Le Polexit n’aura pas lieu

Si la Pologne conteste la suprématie du droit communautaire sur la loi nationale, un Polexit reste peu probable. Selon un sondage Ipsos, seul 5% des Polonais soutiennent une sortie de l’UE.

Jeudi 30 septembre, le Tribunal Constitutionnel de Varsovie déclarait certains articles des traités de l’Union européenne « incompatibles » avec la Constitution polonaise. Certains experts y ont vu la première étape d’un Polexit.

80% des Polonais souhaitent rester dans l’UE. Les conservateurs savent qu’il n’est pas dans leur intérêt de promouvoir une autre solution. « Il n’y aura aucun “Polexit”. C’est une invention de propagande qui est sans cesse utilisée contre nous. Nous voyons sans réserve notre avenir dans l’UE », arguait le président (PiS) Jarosław Kaczyński. Quant au Premier ministre Mateusz Morawiecki, il réaffirmait sur Facebook que « la place de la Pologne est et sera dans la famille européenne des nations ».

La Pologne a besoin de l’Union européenne. De 2004, date de son adhésion, à 2020, elle en aura perçu 189 milliards d’euros, alors que sa contribution au budget communautaire n’aura pas excédé 61 milliards d’euros. Pour l’échéance 2021-2027, Varsovie touchera encore 170 milliards. La Pologne sera ainsi le plus grand bénéficiaire de l’UE.

Le PiS au pouvoir joue les équilibristes : il veut faire profiter le pays des avantages de la zone euro tout en préservant sa souveraineté et les valeurs traditionnelles de la société polonaise. Pour l’hebdomadaire britannique The Economist, « la Pologne pose un problème à l’Union européenne justement parce qu’elle ne veut pas partir ».


Blanquer part en campagne contre le wokisme

Le 13 octobre, Jean-Michel Blanquer lançait un « Laboratoire de la République », destiné à lutter contre le wokisme à l’école. Après avoir interdit l’écriture inclusive en mai, le ministre de l’Éducation nationale semble afficher sa volonté de protéger la jeunesse contre cette idéologie venue tout droit des États-Unis.

Arrivé chez nous dans le sillage du mouvement Black Lives Matter, le phénomène woke (« éveillé ») désigne les personnes conscientes des injustices vécues par les minorités. Les tenants de cette idéologie s’emploient à purger les mots, expressions, propos ou œuvres considérés comme racistes, homophobes, sexistes, transphobes, et autres ‑istes et ‑phobes. Cette cancel culture (culture de l'annulation) et le wokisme plus largement, arrivent en France et font couler beaucoup d’encre.

Le ministre de l’Éducation nationale mobilise 200 personnalités dans le cadre de son « Laboratoire de la République ». On y trouve les noms d'Élisabeth Badinter, grande conscience de la gauche, de l'ancien Premier ministre Manuel Valls, de la députée LREM Aurore Bergé ou de Philippe Val, ex-directeur de Charlie Hebdo. Jean-Michel Blanquer compare son laboratoire à un cercle de réflexion « à la fois intellectuel, politique et pratique » par lequel il entend proposer un « antiracisme républicain » et laïc.

La réponse républicaine de Blanquer face au wokisme peine à convaincre

Éric Zemmour s’en est pris à la position du ministre sur la transidentité, regrettant que celui-ci « se soumette aux injonctions abominables des militants LGBT ». Dans son propre camp, un de ses collègues du gouvernement lui reproche « d’hystériser le débat » et Raphaël Pradeau, le porte-parole d’Attac France, accuse son « virage à droite ». Impasse ?

Ce qui est sûr, c'est que la question woke n'a pas fini de faire parler d’elle à l’horizon 2022.


L’Éducation nationale n'empêche pas les jeunes de se radicaliser

Jusqu'aux années 60, l'Éducation nationale incarnait l'autorité du maître et la transmission du savoir. Aujourd'hui, l'esprit et les méthodes de cette institution en crise sont incapables d'empêcher la radicalisation des jeunes issus de l’immigration à majorité musulmane.

C’était il y a un an : les Français découvraient l’horreur : un professeur d'histoire-géographie égorgé et décapité par un islamiste non loin de son lycée. La victime s’appelle Samuel Paty. Effarement au gouvernement, stupeur de la classe politique, colère des Français : on parle d'union nationale, de fraternité, de laïcité et de liberté d’expression. À l’horreur du crime s'ajoute la figure de la victime. Le professeur ne représente pas seulement le savoir ; il fait le lien entre les générations et les milieux ; symbolise l’accès au travail et à l'intelligence, incarne la neutralité de l'État et la rationalité scientifique si caractéristique de la fin du XIXe siècle.

