Venezuela : les opposants au régime de Maduro changent de cap

Au Venezuela, Juan Guaido vient d'annoncer l'envoi d'une délégation à Washington. L'opposant le plus connu veut faire lever les sanctions internationales frappant le pays depuis plus d'une décennie. En échange, il souhaite obtenir des concessions de la part du président Nicolas Maduro. Ce revirement s'imposait pour l'opposition vénézuélienne, aussi discréditée que le régime qu'elle combat.

Plus de deux ans après s'être autoproclamé président de la République, Juan Guaido est forcé d'admettre son échec : l'opposition démocratique, dont il se veut le représentant, n'a pratiquement rien obtenu du régime. De son côté, Nicolas Maduro, président effectif du Venezuela, dirige le pays d'une main de fer. Cette impasse politique fait souffrir les Vénézuéliens, plus que jamais résignés.

Le régime de Maduro accuse Juan Guaido et ses proches de comploter avec des puissances étrangères, Etats-Unis en tête, pour étouffer le Venezuela. A cause des embargos, le pays manque de tout, et son économie est très peu diversifiée. L'hyperinflation n'a rien arrangé et laisse 80 % des habitants en situation de pauvreté extrême. Enfin, le COVID-19 a été un coup de massue, même si les autorités affichent des résultats exemplaires dans la lutte contre la pandémie.

En mai, pour sortir de l'impasse, Juan Guaido a parlé d'une reprise des discussions avec Nicolas Maduro : l'opposition veut obtenir un calendrier d'élections, dont la présidentielle, en échange d'une « levée progressive » des sanctions.

Les opposants au régime changent encore de stratégie 

Depuis l'arrivée de la gauche vénézuélienne au pouvoir en 1999, l'opposition oscille entre deux attitudes : la victoire par les urnes ou le coup d'État. Aucune d'elles n'a fonctionné. L'opposition s'est non seulement divisée, mais elle a aussi perdu en crédibilité. Juan Guaido, principal adversaire du dirigeant socialiste, a récemment vu sa cote de popularité s'effondrer à 20% d'opinions positives. Les autres membres de l'opposition ne font pas mieux, notamment après une défaite écrasante subie lors des législatives de décembre.

S'il conserve le pouvoir, le régime de Maduro est très fragilisé par les sanctions internationales et une économie exsangue. Juan Guaido sait que l'opposition a un moyen de pression : « Il y a clairement un intérêt du régime pour la levée progressive des sanctions (...). Cela fait partie des éléments sur lesquels nous travaillons avec nos alliés. », a-t-il déclaré.

Une possible levée des sanctions internationales 

Nicolas Maduro s'est dit prêt à rencontrer l'opposition « quand elle veut, où elle veut et comme elle veut ». Comme premier point à négocier, il a exigé « la levée immédiate de toutes les sanctions » contre le Venezuela. En août 2019, le dirigeant socialiste avait mis fin aux pourparlers engagés avec l'opposition, et dénoncé les sanctions économiques imposées par les États-Unis, principal soutien international de Juan Guaido. Depuis la victoire de Joe Biden, Nicolas Maduro change de discours et envisage de renouer des relations diplomatiques avec les États-Unis.

La délégation de Juan Guaido devrait débuter sa tournée à Washington et la poursuivre à Bruxelles, a indiqué l'opposant vénézuélien en conférence de presse, sans plus de détails. À Washington entre le 21 et le 25 juin, elle doit rencontrer des membres du gouvernement et des parlementaires US. Défi périlleux pour Juan Guaido : il devra convaincre l'Amérique de lever les sanctions, et Nicolas Maduro de faire des concessions.


Ils continuent de sortir avec le masque

Depuis le 17 juin, porter le masque en extérieur n’est plus obligatoire. Cette mesure de protection sanitaire aura duré 9 mois. Pour certains, ce retour à la normale est une véritable libération. D’autres au contraire préfèrent continuer à se couvrir la bouche.

« C’est tout simplement de la cohérence. » Xavier, 31 ans se dirige vers la salle de sport, masque noir sur la figure. Pour lui, le porter en extérieur relève du bon sens : « Quand je suis dans le métro, dit-il, je dois avoir le masque. Si je rentre dans un commerce, je dois avoir le masque. Donc je préfère le garder plutôt que de l’enlever, et de le remettre à chaque fois. » Le masque ne sert plus à rien à ses yeux si on le retire dans la rue, alors qu'il demeure obligatoire dans les lieux publics clos comme les cafés, les commerces et les transports en commun.

