétin, docteur en histoire et spécialiste en anthropologie religieuse, « ‘’tirer un roi’’ était commun dès le Moyen-Âge, le 5 janvier. Normalement, celui qui trouvait la fève devait payer sa tournée à la tablée. Certains prétendent que les plus avares avalaient la fève afin de ne pas débourser d'argent. C'est ainsi que serait née la fève en porcelaine, pour que le roi craigne de l'avaler ».
La tradition de la galette reste propre à la France ; elle s’est seulement exportée chez nos voisins belges et suisses. D’autres pays européens ont maintenu, mais moins massivement, la coutume, élaborant leur propre spécialité : le bolo rei brioché et fruité du Portugal, la vassilopita grecque et sa pièce de monnaie cachée ou encore le pitka bulgare. Mais nulle part ailleurs la tradition n’a pris la même ampleur que la France.
Pourquoi Valérie Pécresse baisse-t-elle dans les sondages ?
C’est un début de campagne qui semble raté pour les Républicains : les sondages qui annonçaient Valérie Pécresse gagnante face à Emmanuel Macron ont bien changé depuis un mois. Selon le dernier sondage Ipsos , la place au second tour de la candidate gagnante du congrès LR n’est aujourd’hui plus assurée face à Marine le Pen qui obtient 17% des intentions de vote contre 16 pour la candidate républicaine.
Une équipe de campagne divisée
Le 28 décembre, Valérie Pécresse dévoile les noms qui forment son équipe de campagne. Parmi eux, on retrouve tous ses anciens adversaires de la primaire du parti ( Michel Barnier, Xavier Bertrand, Eric Ciotti et Philippe Juvin). On découvre également Guilhem Carayon, président des jeunes Républicains, souvent qualifié de conservateur ainsi que Florence Portelli, qui avait quitté le parti en 2019 dénonçant la droitisation du parti influencée par les idées de Laurent Wauquiez et Eric Ciotti. Le directeur de campagne, Geoffroy Didier, est quant à lui un liberal assumé qui se revendique en 2007 comme un “ Sarkozyste de gauche”, militant pour le mariage homosexuel et la legalisation de la PMA. L’équipe de campagne de Valérie Pécresse rassemble ainsi des sensibilités différentes qui semblent inconciliables, notamment sur les questions sociétales. L'électorat LR est donc lui aussi divisé et tenté de se disperser entre les différents autres candidats de la droite. Dans sa volonté de représenter l’ensemble du paysage politique de droite, Valérie Pécresse semble donc s'être perdue et se condamner à d'éternels compromis politiques, qui ont pourtant suicidé son parti à petit feu depuis la fin des années Sarkozy.
Une faible communication sur les RS
Cette campagne présidentielle se joue en grande partie sur les réseaux sociaux. L’importance de ces derniers va grandissante et le pôle communication médias des partis est devenu central. L’arrivée de nouveaux réseaux sociaux comme TikTok bouscule les codes établis et oblige les équipes à être toujours plus actives et innovantes, à utiliser l’humour pour partager et promouvoir les idées de leurs candidats. Les gérants des réseaux sociaux de Jean-Luc Mélenchon ou d’Eric Zemmour l’ont bien compris : pour séduire les jeunes, il faut aller les chercher à l’endroit où ils sont le plus souvent et le plus nombreux. Les équipes de Valérie Pécresse ont pourtant eu beaucoup de mal à s’adapter : le compte TikTok de la candidate compte 166 abonnés quand celui d’Eric Zemmour en compte 157 200. L’écart abyssal entre les candidats est le même sur l’ensemble des réseaux sociaux et explique aussi la chute des Républicains dans les sondages.
L’absence de mouvement jeunes
Cette communication défaillante empêche Valérie Pécresse de créer un véritable mouvement de jeunes militants pour son élection. Le choix de Guilhem Carayon comme porte-parole officiel de la campagne est une tentative assumée de pallier cette défaillance. Le jeune homme, sur ses réseaux sociaux, tente de fédérer ses militants autour d’une campagne de “ panache”, de “ droite assumée”. Le syndicat étudiant UNI, traditionnellement associé au parti des Républicains ne participe pas à la campagne et certains de ses membres les plus importants ont même été aperçus à Villepinte ou à la Journée du Conservatisme , scandant “ Zemmour président”....
Une personnalité faible
Cette présidentielle est aujourd’hui un combat entre candidats et non entre partis. Les figures d’Emmanuel Macron, de Marine le Pen ou d’Eric Zemmour fédèrent des soutiens autour du personnage qu’ils incarnent. Valérie Pécresse, elle, est noyée dans les personnalités fortes qui l’entourent. Ses soutiens sont finalement ceux du parti et non d’une candidate. Obtenir de nouveaux électeurs en se montrant comme un leader politique fort sera donc l’un des principaux enjeux de la campagne de la candidate
Présidentielles 2022 : un nouveau sondage donne Marine Le Pen au second tour
Bonne nouvelle pour la présidente du Rassemblement National : le récent sondage Ipsos réalisé pour Le Parisien et France Info la place au second tour face à Emmanuel Macron, avec 17 % des intentions de vote. Un rebond bienvenu dans sa campagne.