En somme, les hussards noirs étaient à la République ce que les curés en soutane noire étaient à l'Église. S’attaquer à un professeur, c’était s'en prendre à une forme d'évangélisation républicaine.

Deux sondages périment la vision héritée des hussards noirs

L’un vient de l'IFOP (septembre 2020), l’autre de la fondation Jean Jaurès (juillet 2021). Le premier dit que :

- 26 % des jeunes musulmans de moins de 25 ans ne condamnent pas explicitement les auteurs des attentats du 7 Janvier 2015 ;

- 12 % les condamnent tout en admettant partager certaines de leurs motivations ;

- 5 % déclarent ne pas condamner les frères Kouachi ;

- 13 % se disent indifférents à l’égard de ces terroristes.

Ce sondage conclut ainsi : “Au total, la proportion de Français musulmans n'exprimant de condamnation à l’égard des assassins de Charlie Hebdo est donc deux fois supérieure (18 %) à la moyenne nationale (8 %).

De son côté, la fondation Jean Jaurès posa une question aux professeurs : Samuel Paty a-t-il eu tort de faire un cours sur la liberté d'expression ?

- 9 % répondaient par l’affirmative ;

-16 % refusaient de se prononcer.

Ce sondage montre que les enseignants de moins de 30 ans sont moins attachés à la liberté d’expression qu’à un certain relativisme culturel. 

L'image que la plupart des Français se font du professeur ne correspond pas à la réalité. Héritiers de 68, ils éduquent leurs élèves dans l’idée qu’ils sont naturellement bons, libres et égaux. L'Éducation nationale les encourage à discuter plutôt qu'à sanctionner et à comprendre plutôt qu'à noter. Cette attitude n'est pas mauvaise soi, pour peu qu'elle ne s'apparente à une démission. Dans bien des cas, on assiste au règne de l’enfant roi : un être tyrannique qui pense que tout lui est dû, prompt à se faire justice lui-même.

Puisque l'élève est naturellement bon, comment ses désirs pourraient-ils ne pas l'être ? Les enseignants se retrouvent piégés par leur vision de la nature humaine. Celle-ci se retourne contre contre eux. N'éduquant plus les jeunes venus d'ailleurs ni même les petits Français, l'Éducation nationale subit la pression d'autres mœurs et d'autres lois - fort peu disposées au compromis.


Contrôler ou protéger ? Le passe sanitaire prolongé jusqu’au 31 juillet 2022

Dans la nuit du mercredi 20 au jeudi 21 octobre, l’Assemblée nationale a adopté un projet de loi reconduisant le passe sanitaire jusqu’au 31 juillet 2022 ; une énième loi qui remet en cause la liberté des Français.

Alors que le dernier bilan de la Santé publique affiche seulement 6465 personnes hospitalisées en France pour cause de Covid-19, le gouvernement continue à s’inquiéter de l'immunité des Français face au coronavirus ; de fait, Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, a affirmé qu’il y avait une "reprise de l’épidémie », lors de sa conférence de presse ce mercredi 20 octobre. L’appel à la vigilance devant l'arrivée d'une cinquième vague a donc été lancé, et entendu des Français, puisqu’à ce jour, 76% de la population est vaccinée, selon la Santé publique.

Mais cela n'est pas suffisant pour contenter et rassurer le gouvernement. C'est du moins la preuve que nous laisse l’Assemblée nationale : voté à 135 voix contre seulement 125, le projet de loi « vigilance sanitaire » a été adopté dans la nuit du mercredi 20 au jeudi 21 octobre. Celui-ci offre la possibilité de recourir une fois de plus à l’état d’urgence sanitaire et prévoit de prolonger le passe jusqu’au 31 juillet 2022.

19 millions de Français non vaccinés

Voté dans la nuit du mercredi 20 au jeudi 21 octobre, le projet de loi semble passer inaperçu, perdu entre la hausse des prix des carburants et les débuts de campagnes présidentielles. En réalité, cette mesure excessive, qui survient après une accumulation de restrictions - confinement, port du masque, fermeture des commerces, obligation vaccinale... - n’a pour seul objectif que de sanctionner la désobéissance des 19 millions de Français non-vaccinés, qui devront se plier à la loi ou débourser la somme de 25 euros pour profiter des restaurants, spectacles et salles de sport, le test étant désormais payant.