« Je porte un masque pour me protéger moi, et les autres. »

Lucien 42 ans, porte fièrement son masque, comme une bannière de son altruisme : « Je porte un masque pour me protéger moi, et les autres. » Le masque ne lui est pas désagréable et lui semble efficace. Anne-Marie, 91 ans, en sortant d’un magasin, fait glisser son masque sous son menton, avec une joie non dissimulée : « Je suis vaccinée deux fois, s'écrie-t-elle. J’ai l’impression de retrouver une vie normale car je peux me promener dehors sans masque. » Ce que partage Agathe, 17 ans, attablée à une terrasse : « Moi je garde le masque sous mon menton, comme ça, dès que j’en ai besoin je n’ai plus qu’à le remonter. » Une astuce pour profiter des beaux jours.

Au contraire, Pierre-Louis, 9 ans, s’inquiète de cette mesure. Habitué à porter le masque depuis un an, dans sa classe de CM1, il veut montrer l’exemple. Du haut de sa trottinette, il explique : « Il faut continuer à porter le masque pour montrer que c’est important pour que le covid s’arrête. Parce qu’il y a toujours des gens qui ne portent pas le masque même dans les lieux clos. » Sa mère, vaccinée, préfère l’enlever, au plus grand désespoir de son jeune fils.

Une méfiance persistante

Mais depuis un an, la méfiance de certains Français persiste. Joséphine, 51 ans : « On ne fait pas confiance au gouvernement pour décider ce qu’on doit faire de notre santé. » Elle se rappelle les atermoiements de l'exécutif en avril 2020. Les masques étaient interdits à la vente avant d'être rendus obligatoires. Joséphine ne se fie plus qu’à elle-même et attendra « la fin de l’épidémie » pour envisager d’enlever son masque.


Rugby : La France possède-t-elle la meilleure ligne de trois-quarts du monde ?

Si les footballeurs français dominent globalement le monde du football (on ne mentionnera pas le match nul concédé aujourd'hui face aux Hongrois), les Bleus suscitent également de nombreux espoirs en rugby, notamment grâce à leur ligne de trois-quarts étincelante. Est-ce la meilleure du monde ? Petit tour d’horizon, poste par poste.

9 : Dupont, adoubé par le All Black Aaron Smith

Commençons par le plus simple : Antoine Dupont. Si le débat existait encore, l’ancien meilleur demi de mêlée du monde Aaron Smith l’a tranché : Dupont n’est pas seulement le meilleur numéro neuf du monde, il est le meilleur joueur de la planète tous postes confondus en ce moment. Toutes les équipes qui l'affrontent sont obligées de mettre au point un « plan anti-Dupont ».  Ses courses de soutiens systématiques lui valent le surnom de « ministre de l’intérieur » tant il sait se porter à l’intérieur de ses coéquipiers après un franchissement. Doté de qualités physiques hors-norme, il se distingue aussi par sa capacité à choisir le bon avant lancé dans l’intervalle, à inquiéter (à juste titre) les défenseurs aux abords des rucks, ce qui offre de précieux espaces à ses coéquipiers au large. Contre l’Italie en début de tournoi, Dupont remporte le trophée d’homme du match pour son essai et ses quatre passes décisives. Il fait aussi bien en un match que le meilleur passeur sur l’intégralité du tournoi 2020 ! Même Aaron Smith, numéro 9 All Black, admet sur Twitter que personne n’arrive à la cheville du nôtre. Tout est dit, non ?

 

https://twitter.com/Te_Nug/status/1359442171460345856?s=20

 

10 : Ntamack et Jalibert, futurs meilleurs ?

S’ils ne sont pas encore les meilleurs du monde à l’ouverture, Romain Ntamack et Matthieu Jalibert ont tout pour le devenir. Déjà, lors du tournoi des six nations 2020 (le Toulousain n’avait que 20 ans !) Ntamack termina meilleur marqueur de la compétition et fut passeur décisif à quatre reprises.  Si son style ressemble à celui de George Ford ou de Owen Farrell, Jalibert (22 ans seulement) a des airs de Beauden Barrett ou de Richie Mo’unga. Sa première mi-temps face aux Anglais lors du tournoi 2021 impressionna tous les observateurs internationaux.