2022 commence bien pour Marine Le Pen : l’un des premiers sondages de l’année est prometteur. Pour le moment en tout cas. À l’heure où la campagne présidentielle entame sa dernière ligne droite, le sondage Ipsos-Sopra Steria publié le 7 janvier pour Le Parisien et France Info lui concède 17 % des voix. Emmanuel Macron a progressé avec 26 % des voix dans la foulée de ses propos-chocs sur les non-vaccinés. Le « président-candidat » a gagné 1 point par rapport à la vague de décembre, distançant ainsi Marine Le Pen de 9 points. Cette progression fulgurante pourrait-elle s’expliquer par les rumeurs montantes sur sa candidature ou bien sa promesse « d’emmerdement » des antivax ? Marine Le Pen a gagné 1 point en un mois elle aussi. Conséquence non négligeable : elle creuse l’écart avec l’ancien polémiste, Eric Zemmour, relégué à la 4e place de la course au pouvoir, avec 12 % des voix au premier tour, tandis que la candidate des Républicains, Valérie Pécresse, s’agrippe à sa rivale du Rassemblement National en stagnant à 16 %.
Autres données de l’enquête : si Macron et Le Pen passent le cap du premier tour et si le scénario de 2017 se répète cette année, l’écart du second tour sera encore plus grand que celui du premier : 58 % contre 42 % en faveur du presque-candidat de La République en Marche. Ceci pour une raison évidente : l’électorat de gauche fera barrage à la candidate du RN à tout prix, tout comme 48 % de l’électorat de Pécresse.
Mais aujourd’hui, seulement 39 % des sondés croient à une victoire de Macron. Tout ne semble donc pas encore joué pour le chef de l’État.
La stratégie lepéniste : faire de la défaite de 2017 un tremplin vers la victoire
Face au pôle position prévu d’Emmanuel Macron, Marine Le Pen ne lâche pas l’affaire, bien au contraire. Elle aussi a de l’expérience, celle de la défaite de 2017, et elle ne tient pas à reproduire les mêmes erreurs. Contrairement à Eric Zemmour dont les déplacements dans la population sont tous nouveaux, Marine Le Pen est en campagne depuis 2017, et l’entreprise de dédiabolisation du RN est à l’œuvre depuis plus longtemps encore, depuis que Jean-Marie Le Pen a laissé sa fille assurer la relève. Selon Brice Teinturier, directeur général d’Ipsos, « Zemmour a cessé de siphonner son électorat, elle (Marine Le Pen) peut espérer être au second tour. On revient à la situation d’avant le phénomène Zemmour ».
Cependant, double enjeu pour celle qui se présente pour la 3e fois à la présidence de la France : réinstaller le duel avec Macron et garder un œil sur Zemmour. Car sans la candidature de ce dernier, le même sondage estime que Marine Le Pen talonnerait Emmanuel Macron à 25 %. Pointilleuse, elle inspecte les points faibles de l’ancien polémiste pour tenter de s’en démarquer : pour elle, l’essoufflement de Zemmour s’expliquerait par la violence de ses propos, sa focalisation sur des thèmes clivants tels que l’identité et l’immigration, sa vision de la France qu’elle juge « rabougrie ». Elle estime que l’entreprise de dédiabolisation de son parti sera récompensée face aux écarts de son rival d’extrême-droite. Mais pour se démarquer de Macron, Le Pen est résolue : elle veut parler d’autre chose que de l’épidémie de covid. Selon elle, « Macron se sert de la crise sanitaire pour rentrer en campagne ». Autre objectif : viser ceux que le chef de l’État oublie. La candidate du RN le sait, elle recrute surtout parmi les jeunes ouvriers, artisans et commerçants, plutôt ruraux. C’est ce qu’elle doit viser, la France profonde qu’elle veut remettre à l’honneur et valoriser. Ainsi, en déplacement à Béziers ce vendredi, ses discussions avec le maire, Robert Ménard, ont essentiellement tourné autour de l’aménagement du territoire, de la politique sur le patrimoine ou du tourisme. Un discours qu’elle veut réitérer aujourd’hui à Carcassonne et demain à Perpignan.
La présidente du RN reste donc fidèle à elle-même et garde les rênes de son parti : l’immigration et la sécurité sont aussi mis sur la table. Dans sa lancée, elle assouplit son discours sur certaines thématiques et veut inscrire la « priorité nationale » dans la constitution, dans l’emploi comme dans l’octroi d’allocations ou la prise en charge médicale.
Avec l’annonce de son soutien à Marine Le Pen, le maire de Béziers a voulu encourager les efforts de cette dernière : « il y a quelques années, tu étais plus clivante que tu ne l’es (...). Marine, elle fait une campagne très différente de 2017, elle a pris une dimension différente, elle incarne mieux la fonction présidentielle ». Il la considère « plus ouverte aux autres, plus raisonnable ». « Marine » brandit à bras le corps son « slogan de Mayotte » : « rétablir l’autorité de l’État ».