Les directeurs connaîtront le statut vaccinal des élèves

Plus encore, le projet de loi inclut un amendement qui permettrait aux directeurs d’établissements scolaires de connaître le statut vaccinal des élèves, de quoi laisser perplexe quant au respect du secret médical. Une loi qui, en définitive, est l’expression d’un état un peu trop protecteur, et qui place l’intégrité physique au-dessus du droit fondamental de la liberté. Pourvu que Mirabeau, promoteur de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 ne se retourne pas dans sa tombe ! Affaire à suivre au Sénat le 28 octobre.

Étiennette de La Ruffie


Trump : du siège de la maison blanche à celui des GAFAM

Vendredi 22 octobre 2021 le SPAC DWAC (pour Digital World Acquisition Corp), l’entreprise qui sert de support au réseau Truth Social de Donald Trump s’est envolée de 118% pour atteindre la modeste somme de 98.97 dollars au Nasdaq.

Fièvre spéculative au Nasdaq. Lors de la séance de jeudi 20 octobre l’action DWAC avait déjà accompli de belles pirouettes en bourses en atteignant les +350%, pour passer la mi-journée le lendemain à +118% après de nombreuses suspensions du titre. La compagnie côte désormais à 3.2 milliards de dollars.

 

« Nous avons beau ne pas être d’accord, nous accueillons à bras ouverts ces opinions diverses. »

Voilà ce que l’on peut lire sur le descriptif de l’application. Il apparait que le nouveau réseau « Truth social » entende donner la part belle non seulement aux opinions les plus conservatrices mais également aux idées plus conventionnelles.

La nouvelle plateforme semble ne pas vouloir se contenter d’être une foisonnante pépinière d'idées conservatrices mais un lieu d’échanges à bâtons rompus où s’entrechoqueront des opinions variées.

Dans le collimateur du nouveau réseau, Facebook et Twitter, qui ont pris le parti de bannir les paroles jugées trop sulfureuses (telles que celles de Trump ou encore d'Éric Zemmour sur Instagram), muselant le débat d’idées au nom de la salubrité publique.

 

Un nouveau cavalier au bal des GameStop ?

Ne doit-on pas craindre un « canular spéculatif » ? Cette dite fièvre spéculative ne va pas sans rappeler l’affaire GameStop et d’une poignée d'autres (Black Berry, AMC, Bed Bath & Beyond).

Selon Patrick O’Hare au Figaro « c’est un signe des temps. Il n’y a aucune raison fondamentale pour justifier les mouvements que l’on observe. »

L’indice DWAC est la nouvelle égérie de la plateforme WallStreetBets, plateforme Reddit aux 11 millions de boursicoteurs amateurs de paris boursiers ultra-risqués qui étaient à l’avant-garde de l’offensive contre GameStop en début d’année.

"Il s'avère que DWAC est le nouveau GME (le symbole de GameStop, ndlr)", s'enthousiasmait vendredi un membre de la plateforme.

 

Etienne Claude, Nicolas Egon ILDJ

 

 


Et si l’offre était la clé de la mobilité durable ?

Mi-février 2021, le gouvernement a mis en place une aide de 100 millions d’euros destinée aux sociétés installant des bornes de recharge électrique sur les autoroutes. Ce nouveau levier actionné par l’État entre dans la galaxie des politiques publiques incitant au développement des transports partagés et des véhicules non polluants. Car c’est sans doute en créant une offre attractive pour les mobilités alternatives à la voiture individuelle à moteur thermique que l’on développera la demande. Une logique suivie en partie par les pouvoirs publics ; mais en partie seulement, car les engagements ne sont pour l’instant pas à la hauteur des besoins.

« D’ici fin 2022, les aires de services d’autoroutes seront toutes équipées en bornes de recharge très rapide », a déclaré le ministre des Transports, Jean-Baptiste Djebbari alors que paraissait un décret mettant en place un mécanisme incitatif de déploiement de bornes électriques. 440 aires devront comporter au moins quatre bornes de recharge« dont au moins deux de 150 kW permettant une recharge en moins de 20 minutes »Selon le gouvernement, grâce à cette aide, les stations de recharge sur les autoroutes seront financées en moyenne à 30 %. Mais cette subvention est-elle vraiment à la hauteur de l’enjeu ?