Ce qui marque le plus, c’est la progression rapide de ces deux jeunes ouvreurs déjà bien matures, qui disputent régulièrement des matchs en Champions Cup face à des grandes écuries européennes en club comme Exeter, le Leinster, ou encore Bristol. D’ici un ou deux ans la France pourrait disposer de(s) meilleur(s) ouvreur(s) de la planète rugby. Absurde, vraiment ?

12/13 : Fickou/Vakatawa, centres d’attentions

Gaël Fickou possède toute la panoplie du centre moderne, sans défauts particuliers. Capable de défendre comme un troisième ligne, de réfléchir comme un numéro 9, de jouer au pied comme un ouvreur, de glisser à l’aile s’il le faut ou de percuter plein axe lorsque c’est nécessaire, le centre ne cesse d’épater son monde. À seulement 27 ans, ses 63 sélections font déjà de lui le taulier de cette jeune équipe de France. Il n’est concurrencé que par le féroce Damian de Allende pour le titre prestigieux de meilleur 12 du globe.

Plus généralement, le fait de jouer désormais aux côtés de Virimi Vakatawa au Racing 92 génère une osmose entre les deux joueurs qui fera (fait ?) d’eux la meilleure paire de centres au monde. Le Franco-Fidjien affole une nouvelle fois les compteurs cette saison, toutes compétitions confondues. Il fait partie des meilleurs passeurs après contact, et offre ainsi régulièrement des ballons précieux aux gazelles autour de lui. Hormis le Fidjien Semi Radradra et l’Irlandais Robbie Henshaw, personne d’autre ne peut rivaliser avec eux au poste de numéro 13 dans le monde.

11/14 : Penaud/Thomas aux ailes, la vie est belle

La paire Fickou/Vakatawa nourrit Damian Penaud et Teddy Thomas de bons ballons à négocier. Ces deux finisseurs compensent leurs fragilités défensives par des aptitudes offensives hors du commun qui les placent parmi les meilleurs. Le Francilien aura marqué huit essais en Top 14 et six en champions cup (deuxième ex-æquo de la compétition) cette saison, tandis que le Clermontois est reconnu comme un des meilleurs à son poste. Si ces deux travaillent leur défense et leur solidité aérienne (secteurs où leur compatriote Gabin Villière a un peu d’avance), ils pourraient prochainement s’imposer comme les meilleurs ailiers du monde et ainsi dépasser Anthony Watson ou encore Cheslin Kolbe.

15 : Dulin fait du bien

Le plus vieil élément de cette ligne de trois-quarts (31 ans) se nomme Brice Dulin. Solide sous les chandelles, il a notamment brillé face à l’Irlande, à tel point que le magazine L’Équipe a titré « Dulin, Dublin, du bien ». Le petit arrière était d’ailleurs titulaire en demi-finale de Champions Cup face au Leinster d’Hugo Keenan, l’arrière de l’Irlande. Sa sérénité et son coup d’œil tactique viennent magnifiquement étoffer cette ligne arrière de feux-follets. Le Rochelais n’a cependant plus le coup de reins d’un All Black comme Damian McKenzie en Nouvelle-Zélande.

Conclusion : Les Bleus possèdent trop de « facteurs X » pour que l’équipe adverse puisse se contenter de se focaliser uniquement sur un ou deux joueurs.

Voici une illustration édifiante, la combinaison réussie face aux Anglais le 13 mars :

Sur cet enchaînement magistral, digne des All Blacks, Marchand est à la touche à l'entrée des 22 m. Le ballon atterrit entre les mains de Fickou, dont les 100 kg concentrent les regards anglais. À son intérieur, Thomas se lance, et attire également l’attention de l'adversaire. Sauf que la passe de Fickou part dans le dos de Thomas en direction de Dupont. Trois Anglais le fixent des yeux (preuve de la crainte qu’il inspire), ce qui lui permet d’attendre le dernier moment pour donner la balle dans le dos de Vakatawa.  Lancé plein fer, le 13 aspire ainsi le 13 anglais et le ballon échoit à Jalibert. La vitesse et le danger qu’il incarne obligent l’ailier anglais à « mordre » sur lui, ce qui crée une situation de trois contre deux. L’ouvreur saute Dulin (marqué par son vis-à-vis) pour offrir un essai à Penaud.