Achat du logiciel espion Pegasus : la Pologne sur la sellette
La Pologne a admis avoir acheté le logiciel espion Pegasus. Surveillance de l’opposition ou simple moyen de combattre la criminalité, le gouvernement se confond en explications tandis que les preuves s’accumulent.
Le vendredi 7 janvier 2022, le premier ministre polonais Jaroslaw Kaczynski lui-même finit par avouer. La Pologne s’est procuré le fameux logiciel espion Pegasus. Installé sur n’importe quel téléphone, il peut en exfiltrer les données et espionner son utilisateur sans risque d’être démasqué.
Le gouvernement, sommé de se justifier, affirme que l’achat du logiciel n’est pas destiné à espionner l’opposition, mais seulement à prévenir la criminalité. Le laboratoire Citizen Lab, qui a enquêté sur les potentielles cibles de Pegasus, révèle pourtant que Krzysztof Brejza, sénateur de ladite opposition, a été surveillé en 2019 au moment des élections législatives, qu’il a perdu. Son parti Plate forme civile (PO), placé à droite sur l’échiquier politique, est persuadé qu’il y a un lien. Pourtant, le vice premier ministre a déclaré qu’il « serait mauvais que les services polonais ne disposent pas de ce type d’outil ». Dans l’entretien, il justifie cet achat. Le logiciel, est, semble-t-il, « utilisé par les services de lutte contre la criminalité et la corruption dans de nombreux pays ». Et que l’utilisation qu’en fait le gouvernement est contrôlée et mesurée, « toujours sous le contrôle d’un tribunal et du bureau du procureur ».
Les révélations du vice premier ministre ne sont que « la pointe de l’iceberg » révélant un « glissement autoritaire » en Pologne, scandent les opposants.
Donald Tusk, président du parti de l’opposition, qualifie cette révélation de « la plus grande, la plus profonde crise pour la démocratie depuis 1989 », puisque que c’est l’argent public qui a vraisemblablement permis à la Pologne d’acquérir le logiciel, à hauteur de 5 millions d’euros. D’abord nié par le gouvernement, une facture retrouvée par le président de la Cour des comptes confirme les dires.
Un logiciel espion dangereux
Le logiciel Pegasus est très performant. Une fois installé sur votre téléphone, il peut voir vos vidéos et vos photos, vous géolocaliser et vous mettre sur écoute. 17 médias dont Le Monde, ont révélé fin août 2021, que plus de 50 000 numéros sont susceptibles d’être surveillés par Pegasus. Et pas des numéros lambda, Édouard Philippe et Emmanuel Macron sont sur la liste potentielle.
Le logiciel est développé par NSO Group, une start-up israélienne, placée depuis sur la liste noire des entreprises par les États-Unis. Pegasus a été acheté par pas moins de 60 pays, dont le Mexique et le Maroc. La France s’était déjà questionnée sur le sujet mais n’a pour le moment pas cédé.
Climat de crise politique en Pologne
Déjà pointée du doigt par Bruxelles dans ses atteintes aux libertés et droits fondamentaux, Varsovie est en mauvaise posture, alors que l’Allemagne et l’Espagne, qui se sont aussi procuré le logiciel, n’ont pour l’instant subi aucune remontrance.
L’espionnage et l’intrusion dans la vie privée viole totalement les traités européens. Et étant membre de l’Union Européenne, la Pologne doit justement respecter les traités.
Le pays est dans le collimateur des autorités européennes depuis des années. Tensions à sa frontière avec la Biélorussie, homophobie non sanctionnée, avortement interdit, primauté du droit national sur le droit européen, la liste est longue.
Cet aveu ne conforte pas la position de la Pologne dans les relations internationales, d’autant plus qu’il fragilise le pouvoir. Le gouvernement s’attire aussi les foudres de Berlin en déclarant que l’Allemagne veut faire de l’Union Européenne le quatrième Reich. Le pays adopte des mesures pour renier en quelque sorte le droit européen. La situation se dégrade peu à peu. Les prochains mois seront cruciaux pour déterminer l’avenir du pays au sein de l’Union Européenne. Il en est un acteur majeur mais en même temps contesté.
La primaire populaire : un échec annoncé ?
Les temps sont durs pour la gauche depuis le début de la campagne présidentielle. Les divisions sont fortes et aucun candidat ne parvient à dépasser la barre des 10 % d’intentions de vote. Quelques mois après le déclenchement de la primaire populaire à gauche, il semblerait qu’elle enthousiasme peu les foules, et contribue à multiplier encore le nombre de prétendants.
L’objectif d'une primaire est simple : permettre au candidat désigné de se qualifier au second tour de la présidentielle. Depuis octobre 2020, Samuel Grzybowski réfléchit à l’organisation de la primaire à gauche. L'entrepreneur social propose un système ouvert. Au lieu d’avoir des candidats déclarés élus sur un programme, il suggère que militants et sympathisants parrainent la personnalité la plus représentative de leurs idées, qu'il s'agisse par exemple de la défense de l’environnement, des droits LGBTQ ou du combat contre le racisme. En octobre dernier, neuf personnalités ont été sélectionnées dont trois déjà investies par leurs partis : Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot et Anne Hidalgo. Depuis quatre ans, les grandes structures ont du mal à mobiliser les électeurs de gauche. L'initiative de la primaire ouverte vient un peu tard et divise. Plusieurs candidats de gauche déjà déclarés comptent bien mener leur campagne jusqu’au bout, tant qu'ils peuvent espérer faire plus de 5 %.