Le gouvernement français a fixé en octobre 2020 un objectif ambitieux de 100 000 bornes électriques ouvertes au public dans l’Hexagone d’ici la fin 2021. Or, la France comptait moins de 32.000 points de recharge en février 2021. Au-delà des effets d’annonce, l’État français a en effet adopté dans ce domaine une démarche progressive, mobilisant des investissements limités, bien en-deçà de ceux exigés par ce vaste chantier. Le gouvernement semble faire le pari d’un marché tiré par la demande, alors qu’il s’agirait plutôt, selon de nombreux acteurs du secteur, de dynamiser celle-ci en développant l’offre.

Bornes de recharge électrique : changer d’échelle

Faut-il attendre, avant d’investir dans un réseau dense de bornes de charge rapide, que le nombre de voitures électriques augmente ? Ou bien faut-il au contraire garantir un nombre suffisant de bornes pour convaincre les Français de se convertir en masse à l’électrique ? Si le gouvernement semble avoir plutôt misé sur la première solution, c’est pourtant la seconde qui a la faveur de la plupart des professionnels et des spécialistes.

« Pour accélérer le passage à l'électrique, nous allons jouer sur deux leviers : faciliter l'acquisition d'un véhicule électrique et faciliter son utilisation », a pourtant déclaré Barbara Pompili lors du lancement de « l’objectif 100.000 bornes ». « Aujourd’hui le frein peut être la peur de la panne et ce problème est résolu par l’État et les grands partenaires qui s’allient pour qu’il y ait des bornes de recharge partout en France », a également affirmé la ministre de la Transition écologique. « J’ai fixé l’objectif que toutes les stations autoroutières et des routes nationales soient équipées au plus vite. C’est l’un des principaux freins au développement de l’électrique », a également souligné le ministre des Transports Jean-Baptiste Djebbari. Avec l’objectif de « développer l’itinérance, c’est-à-dire les trajets longue distance ».

Mais derrière ce diagnostic juste et ces louables déclarations d’intention, les moyens mobilisés restent clairement insuffisants pour lever rapidement le principal frein de la mobilité électrique : l’assurance de pouvoir effectuer de longs trajets en toute sérénité, sans avoir peur de tomber en panne. Or c’est bien un « choc de l’offre » qui permettra de booster la demande et de modifier les usages et les comportements. Si l’on s’accorde, comme bon nombre d’experts, sur le fait que le développement des véhicules propres, à zéro émission, représente la voie la plus efficace à moyen terme et la plus acceptable socialement pour s’engager vraiment sur le chemin de la mobilité durable, l’enjeu impose clairement un changement d’échelle.

Pour les véhicules eux-mêmes, ce sont bien les constructeurs automobiles qui ont créé la demande en développant de nouveaux modèles électriques au sein de leur gamme – contraints par la législation de limiter leurs émissions de CO2 et sous la pression des maires des grandes villes désireux de réduire progressivement l’accès des voitures à moteur thermique. « Plus il y aura de marques et de potentialités, plus il y aura de clients pour considérer le véhicule électrique, et donc plus il y aura d’acheteurs », explique ainsi Gilles Normand, le patron de la mobilité électrique du groupe Renault.

Et, avec les aides gouvernementales à l’achat, ça marche ! En 2020, près de 195.000 véhicules électriques et hybrides rechargeables ont été immatriculés en France, marquant une hausse sans précédent de plus de 125.000 unités par rapport à l’année précédente. Les ventes de véhicules électriques ont même représenté en décembre 2020 plus de 16 % du marché automobile français. Des citadines aux berlines, en passant par les SUV et les compactes : les modèles électriques et hybrides investissent tous les segments et séduisent les acheteurs. Selon l’organisation Transport & Environnement, de 60 véhicules électriques, hybrides rechargeables et à hydrogène en 2018, on est passé à 176 modèles en 2020 et on atteindra 214 en 2021 !

Agir sur l’offre de mobilité durable : des exemples probants

Pour favoriser les différentes formes de mobilité durable et déclencher des changements de comportement, les pouvoirs publics doivent prendre le risque de développer une offre. C’est d’ailleurs un fait bien connu des bureaux d’études, des modélisateurs, des planificateurs et des gestionnaires de réseaux de transport : la construction d’une nouvelle infrastructure ou l’amélioration d’une infrastructure existante a pour effet d’attirer une demande nouvelle, qualifiée de trafic « induit ». Pointé pour la première fois à la fin des années 1950, ce phénomène est largement documenté et le phénomène d’induction de la demande par l’offre a été observé empiriquement à maintes reprises.