Chaque joueur de la ligne de trois-quarts représentait individuellement un vrai danger, ce qui permit d’installer une grande incertitude dans la défense anglaise. L'adversaire ne put se concentrer sur un ou deux « facteurs X » (ce qui eût été bien plus simple à défendre). Avec de tels arrières, ce n’est pas un hasard si la finale de la champions cup 2021 fut franco-française !

La moyenne d’âge de cette ligne de trois-quarts est de 26 ans pour une moyenne de 30 sélections par joueur seulement. Autant dire que son potentiel reste gigantesque. Si cette ligne d'arrières n’est peut-être pas encore la meilleure du monde, elle a toutes les chances de le devenir prochainement.

Ça tombe bien, la prochaine coupe du monde aura lieu en 2023… en France.


C'est officiel, le Bitcoin est une monnaie légale au Salvador

Le 9 juin, sur l'initiative du président Nayib Bukele, le Salvador a adopté la loi Bitcoin. La plus célèbre des cryptomonnaies sera bientôt acceptée par tous les commerçants du pays.

Le Salvador devient le premier pays du monde à adopter le Bitcoin. Le parlement de ce petit pays d'Amérique centrale a voté à une "super-majorité" la loi qui en fait une monnaie légale. 62 des 84 députés s'y sont montrés favorables.

"Elle entre en vigueur immédiatement", a déclaré le président salvadorien. Le gouvernement dispose de 90 jours pour préparer le pays à cette révolution.

Les Bitcoins seront désormais obligatoires pour toutes les entreprises. "Dans le cas du Salvador, il aura cours légal au même titre que le dollar américain", a ajouté Nayib Bukele.

Le gouvernement proposera également un portefeuille numérique officiel pour le Bitcoin. Son intention est de détenir l'équivalent de 150 millions de dollars dans un fonds fiduciaire de sa banque de développement afin d'assurer les risques des commerçants.

La résidence permanente sera disponible pour ceux qui investissent 3 Bitcoins au Salvador. Et les plus-values sur cette cryptomonnaie ne seront pas taxées. Une aubaine pour les détenteurs étrangers du Bitcoin. L'économie salvadorienne compte ainsi attirer des capitaux du monde entier.

Un moment historique pour le Bitcoin

"Vous ne pouvez pas payer vos impôts avec le Bitcoin", "vous ne pouvez rien acheter avec la cryptomonnaie" disaient les détracteurs du Bitcoin. Ces craintes avaient déjà peu de valeur, puisqu'il existe des services de paiement ou des marchands acceptant les cryptomonnaies. Aujourd'hui, il sera possible de n'utiliser que le Bitcoin pour vivre au Salvador.

Depuis des années, les partisans du Bitcoin disent qu'il ne s'agissait que d'une question de temps avant que la cryptomonnaie fût officiellement adoptée. Tous les regards étaient alors rivés sur les pays en voie de développement où l'économie est fragile et l'inflation courante : Venezuela, Argentine, Zimbabwe...

Bientôt d'autres pays pour reconnaître le Bitcoin ?

"Comme je le disais il y a longtemps, notre pays doit avancer main dans la main avec la nouvelle génération. Le moment est venu, notre moment. Cette semaine nous commençons avec un projet important pour faire avancer le Paraguay dans le monde !", a déclaré Carlitos Relaja. Ce député paraguayen laisse entendre qu'un projet de loi similaire à celui du Salvador serait bientôt déposé. Au Panama, le député Gabriel Silva travaille aussi dans ce sens.

Alors que le Bitcoin et les cryptomonnaies (il en existe des milliers) sont de plus en plus populaires, et que leur valeur ne cesse de croître, il se pourrait que nous assistions à une course mondiale pour attirer ces nouveaux capitaux.


La pénurie de femmes, un casse-tête chinois

Depuis le 31 mai, les Chinois ont le droit d’accueillir un troisième enfant. Au dernier recensement en janvier, la Chine comptait 1,411 milliards d'habitants. Si l'empire du Milieu a la démographie la plus dynamique du monde, son manque de femmes le fragilise beaucoup.

Arte vient de diffuser une enquête sur l’état social, familial et psychologique des Chinois. Et les signaux sont inquiétants. En République populaire de Chine, des hommes achètent des femmes étrangères ou des poupées sexuelles pour se « sentir moins seuls ». Cet isolement masculin et cette pénurie féminine sont tels que d’ici 2025, 1 homme sur 5 ne pourra pas se choisir une épouse.