L’impossible union des gauches
La perspective ouverte par Samuel Grzybowski séduit des intellectuels et des militants. Mais l’initiative ne plaît pas aux candidats, comme celui d'Europe Ecologie les Verts, Yannick Jadot, déjà désigné par une primaire, qui plafonne pour l'instant à 5 % des intentions de vote. Jean-Luc Mélenchon, crédité au mieux de 12 % des intentions de vote, refuse lui aussi cette perspective. Quant à Anne Hidalgo, elle n’a plus qu’à espérer que les militants de gauche la choisissent, ce qui semble mal parti. Son profil parisien fait fuir nombre d’électeurs, en témoigne son niveau actuel dans les sondages : entre 4 et 5 %. La possible candidature de Christiane Taubira, sélectionnée par les électeurs de la primaire populaire, ne va pas faciliter l'unité de la gauche. Reste à savoir si elle osera faire le pas de se présenter. Ses derniers déplacements en Ariège et ses attaques à propos des propos de la droite font croire que cette candidature est presque officielle. Elle annoncera si oui ou non elle fait ce pas le 15 janvier prochain.
Le problème de la gauche : les idées
Certaines personnalités comme Manuel Valls affirment que la déprise de la gauche est due à son revirement idéologique. Depuis quelques années, elle centre ses luttes exclusivement sur le plan sociétal et environnemental, et délaisse ses combats traditionnels : la défense des droits des ouvriers et des salariés, ou des personnes à revenu modeste. Ce sont désormais des causes culturelles qui la préoccupent : l'écologie, le wokisme et la cancel culture, les droits LGBTQ, ou la fin du nucléaire. Mais ces sujets répondent-ils vraiment aux préoccupations des Français ? La gauche s'éloigne du peuple depuis trop longtemps, alors qu’elle a toujours prétendu le représenter. Sans doute que la grève de la fin, entamée le 5 janvier par le président de Nouvelle Donne et candidat sélectionné à la Primaire populaire, Pierre Larouturou, avec une dizaine d'autres militants, ne suffira pas pour convaincre les candidats de gauche à s'unir non plus. Il ferait peut-être mieux de manger à sa faim, et de proposer des idées qui dépassent, si possible, la question du réchauffement climatique, son principal cheval de bataille depuis une dizaine d'années. Peut-être que le candidat sélectionné les 27 et 30 janvier prochains à la primaire populaire saura comprendre ce problème. En tous cas, la Primaire populaire ne semble pas être la solution pour renouveler la gauche.
La difficile communication du pape dans les affaires de l’Eglise en France
Lundi 13 décembre, le pape François recevait la Conférence des évêques de France à Rome. Cette rencontre n’a rien d’inhabituel, mais le menu était chargé : rapport sur les abus sexuels dans l’Eglise et démission de Mgr Aupetit. Face aux difficultés rencontrées par l’Eglise en France, le souverain pontife adopte une attitude jugée mesurée par certains, douteuse par d’autres.
Depuis le Vatican, les soucis de l’Eglise en France semblent dépasser le saint Père. Deux événements récents le manifestent particulièrement. D’abord, la démission de Mgr Aupetit qui déclare au Parisien le 14 décembre que le pape “ a un peu mélangé les éléments de l’histoire ». Les propos de ce dernier dans l'avion qui le ramenait de Grèce le 6 décembre étaient en effet troublants. Autre point d'ambiguïté : la suspension de la réunion avec les membres de la Commission indépendante pour les abus sexuels dans l’Eglise initialement prévue le 9 décembre. S’il est vrai que l’Eglise en France n’est pas la première préoccupation du Vatican, les décisions du saint Siège montrent qu’il ne dispose pas de tous les éléments. En témoignent les propos tenus lors de la réunion du lundi 13 décembre avec les membres de la CEF.
Des propos (d)étonnants sur l’affaire Aupetit
Cette rencontre a été l’occasion pour l’évêque de Rome de revenir sur la démission de l’archevêque de Paris et de réaffirmer sa tristesse à ce propos : « Il nous a simplement dit sa tristesse devant cette situation et la décision qu’il avait dû prendre », rapporte Mgr de Moulins-Beaufort. En effet, Mgr Aupetit a été contraint de présenter sa démission au Vatican après une enquête à son sujet parue dans le Point le 22 novembre dernier, enquête laissant supposer une liaison féminine datant de ses années de vicaire général. Malgré « toute son estime (...) pour l’action pastorale de Mgr Aupetit », le pape n’a eu besoin que de 10 jours pour répondre à sa demande par l’affirmative. Lors de l’audience, il « a redit ce qu’il avait dit dans l’avion, à savoir qu’il avait pris cette décision sur l’autel de l’hypocrisie et non pas de la vérité parce qu’il estimait que le climat qui avait été créé ne permettait pas à Mgr Aupetit de gouverner le diocèse paisiblement », rapporte Mgr de Moulins-Beaufort. Allant jusqu’à donner des détails des gestes qui pouvaient avoir existé entre l’archevêque et la femme en question - de quoi créer un certain malaise chez les fidèles -, le pape reconnaît donc que l’accusation portée contre son évêque est injuste.