Ainsi, en zone dense, il ne sert à rien de faciliter l’usage de l’automobile, car l’espace qu’on lui attribue est rapidement utilisé et la congestion revient, du fait du « trafic induit ». L’inverse est également vrai : quand on réduit la capacité de la voirie, le trafic se contracte et un nouvel équilibre s’installe, la congestion restant globalement la même. « Ce n’est pas seulement une théorie, mais un constat, maintes fois vérifié sur des dizaines de cas dans le monde, y compris lors de la fermeture de la voie sur berge à Paris », explique Frédéric Héran, économiste des transports et urbaniste à l’université de Lille. « Cela signifie que les gens s’adaptent, notamment en cherchant à utiliser d’autres modes ».

L’espace étant particulièrement rare en milieu urbain, un équilibre entre la demande de déplacement en voiture et l’offre d’espace forcément limitée s’établit en permanence. « Dès que les embouteillages s’intensifient, certains finissent par renoncer à prendre leur voiture et essaient d’autres solutions ». La logique s’applique au stationnement dans les villes. La probabilité de trouver aisément une place à destination influence fortement le choix de s’y rendre ou non en voiture. Résultat : plus on propose du stationnement, plus on aura de voitures… Et inversement.

Ce trafic nouveau suscité par l’offre de nouvelles possibilités constitue un enjeu essentiel pour la mobilité durable. L’action sur l’offre de transports est en effet un levier très important pour orienter les déplacements dans le sens d’un développement durable. « Il faut dans ce domaine une offre attractive, un saut qualitatif important dans l’offre des mobilités alternatives pour créer une nouvelle demande, celle du report modal », souligne ainsi Juliette Walckiers, spécialiste de la mobilité durable.

Dans cette logique, le développement des transports publics passe avant tout par une offre attractive : modernité, confort, vitesse, fréquence et amplitude de services, stabilité des horaires, tarifs… C’est la condition pour déclencher un changement de comportement et d’habitudes.

Ce principe s’applique aussi au développement des mobilités douces et en particulier du vélo : la présence de pistes cyclables denses et sécurisées augmente mécaniquement la part de ce mode de déplacement. Selon Frédéric Héran, de tels aménagements font même d’une pierre deux coups : tout en sécurisant les déplacements à vélo, ils contribuent à prendre de la place à la voiture et à modérer le trafic. Dans Paris intra-muros, depuis le début des années 1990, la vitesse moyenne des voitures est ainsi passée de 21 km/h à 14 km/h, le trafic automobile a presque chuté de moitié, et la pratique du vélo a décuplé. Des changements parfois radicaux sont possibles en matière de mobilité. Il faut pour cela actionner les bons leviers et donner aux Français les moyens de transformer leurs habitudes.


Ebrahim Raïssi, le nouveau président iranien élu avec un taux d’abstention record

Le 18 juin, le candidat ultra-conservateur, Ebrahim Raïssi a été élu avec 62% des suffrages dès le premier tour de l’élection présidentielle iranienne. Mais ce score élevé masque une abstention très forte.

Jamais une campagne présidentielle n’aura suscité aussi peu d’intérêts chez les Iraniens. Jamais depuis l’instauration de la République islamique d’Iran en 1979, le pays s’était éloigné aussi loin des bureaux de votes. Samedi 19 juin, dans la matinée, les résultats de l’élection présidentielle ont été annoncées : Ebrahim Raïssi sort vainqueur dès le premier tour avec 62 % des suffrages exprimés. 

Mais, c’est une victoire à la Pyrrhus pour le nouveau chef du gouvernement iranien. Selon les résultats, 52% des votants ne se sont pas déplacés aux urnes lors de cette élection présidentielle. Cette abstention record trouve sa source dans le système électoral iranien. 

Dans la république des Mollahs, les candidats ne sont pas libres de se présenter librement. Chaque citoyen qui souhaite briguer le mandat présidentiel doit être approuvé par le Conseil des Gardiens. Cette institution rassemble douze imams sous l’autorité du Guide Suprême. Elle veille à la bonne application d’un islam rigoriste mais aussi au maintien de la théocratie dans le pays . 

Ebrahim Raïssi, un candidat ultra-conservateur 

En 2021, le Conseil des Gardiens a décidé d’approuver uniquement des candidats ultra-conservateurs pour l’élection présidentielle qui se tenait le 18 juin. Fortement soutenu par les mollahs, Ebrahim Raïssi était en bonne position pour gagner l’élection. 