Un enjeu démographique et géopolitique 

Les affaires de viols, d'enlèvements, de trafic de femme et de prostitution obligent l’Etat à prendre le sujet au sérieux. Lors de l’échographie, il est déjà interdit de savoir le sexe du bébé. Mais, les tests sanguins sont juteux : les Chinois comme beaucoup d'autres peuples (l'Inde est dans le même cas) préfèrent donner naissance à un garçon. Pour lutter contre ce phénomène croissant, les autorités diffusent des reportages sur les arrestations de trafiquants de femme et les interrogatoires qu'ils subissent.

Crédit : ARTE - Arrestation d'un trafiquant

Chaque année, des milliers de jeunes chinois partent au Laos, au Vietnam, en Thaïlande et dans d'autres pays limitrophes pour acheter une femme. Ce trafic donne une très mauvaise image du pays.

A l'action publique s'ajoutent des initiatives individuelles. Un informaticien, Chen Jao, a créé un jeu de cartes sur lesquelles on peut voir les visages des femmes enlevées, ce qui provoque une multiplication d'avis de recherche. Ces jeux sont bénévolement distribués dans des villages dépourvus de connexion internet.

 

Crédit : ARTE - Jeu de Poker de disparues

Un enjeu commercial, surtout en France

Les Chinois se marient de plus en plus en France. Pendant la révolution culturelle, les mariages en rite traditionnel, interdits, étaient remplacés par des cérémonies civiles. Des entreprises, tels que Rêves en France, proposent des mariages à la française.

L’Asie fait face à un « déficit de femmes ». La démographie gouverne les nations et malgré les connaissances très abouties que l'on en a aujourd'hui, celle-ci reste un casse-tête pour de nombreux pays, un casse-tête chinois.


Le zoo de Pont-Scorff va devenir...un zoo

Après une longue bataille judiciaire, le tribunal de commerce de Lorient a attribué définitivement le zoo de Pont-Scorff à un nouveau propriétaire. L’aventure du collectif Rewild, opposé à l’exposition des animaux, fut de courte durée.

Le rideau est tiré. Le rachat du zoo de Pont-Scorff par l’association Rewild fut de courte durée. Le fiasco a été soldé ce jeudi 20 mai : la propriété du zoo est transférée à un investisseur local, Sébastien Musset. L’ouverture au public, prévue pour fin 2022 signe l’échec de la création d’un « zoo vegan ».

Rewild, le collectif qui voulait libérer les animaux

Fin 2019, à grands renforts de campagne de communication, le collectif Rewild lève des fonds pour racheter le zoo de Pont-Scorff. Composé de sept ONG (Sea Shepherd, Centre Athénas, Le Biome, Hisa, One Voice, Wildlife Angel et Darwin écosystème), le militant écologiste Hugo Clément devient le visage de ce collectif. L’objectif : transformer le zoo en centre de réhabilitation des animaux sauvages. Plus de 700 000 € collectés provenant de 23 000 donateurs. Bref, la cause est noble, l’argent afflue et les animaux sont sauvés.

Enfin, c’était le plan. Mais très vite, le collectif déchante. Premier échec, aucun animal ne peut être rendu à la vie sauvage. Ensuite, de lourdes difficultés financières plombent les relations. Parce que nourrir et soigner des animaux a un coût, et que le zoo n’a pas de revenus. Refusant d’exposer les animaux aux yeux des curieux, le zoo s’est volontairement privé de ressources. C’était d’ailleurs le but du collectif. Enfin, les sept ONG de Rewild se déchirent pour obtenir les places au conseil d’administration du zoo. L’heure n’est plus à la concorde. Le 29 mars, le zoo est placé en redressement judiciaire.

Le zoo retrouvera ses touristes

C’est alors que s’engage une autre bataille. Sea Shepherd, une des 7 ONG, se positionne pour reprendre le zoo, et poursuivre le projet initial de Rewild. Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepherd France affirmait : « Nous voulons aussi éviter que ça redevienne un zoo ». A côté de cette offre, plusieurs propositions dont celle de Sébastien Musset. Cet ancien directeur adjoint du Crédit Mutuel Arkea veut au contraire redonner au zoo sa vocation initiale : l’accueil de visiteurs.

C’est donc le projet de « Breizh Park » de Sébastien Musset qui est retenu par le tribunal de commerce de Lorient. 10 des 16 salariés seront repris et le sort des animaux n’est plus en suspens. La fin d’une histoire rocambolesque de bataille d’égos.