Mais de deux choses l’une. D’abord, s’il y a vraiment eu faute ou ambigüité de la part de l’archevêque, pourquoi regretter sa démission ? Et si au contraire, il est innocent, pourquoi ne pas le défendre ? En outre, il est certain que les détails échappent complètement au pape François qui confond la secrétaire et la paroissienne concernée par l’affaire.
Changement d’agenda pour la commission Sauvé
« Le Saint-Père nous a beaucoup encouragés, nous a beaucoup remerciés. Il a souligné la dignité de notre attitude et de notre manière de prendre en compte le rapport de la Ciase », a déclaré Mgr Éric de Moulins-Beaufort à la suite de son audience avec le pape. Ce rapport choc commandé par la CEF et publié le 5 octobre dernier par la Ciase a donc été salué par le pape qui se montre satisfait des décisions des évêques français. Pourtant, une analyse critique du rapport Sauvé diffusée fin novembre par huit membres de l’Académie catholique de France paraissait avoir freiné le saint Père dans son enthousiasme. En la recevant, il invitait la semaine dernière à la « prudence » sur « l’interprétation » du rapport Sauvé, bien qu’il ne l’ait pas lu. La réunion avec les membres de la Ciase initialement prévue le 9 décembre avait donc été suspendue.
Mais le saint Père n’en a touché mot lors de son audience lundi : « Le pape nous a dit […] qu’il souhaitait tout d’abord nous entendre et s’est montré tout à fait disponible sur le principe de recevoir les membres de la Ciase. Reste maintenant à trouver la date opportune », a déclaré Mgr Éric de Moulins-Beaufort à Rome. Le pape François souhaite vraisemblablement recueillir tous les avis avant de donner la marche à suivre… Les catholiques n’ont plus qu’à espérer qu’elle sera ferme et sans appel quant à l’interprétation du rapport.
Indemnité inflation : du chèque énergie au chèque de la discorde
Mise en place par Matignon jeudi 21 octobre pour lutter contre la flambée des prix de l’énergie et des carburants, l’« indemnité inflation » continue de diviser la classe politique. Sur cette mesure contestée, l'opposition prend bruyamment la parole.
Pour préserver le pouvoir d'achat, Jean Castex avait annoncé la création d'une aide exceptionnelle de 100 euros. Les Français aux revenus inférieurs à 2000 euros net par mois pouvaient en bénéficier. La mesure concerne 38 millions de personnes. A droite comme à gauche, l'opposition fustige une mesure jugée "dérisoire". Jordan Bardella, nouveau président du Rassemblement national, y voit un "speculos de 100 euros" de la part d'un gouvernement qui "ne comprend strictement rien à la souffrance des Français, à [leur] détresse sociale". Il dénonce également le coût d'un tel projet - 3,8 milliards d'euros - et ses conséquences sur le déficit public. Chez les Insoumis aussi, le ton est dur. Eric Coquerel, député de Seine-Saint-Denis, dénonce une "indemnité de la trouille". L'occasion de rappeler au gouvernement l'origine de la contestation populaire des Gilets jaunes, trois années plus tôt : la hausse des prix des carburants.
Un gouvernement critiqué pour ses effets d’annonce
Avec la discrète mais réelle reprise du mouvement des Gilets jaunes à la rentrée, l’opposition déplore des "effets d’annonce" destinés à apaiser la grogne montante des Français. Michel Barnier, candidat malheureux à la primaire de la droite, dépeint la mesure comme "la conjugaison de l’opportunisme électoral et de la bureaucratie". Mise en place à partir de décembre 2021, cette mesure s'inscrit bel et bien dans un contexte de campagne présidentielle. Invitée de France Info samedi 23 octobre, Amélie de Montchalin, ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, a défendu une "mesure d'urgence", "ciblée" pour réagir au "choc soudain inflationniste" créé par la crise sanitaire et économique. "Tous ceux qui nous expliquent que c'est électoraliste sont ridicules", a-t-elle blâmé pour faire taire les contradicteurs.
Une tribune pour les candidats à la présidence
La polémique sur le bien fondé de cette mesure aura pourtant créé une tribune idéale pour l’opposition, et plus particulièrement pour les candidats à la présidentielle. Michel Barnier n’entendait pas seulement critiquer l’action gouvernementale. Rapidement, il saisit l'occasion de présenter ses solutions à la problématique des taxes qui représentent aujourd'hui près de 60% du prix des carburants. Sur BFM TV, il exprimait sa volonté de "supprimer la TVA sur les taxes" et d’"arrêter de distribuer des chèques qui sont d'ailleurs de plus en plus des chèques en bois ou en blanc aux générations futures". Sandrine Rousseau, alors candidate écologiste à la présidence, réagissait par un tweet acéré : "100 balles et 1 mars. Et circulez il n’y a rien d’autre à voir". Entre les effets d'annonce de certains et les tribunes exaltées des autres, la campagne présidentielle semblait donc bien lancée.