L’homme de 60 ans s’est appliqué durant toute la campagne à lisser son image. Déjà candidat en 2017, il vilipendait l’accord sur le nucléaire iranien et appelait à sa transgression. Cette année, quasiment assuré de remporter le scrutin, il a tenu un discours plus nuancé pour rassurer les pays occidentaux. Il a affirmé lors d’une intervention télévisée : « Nous considérons l’accord comme un contrat que le Guide suprême a validé et nous nous engageons à la respecter. »

Mais le nouveau président iranien reste un farouche conservateur et un bon connaisseur des rouages de l’administration. Il commence sa carrière en 1980 dans le système judiciaire islamique, mis en place en Iran après la chute du Chah. En 2004, il est nommé procureur adjoint d’Iran, un très haut poste dans le système judiciaire iranien. Toute sa carrière, il joue « une rôle important dans presque tous les grands dossiers de violation des droits humains depuis la révolution islamique en 1979 », note Madjid Zerrouky, le correspondant du Monde à Téhéran. 

Toute sa vie il reste proche du père de la Révolution : l’ayatollah Khomeini mais aussi de son successeur Ali Khamenei. Des liens privilégiés avec les autorités religieuses qui sont essentielles pour réussir un parcours politique en Iran. 


Elections régionales : 12,22% de participation à midi

Lors des dernières élections régionales, le taux de participation à midi était de 16,27%. Cette année, il est de 12,22% traduisant une forte démobilisation des électeurs.

Le chiffre est tombé à midi. En recul de quatre points par rapport à 2015, la participation des électeurs aux élections régionales et départementales s'annonce très faible. Et il est possible qu'à vingt heures, l'abstention atteigne un triste record. Cette faible participation confirme un cycle abstentionniste commencé en 2017 en France. En effet, lors du second tour des élections présidentielles de 2017, plus de 25% des électeurs ne s'étaient pas déplacés pour voter. Quelques mois plus tard, plus d'un électeur sur deux n'avait pas voté au second tour des élections législatives. Pour les élections municipales de 2020, au cœur de la crise sanitaire, 58% des Français n'étaient pas aller élire leur maire.

Une faible participation aux causes multiples

Les causes de cette faible participation sont nombreuses. Tout d'abord, les élections régionales et départementales n'ont jamais été des élections à fort potentiel mobilisateur. Le mode de scrutin complexe, associé à des enjeux peu difficilement cernables, n'encouragent pas les électeurs à se rendre aux urnes. Les électeurs ont en effet l'impression que, peu importe le résultat du scrutin, leur vie quotidienne ne sera pas impactée. Ensuite, originellement prévues en mars, les élections régionales ont désormais lieu au début de la période estivale. A ce calendrier s'ajoute la fin des restrictions sanitaires avec la levée anticipée du couvre-feu et la fin du port du masque obligatoire dans la rue. Les Français n'ont donc pas la tête à aller voter mais préfèrent profiter de leur week-end pour s'aérer et se changer les idées. Enfin, après un quinquennat traversé par de multiples crises et tensions sociales, l'abstention peut aussi exprimer un rejet du système politique français. Depuis la crise des gilets jaunes, la majorité des Français a le sentiment d'être abandonnés par les politiques, et notamment par le gouvernement.

Selon un récent sondage Elabe pour BFM TV, l'abstention impacterait avant tout les partis de gauche et notamment les listes soutenues par la France Insoumise. En effet, les électeurs de François Fillon et de Marine Le Pen en 2017 figurent parmi les plus mobilisés (avec entre 46 et 57% de mobilisation) contre seulement 35% de mobilisation pour les électeurs de Jean-Luc Mélenchon. D'autre part, bien que n'étant pas une compétence régionale, la sécurité apparait comme le premier thème de cette élection et mobilise davantage les électeurs de droite.  Ce sont donc surtout les listes de gauche qui devraient s'inquiéter de cette faible participation.

 


Bac 2021 : Qu’est ce qu’un Grand oral bienveillant ? 

C’est une grande première pour cette épreuve qui évaluera l’éloquence et la rhétorique des bacheliers de cette année. Après une année mouvementée, quels aménagements ont été consentis pour cette édition ?

Le Ministre de l'Education nationale les a annoncés le 5 mai. Le Grand oral va bénéficier de dispositions exceptionnelles en cette première édition. Avant le début de l'épreuve, chacun aura la possibilité de présenter au jury un mot signé par la direction de l'établissement et rédigé par un professeur d'un des enseignements de spécialité. L’idée ici est de pouvoir détailler les éléments du programme qui n’auraient pas pu être étudiés durant cette année de terminale. “Le maître-mot ici sera la bienveillance” avait soutenu ce même jour Jean-Michel Blanquer sur France 2. En effet, second écart autorisé, les candidats pourront consulter leurs notes lors de l'épreuve. 