"From the desk of Donald J.Trump" : La riposte de Trump à la censure

Enfin ! Donald Trump, l’ancien président des États-Unis, lance sa propre plateforme de communication. Promise depuis des mois, cette dernière est officiellement opérationnelle. Au programme : retrouver l’ensemble de ses nouvelles et anciennes déclarations, les liker et les partager.

« Save America » Voilà comment Donald Trump accueille ses visiteurs sur la nouvelle plateforme de communication qu’il a mise en place. On y trouve une vidéo d’introduction aux airs hollywoodiens présentant ce site comme un espace de liberté préservé du mensonge. Il avait averti de son retour après la censure généralisée imposée par Twitter, Facebook et Youtube à la suite des émeutes du Capitole en janvier dernier. Privé de moyen de communication, l’homme aux dizaines de millions d’abonnés sur les réseaux sociaux promettait un média libre de toute censure pour ses utilisateurs. En apparence et d’après la page d’accueil, ce nouvel outil simplement appelé « From the desk of Donald J.Trump » se limite à la publication d’anciennes et nouvelles déclarations de Donald Trump. Mais dans les coulisses, le message est clair : « Le bureau de Donald J.Trump est là pour préserver et perpétrer le magnifique héritage de l’administration Trump » « Le 45ème président des États-Unis, Donald J.Trump n’abandonnera jamais le combat pour faire à nouveau de l’Amérique un grand pays ».

"From the desk of Donald J.Trump" : un outil de communication très sobre

Vous pensez qu’il y a eu fraude lors des élections présidentielle américaines ? Vous êtes scandalisé par la censure qu’a subi Trump ? Ne manquez pas d’approuver et relayer ses dernières publications à ce sujet. La plateforme dispose d’un bouton pour aimer le contenu et le partager sur Facebook et Twitter. Aucune autre interaction n’est possible, ni entre celui qui poste et les internautes, ni entre les internautes eux-mêmes. Pas de commentaire, pas de discussion. On like, on partage, c’est tout. Cette stratégie de communication surprend et la plateforme a immédiatement suscité les railleries de la part des institutionnels et des journalistes. Oliver Darcy, journaliste à CNN a twitté : « Il a finalement trouvé comment poster des déclarations… sur son site web ? » mais également : « félicitations à l’ancien président et son équipe qui ont découvert la technologie du blog internet ! »

https://twitter.com/oliverdarcy/status/1389674679837896707

Donald Trump veut limiter les interactions sur sa nouvelle plateforme

En France, c’est BFM qui titre « Donald Trump lance sa plateforme inspirée de Twitter, dont il est le seul membre ». Titre assez malhonnête puisque de toute évidence il ne s’agit pas de copier Twitter. Donald Trump veut simplement disposer d’un outil de communication stable et non censuré. C’est pour cette raison que les interactions y sont extrêmement limitées. Conçu pour les fans, on ne peut qu’aimer, partager le contenu et s’inscrire pour recevoir des notifications à chaque nouvelle publication. Les plus récentes sont toutes orientées politiquement et ne laissent pas de doute quant aux intentions : c’est la prochaine campagne présidentielle qui se prépare dès maintenant. Manifestement, le milliardaire est déterminé à réinvestir le bureau présidentiel.


Écorce en Écosse, pays qui abrite le plus vieil arbre d'Europe

En Écosse, les monstres ne se cachent pas que dans les lacs. Blotti dans un cimetière, un arbre monumental fascine toujours autant. Et lui au moins, il ne se dérobe pas aux regards du touriste ! L'if de Fortingall est plurimillénaire et en plus, on spécule toujours sur son sexe. If any questions arise, read below...

 

Crédit photo : Wikipédia

Enraciné au plein de cœur de l'Écosse, il aurait entre 2000 et 5000 ans ! L'if de Fortingall aurait grandi au cours de l'âge de fer. L'intérieur de son tronc est pourri, ce qui rend toute datation précise impossible. On parle donc au conditionnel. Normal pour un if, me direz-vous. Et puis c'est une manière d'entretenir le mystère au cœur de cette contrée pittoresque du Perthshire.

Le "monument" est un sujet d'admiration mais aussi un objet d'étude. Avant, les touristes, plus moutonniers que les moutons écossais, venaient lui décoller la peau pour repartir avec un souvenir. Le village mit fin à cet abus. Tout en restant accessible, l'arbre est désormais protégé par un mur. Le syndicat d'initiatives ne dit pas si le ciment remonte à Hadrien.