Un appel à la baisse des taxes
Finalement, c’est face au Premier ministre que les diverses familles de l'opposition trouvent un terrain d'entente. Julien Odoul, porte-parole du Rassemblement national, dénonce un "gouvernement [qui] multiplie les fausses excuses pour ne pas diminuer les taxes". Ferme, il propose "une réduction immédiate de la TVA de 20 à 5,5%". Le discours est le même chez Arnaud Montebourg. L'ancien ministre socialiste et candidat à l'élection présidentielle n'a qu'un slogan : "Baissez vos taxes !"
La COP26 de Glasgow, un échec ?
Du début à la fin, la COP26 de Glasgow fut marquée par l'indifférence, aussi bien chez de nombreux chefs d'État que dans l’opinion publique mondiale. Elle s'est terminée le samedi 13 novembre dernier avec un accord conclu in extremis qui n'a paru satisfaire personne.
La conférence sur le climat de Glasgow commençait mal dès le départ, le 31 octobre 2021, et elle n’a pas vraiment mieux fini. Dès le début, Boris Johnson affirmait sa déception, en particulier à cause de l’absence du président chinois Xi Jinping, dont le pays est le premier pollueur de la planète. Le ton était ainsi donné, on ne devait pas s'attendre à ce que des engagements historiques soient pris à l'issue de la conférence. Le contenu de l'accord du 13 novembre dernier a d'ailleurs confirmé la perspective pessimiste du Premier ministre anglais.
Un point d’étape décevant
L’objectif de ce sommet était de faire un point sur la mise en œuvre de l’accord de Paris, signé en 2015. Repoussée d’un an, à cause de la crise de la Covid-19, la conférence sur le climat a commencé sur un constat décevant, face aux faibles résultats obtenus six ans après. L’émission des gaz à effet de serre a augmenté dans le monde entier, et les aides apportées par les pays dits "riches" aux pays en voie de développement n’ont pas atteint les 100 milliards par an prévus dans l'accord de 2009. Toutefois, cela n’a pas empêché l’inclusion de nouvelles mesures pour les années à venir.
Quelles « avancées » pour le climat ?
Il aura fallu plusieurs nuits de tergiversations pour que les 197 États participant à la COP26 arrivent à un accord commun, assez insignifiant dans l’ensemble. La fin de l’exploitation des énergies fossiles d’ici la fin de l'année 2022, en particulier le charbon, est un des objectifs majeurs fixés. Ensuite, les États s’engagent à réduire de 45% les émissions de gaz à effet de serre, d’ici 2030. On en est encore bien loin. La réduction des émissions de méthane est une autre mesure phare introduite dans le texte. Bien sûr, l’accord réaffirme l’objectif de limiter l’augmentation de la température mondiale à 1,5°C d’ici 2050. Rien de très neuf donc, si ce n’est que cet objectif paraît de moins en moins réalisable, d'autant que l’ONU estime qu’au vu des résultats de l’application des accords de Paris, une augmentation du mercure de 2,7°C est envisageable. D’ailleurs, la plupart des chefs d’État ne sont pas sortis enthousiastes de ce sommet.
Des avis mitigés
« L’accord […] est un grand pas en avant », affirmait Boris Johnson dimanche dernier. Le Premier ministre britannique ne pouvait pas faire profil bas. Mais sa déclaration est loin d’être représentative de l’humeur des autres chefs d’État. La Chine et l’Inde, bien que signataires du traité, sont insatisfaites. Le point de désaccord est l’insistance dans le texte sur la réduction de l’usage des énergies fossiles, en particulier le charbon, dont ils sont les premiers consommateurs mondiaux. La ministre de la Transition énergétique Barbara Pompili n’a pas caché, quant à elle, sa déception samedi dernier, en concédant qu’il « n’était pas le texte plus ambitieux du monde ». Jennifer Morgan, directrice de Greenpeace, a exprimé sa colère face à ce texte : « C’est mou, c’est faible, et l’objectif de 1,5°C est à peine en vie », a-t-elle déploré. L’on reconnaîtra tout de même qu’il est difficile de satisfaire ce mouvement et ses leaders, pour qui la planète est en perdition depuis déjà longtemps. Malheureusement pour eux, leurs prédictions alarmistes sont loin de s'être révélées vraies pour l'instant.
Un sommet mal venu
Le contexte diplomatique très tendu entre les États-Unis et la Chine sur la question taïwanaise ne pouvait être occulté par un sommet sur le climat, malgré l’importance que tant de commentateurs ou de militants voulaient donner à la question. Il faudrait que la lutte contre le réchauffement climatique soit l’occasion de dépasser les divisions entre les pays et la recherche de leurs intérêts propres. Mais la réalité finit toujours par refaire surface : la défense et la sécurité des intérêts stratégiques des États-Unis et de la Chine sont prioritaires ; le climat à côté de cela, n’a aucune importance ou presque.