Quand aura-t-il lieu ? A qui s’adresse-t-il ? 

Entre le 21 juin et le 2 juillet 2021, les élèves de terminale en filière technologique et générale passeront cette nouvelle épreuve. 

Quel est le poids du grand oral dans la notation générale du grand oral ?

L'épreuve de rhétorique a un coefficient de 10 en voie générale et de 14 en voie tenchlogoque. Cet oral représente 10 % de la note finale du baccalauréat. 

De quoi est-il constitué ?

Le grand oral va durer 40 minutes. Le candidat aura préparé deux questions dans deux spécialités, au cours de l’année. Le jury en choisira, une. Détails. 

Pendant 20 minutes, l’élève devra se préparer. Ici, il se remémore les questions préparées sur les deux problématiques qu'il a déjà préparées. La question portera sur une des deux spécialités .Pour la voir générale, elle pourra porter sur une des deux spécialités ou concerner les deux en même temps. Les candidats de la voie technologique, eux, auront une question qui se rapporte seulement à une de leurs spécialités.

Durant cette phase préliminaire, l’élève pourra élaborer un support de présentation pour le jury. Schéma, dessin, plan, la forme est laissée au choix du candidat. 

L’élève de terminale va ensuite réaliser une présentation durant cinq minutes, en développant sa question après avoir justifié son choix.

Enfin, durant dix minutes, un entretien se tiendra avec le jury qui demandera d'approfondir certains points. La notation se fera sur la capacité à argumenter. Peut alors s’engager un débat sur un point en particulier du programme. C’est l’occasion de montrer ses capacités oratoires, lors de cette discussion avec les examinateurs.

Pour finir, le candidat aura cinq minutes pour détailler son projet post-bac. Doit alors transparaître une cohérence entre la question choisie et les aspirations de l'étudiant pour l'avenir. Il n'hésitera pas à parler de ses passions, préciser ses engagements, ou stages déjà réalisés qui l'ont amené à choisir cette voie. 

De qui se composera le jury de l'épreuve du grand oral ? 

Chaque jury sera composé de deux professeurs enseignant dans deux matières différentes. La discipline du premier doit correspondre avec un des enseignements de spécialité du candidat. Le second, doit enseigner une discipline que l'élève a choisi comme spécialité, ou une du tronc commun ou être professeur-documentaliste.


Après huit mois d’application, fin du couvre-feu le 21 juin

À partir du 21 juin, la France ne connait plus le couvre-feu. Entré en application mi-octobre pour huit grandes métropoles, il s’était étendu à tout le territoire national début novembre. 

Huit mois. Presque le temps nécessaire pour une grossesse. Voici le temps qui aura été nécessaire à la France pour accoucher de la liberté et sortir du couvre-feu. Prévue le 30 juin, la fin de cette mesure exceptionnelle a été avancée au 20 juin par Jean Castex. Après le Conseil des ministres le 16 juin, le Premier ministre annonçait simultanément la fin du port du masque en extérieur, le 17 juin, et du couvre-feu, trois jours plus tard.

Pendant 245 jours, cette privation de liberté inédite a connu plusieurs ajustements. Le 17 octobre, Emmanuel Macron décrétait un couvre-feu pour les huit plus grandes métropoles du pays de 21 heures à 6 heures du matin. Le 15 décembre après six semaines de confinement, la mesure est étendue à tout le pays avec un passage à 20 heures. Un seul soir a échappé à cette restriction, la nuit du 24 décembre pour que les Français fêtent Noël. 

Après les fêtes de fin d’année, le gouvernement décide de restreindre encore plus les déplacements. Le 16 janvier, le couvre-feu est ramené à 18 heures. Pendant douze heures par jour, les autorités interdisent aux Français de sortir de chez eux. Le 20 mars l’heure fatale est ramenée à 19 heures, 21 heures le 19 mai et 23 heures le 9 juin. 

En Europe, la France est le pays qui a imposé les plus fortes restrictions sans que leur efficacité soit avérée. Dans l’histoire récente, le couvre-feu avait été utilisée uniquement dans le cadre de conflits pour la guerre d’Algérie, la Seconde Guerre mondiale ou bien encore les émeutes en 2005. Pour la première fois, le motif sanitaire a justifié un couvre-feu. Espérons pour la dernière fois…


Rave party illégale à Redon : évacuation terminée

Fin de l’évacuation de la rave party de Redon, samedi soir 19 juin au soir, dans la violence. Onze gendarmes blessés et un jeune de 22 ans perd sa main.

L’opération de gendarmerie pour stopper la rave party de Redon prend fin samedi 19 juin en fin de journée. Selon la préfecture, onze gendarmes souffrent de multiples blessures depuis la veille. Deux durent partir pour l’hôpital de Redon, durant la première tentative d'évacuation du lieu, le vendredi soir. 

Peu après 17 heures, les forces de l'ordre chargeaient pour “faire cesser la musique”, d’après la préfecture. Commencée dès vendredi, la rave party tourne rapidement à aux affrontements à distance entre gendarmes et fêtards. L'évacuation musclée blesse certains teufeurs participants  dont un jeune de 22 ans qui “a perdu sa main” selon la préfecture d'ille-et-Vilaine. Ce "dramatique accident”, déclenche l'ouverture d'une enquête.

 

Trois enquêtes ouvertes

Cinq hommes placés en garde à vue pour “violences sur personnes dépositaires de l’autorité publique” constituent l'objet de la première enquête. Une autre autre, ouverte “pour blessures involontaires avec ITT supérieure à 3 mois faisant suite aux graves blessures d'un jeune homme né en 1999, demeurant à Rennes, inconnu de la justice”, annonce samedi le procureur de la République de Rennes Philippe Astruc. Enfin, celui-ci dilligente une enquête autour de l'organition de la fête illégale. 


Une fête organisée en mémoire de Steve Maia Caniço

La rave party rassemblant 2400 personnes organisée par le collectif le Teknival des Musiques interdites, devait rendre hommage à Steve Maia Caniço. Ce jeune homme tombe dans la Loire lors d'une intervention des forces de l'ordre pour disperser un rassemblement festif en marge de la Fête de la Musique 2019. "À la mémoire de Steve Maia Caniço, en soutien aux inculpés de la Maskarade de Lieuron et pour toutes les victimes de la répression, notre seule volonté était de brandir haut et fort la musique comme étendard et comme élément indissociable de nos vies ":  déclarait le collectif suite aux heurts de la première soirée. 


Buzz : Jordan Bardella vote face à une femme voilée

Malgré lui, Jordan Bardella, tête de liste du Rassemblement national en Ile-de-France, soulève un tollé sur les réseaux sociaux. En cause, une photo où l’on peut le voir voter face une assesseure voilée.

Jordan Bardella, qui a conspué l’immigration et l’islamisme pendant toute sa campagne, s’est retrouvé contraint d’émarger les registres de vote face à une assesseure arborant un hijab dans son bureau de vote de Seine-Saint-Denis. C’est sans doute l’image choc qui restera dans les mémoires de ce scrutin, alors même qu’une vague Rassemblement national est annoncée pour ce premier tour des élections régionales.

Vives réactions sur Twitter

Sous la photo postée par Jordan Bardella, est relayée plus de mille fois, les twittos s'indignent. Impossible pour eux qu’une femme voilée puisse enregistrer les votes de ses concitoyens au nom du principe de neutralité des bureaux de vote. Cependant sur ce point, un flou juridique et législatif demeure. Si la loi interdit bien toute revendication politique au sein du bureau de vote, elle ne dit rien quant au port de signes religieux. Mais pour beaucoup, le port du voile n’est tout simplement pas « une tenue de la République » et n’est donc pas compatible avec l’exercice d’assesseur.

Loin du domaine juridique, d’autres internautes s’enflamment sur un terrain culturel et civilisationnel. Sous la photo, les internautes commentent vivement : « La Seine-Saint-Denis ce n’est plus la France », « La France islamisée » ou bien « J’ai cru que c’était en Algérie ». Cette femme ne serait donc pas « en tenue française ».

Mais c’est surtout une autre question qui traine sur toutes les lèvres. En effet, beaucoup se demandent si la municipalité de Saint-Denis, d'obédience communiste, a « fait exprès de choisir cette femme [voilée] comme assesseur pour provoquer Jordan Bardella ». Mais malgré cette possible provocation, le candidat du Rassemblement national parvient à tirer son épingle du jeu. En ce jour où tout commentaire politique est interdit dans l'espace médiatique, Jordan Bardella réalise en effet un coup de génie : porter un discours politique par le biais d'une photo titré sobrement « A voté, à Saint-Denis ». De fait, la photo se suffit à elle-même pour illustrer le discours que tient le Rassemblement national depuis de longues années.