L’accord symbolique entre la Chine et les États-Unis
Samedi matin, le président américain Joe Biden s’est gargarisé d’avoir trouvé un accord avec la Chine, le 10 novembre dernier. Dans le texte, la Chine et les États-Unis rappellent les engagements, pris lors de la COP21, à réduire les émissions de méthane et l’usage des énergies fossiles, dès 2022, en particulier le charbon. Mais cet accord n’engage en rien les deux parties. Leurs préoccupations sont assez éloignées de la question climatique. Et sans doute que dans les semaines à venir, elles le seront encore.
Alzheimer : les vraies causes de la progression de la maladie identifiées par des chercheurs en vue d'un traitement
Dans une étude publiée vendredi 29 octobre par la revue scientifique américaine Science Advances, des chercheurs ont observé les causes de l’évolution de la maladie d’Alzheimer dans différentes zones du cerveau. Cette découverte pourrait améliorer les traitements de dizaines de millions de patients à travers le monde.
La maladie d’Alzheimer nous dévoile peu à peu ses secrets. Des scientifiques révèlent, dans la revue Science Advances, la présence d’amas de protéines toxiques réparties dans le cerveau des patients atteints par la maladie. S’agrégeant au fil des années dans différentes zones de l'encéphale, ces protéines seraient responsables du déclin cognitif lié à la maladie d’Alzheimer. Première étude à s’appuyer sur des données humaines, celle-ci contredit les recherches jusque-là menées sur des souris.
Deux protéines produites dans le cerveau responsables d’Alzheimer
Les résultats de l'étude montrent que les molécules responsables de la dégénérescence ne s'établiraient pas à partir d'un point fixe du cerveau, mais s’installeraient très rapidement dans plusieurs zones de celui-ci. Selon le Dr. Meisl, professeur de chimie à l’université de Cambridge (Royaume-Uni) et principal auteur de l’article, « deux éléments ont rendu ce travail possible ». Ainsi, il se fonde sur « l’étude de données très détaillées venant de TEP-Scan [Tomographie par Émission de Positions couplée à un scanner] et de divers ensembles de données rassemblées » ainsi que sur « des modèles mathématiques qui ont été développés au cours des dix dernières années ».
L’exploitation de 400 échantillons de cerveaux humains de personnes décédées, atteintes de la maladie d’Alzheimer, couplée à l’analyse de 100 cerveaux de malades vivants par TEP-Scan, a permis de suivre l’évolution de deux protéines responsables : tau et bêta-amyloïde. Leur accumulation dans le cerveau provoque la mort des cellules cérébrales et un rétrécissement de l’encéphale.
Vers un possible traitement de la maladie d’Alzheimer
Co-auteur de l’étude et chercheur au département de chimie de l’université de Cambridge, le Pr. Knowles déclare que « cette recherche montre l’intérêt de travailler avec des données humaines plutôt qu’avec des modèles animaux imparfaits ». Le scientifique indique que « maintenant, nous sommes en mesure d’étudier ce processus au niveau moléculaire chez de vrais patients, ce qui est une étape importante pour un jour développer des traitements ». Avec ces nouvelles ressources disponibles, la recherche a progressé de façon considérable dans l'étude des maladies neurodégénératives. En effet, le professeur ajoute : « La principale découverte est que le fait d’arrêter la réplication des agrégats plutôt que leur propagation sera plus efficace aux stades de la maladie que nous avons étudiés ».
Dans un communiqué de l’Alzheimer’s Research UK, la chercheuse Sara Imarisio espère « que cette étude et d'autres permettront d'orienter le développement de futurs traitements ciblant la protéine tau, afin qu'ils aient plus de chance de ralentir la maladie et d'aider les personnes atteintes de démence. » À en croire le Pr. Knowles, ces nouvelles méthodes de recherche pourraient bien apporter une compréhension renouvelée de l’ensemble des maladies neurodégénératives, avec l’espoir pour des millions de patients de voir l’arrivée prochaine de traitements préventifs.
Ciotti : la surprise du congrès des Républicains
Éric Ciotti, vainqueur du premier tour de la primaire des Républicains, a surpris tous les commentateurs, à commencer par les sondeurs. Ceux-ci partaient du principe que ce serait Xavier Bertrand ou Valérie Pécresse qui s'imposeraient. Avec 25,6% des voix, et fort d’une participation de 80%, il donne de nouveaux espoirs aux anciens fillonistes et à toute une frange libérale-conservatrice dans son parti.
Une grande joie et un grand enthousiasme se sont emparés des militants et des soutiens d’Eric Ciotti dans l’après-midi du 2 décembre. Le candidat le moins attendu de la primaire, a nettement devancé ses adversaires, en remportant 25,6% des votes exprimés par les militants du congrès LR. Xavier Bertrand et Michel Barnier sont arrivés respectivement troisième et quatrième du scrutin, avec un score avoisinant les 23-24%. Le quatrième homme, qu'on s'attendait à voir jouer de nouveau le rôle de soutien du vainqueur, est finalement le premier de la course. Il devance de peu Valérie Pécresse, qui recueille 25% des suffrages, juste derrière lui.
« C’est un redressement national »
C’est en ces mots qu’Éric Ciotti a débuté son allocution devant un parterre de journalistes. C’est sans doute la première fois que les médias portent autant d’intérêt au candidat victorieux du premier tour. Eric Ciotti prétend incarner une droite qui s’assume, avec un programme qu’il a souvent revendiqué de « radical ». Finies les demi-mesures dans le domaine de la sécurité, de l’immigration ou encore de l’économie. Ciotti est le candidat de la sécurité, de l’ordre et des baisses d’impôt. Il se prétend celui qui rassemble tous les fillonistes déçus, et ceux qui seraient encore tentés de rejoindre la Rassemblement national, et surtout Éric Zemmour.
« Je n’ai jamais quitté le parti »
Ciotti est le candidat de la loyauté. Il n’a pas manqué de le rappeler ces derniers mois, pour se démarquer de ses deux principaux concurrents Xavier Bertrand et Valérie Pécresse. L’un et l’autre avaient claqué la porte des LR, en 2017 et 2019, dénonçant la ligne trop radicale du parti. Ils ont été forcés de le rejoindre en fin de compte. Le plus récalcitrant, Xavier Bertrand, ne peut que le regretter, maintenant qu’il est disqualifié pour le second tour de la primaire.
Un combat difficile en perspective
La victoire du « candidat de la radicalité » au premier tour ne signifie pas qu’il a ses chances pour le second. « Ciotti est le Sandrine Rousseau des Verts », affirmait l’éditorialiste au Figaro Carl Meeus sur le FigaroLive hier après-midi. Il est capable de rassembler une frange importante de la droite LR, mais pas de l’unir. Les ralliements immédiats de Xavier Bertrand, Michel Barnier et Philippe Juvin à Valérie Pécresse après l’annonce des résultats, sont le signe qu'un front anti-Ciotti s'est bien formé pour le second tour, au sein du parti (second tour qui a débuté ce matin). Les militants suivront-ils les consignes de leur champion ou non ? Tout dépendra de la capacité de Ciotti à rassembler, tout en conservant son image d’homme de convictions. Nous saurons samedi s’il y est parvenu.
Emmanuel Macron est allé voir le pape au Vatican
Ce vendredi 26 novembre, Emmanuel Macron s’est rendu au Saint-Siège pour la seconde fois de son quinquennat. L’occasion d'envoyer des signaux aux catholiques à cinq mois de l'élection présidentielle.
Le chef de l’État ne l’a pas caché : c’est bien lui qui a demandé à s’entretenir avec le pape François, à l'occasion de son voyage officiel en Italie. Arrivé à la Maison pontificale à 11 heures, Emmanuel Macron en est ressorti à 13h20, alors que l’emploi du temps officiel prévoyait 12h30. Le tête-à-tête a presque duré une heure, ce qui est long et rare, et signe la bonne entente entre les deux hommes. Cette familiarité s’illustre par leur attitude après l’échange : une bonne poignée de main, un tutoiement, et les cadeaux traditionnels échangés. Pour faire honneur au passé jésuitique du pape François, le président français lui a offert deux biographies de Saint Ignace de Loyola dont l’une écrite par l’académicien François Sureau, proche du souverain pontife sur les questions migratoires. De son côté, le pape a remis à son homologue français une peinture sur céramique représentant la basilique Saint Pierre et des textes papaux. Des embrassades chaleureuses ont clos l’audience.
Un geste politique de Macron au crépuscule de son (premier) quinquennat
Un mois après la venue du Premier ministre Jean Castex et cinq mois avant l'élection présidentielle, la date de cette visite n’est pas anodine. Les sujets de discorde entre les catholiques et le président ont été abordés : la bioéthique, la question migratoire, l’Europe, le climat. Ces thèmes rapprochent les deux hommes, dans le cadre d’un tour d’horizon d’un « monde en crise », déstabilisé par les conflits, le changement climatique et la crise sanitaire.
Emmanuel Macron s'est dit « personnellement » défavorable à l’allongement de la durée de l’IVG de 12 à 14 semaines, et a souligné qu’il ne tenait pas à parler de la fin de vie d’ici la fin de son quinquennat. Le pape François y compte bien. La question vaccinale a aussi été mise sur la table. Le président Macron et le souverain pontife ont été d’accord sur ce point : il faut donner un accès libre au vaccin pour les pays les plus pauvres. Après le drame de la mort de 27 personnes dans la Manche, la question migratoire a été abordée. C’est ici que les visions semblent diverger : le pape s'est dit favorable à un plus large accueil des migrants, tandis qu'Emmanuel Macron lui a répondu qu’il s’agit d’une problématique étatique, non religieuse. Mais le point de convergence s'est vérifié : venir à bout de la montée inquiétante des populismes. Quant au rapport Sauvé sur les abus sexuels dans l’Église, il n'a pas été au menu.
C’est dans un tweet que le chef de l’État a résumé l’échange : « Nous partageons avec le pape François la même détermination et des valeurs universelles. »