Crédit photo : Scotland-Alba

Surnommés "arbres éternels", on utilise les ifs comme remèdes contre les cancers, une pratique courante au Canada. Les médecins continuent leurs recherches sur ce point. Quant aux écologistes, ils en font un symbole de préservation de notre patrimoine végétal.

Crédit photo : SIPA

Un jour de printemps, l'arbre se mit à produire des baies rouges. Dans la presse anglaise, un botaniste du jardin royal d'Édimbourg expliqua :  "Normalement ce changement apparaît en partie sur la couronne de l'arbre plutôt que sur tout l'arbre (...) Sur l'if de Fortingall, il semble qu'une petite branche de la partie extérieure de la couronne ait changé et se comporte désormais en tant que femelle". Ah, ces british et la couronne, on ne se refait pas. Un jour, vous verrez, les bookmakers parieront sur la teinte de l'if comme sur la couleur de la robe de la reine.

En tout cas, a question arises : l'if serait donc transgenre ?

Selon Max Coleman, "le stress environnemental" pourrait provoquer des mutations de sexe. Bigre. Science et Avenir s'amuse de ce surprenant phénomène.

Femelle ou mâle, l'if de Fortingall demeure en bonne santé. Heureusement que l'orgueilleux monument ne croisa jamais un de ces La Fontaine pour lui faire la leçon. Le vent l'aurait peut-être déjà déraciné. Pourtant, en Écosse, ça souffle. Le vent de l'indépendance est même plutôt violent. L'arbre qui est toujours là rappelle que ce pays vient du fond des âges et qu'il n'est pas près de bouger. Comme le fût d'un bon whisky.


100 000 morts de la Covid : l'arbre qui cache la forêt

La France a atteint mi-avril la barre des 100 000 morts de la Covid-19. Emmanuel Macron, Olivier Véran et d'autres membres du gouvernement se succèdent  devant les caméras pour rendre un hommage officiel ou plus personnel à ces morts. Ils semblent oublier que, dans cette pandémie, le plus dangereux n'est pas celui qu'on croit.

Le nombre de morts dus à la Covid-19 est probablement sous-estimé, à cause des décès à domicile et des retards de déclarations. Pour autant, les chiffres officiels annonçaient jeudi 15 avril que le cap symbolique des  100 000 morts de la Covid-19 avait été franchi. 100 000 visages, 100 000 noms qu'Emmanuel Macron ne veut pas oublier, comme il l'a déclaré jeudi sur Twitter. Ces morts avaient des enfants, des petits-enfants, des familles. Mais, si l'on compte mal les morts de la Covid-19, on compte plus mal encore les blessés de la politique gouvernementale menée depuis un an.

Des mesures gouvernementales destructrices pour contrer la Covid-19

Si la Covid-19 touche, du moins pour le moment, principalement les personnes âgées (78 % des décès), les mesures gouvernementales, elles, touchent l'ensemble de la population. En résultent de nombreux dommages, parfois dramatiques, qui touchent tout le monde et à tout âge. Les enfants sont quatre fois plus sujets aux troubles psychologiques aujourd’hui comparé à la normale, car livrés aux rythmes irréguliers du télétravail et de l'école à distance, privés de la cantine qui, pour certains, représente le seul repas équilibré de la journée. Perturbés par les masques, la distanciation sociale, l'angoisse ambiante, ils sont plus violents, plus dépressifs, plus suicidaires. Janvier 2021 a marqué une hausse de 80% des passages aux urgences pédiatriques pour troubles de l'humeur par rapport à janvier 2020.

Les enfants triquent, et les parents ne sont pas à la fête non plus. Bien que le gouvernement et les médias parlent en boucle des dispositifs d’aides financières, ces dernières sont loin d'être suffisantes. Les restaurateurs, commerçants ou gérants de boîtes de nuit ont besoin de savoir quand ils pourront rouvrir, afin de se projeter, d'anticiper leurs recrutements et leur réapprovisionnement. Le flou artistique maintenu par le gouvernement à coup de conférences de presse stériles, au lieu de leur donner des réponses, angoisse plus qu’il n’endort.

Cette impossibilité de se projeter est également terrible pour les étudiants. En plus d'être privés d'une vie sociale emblématique de leur âge, ils sont confinés dans des appartements souvent minuscules, obligés de rester concentrés sur leur seul écran pendant des heures. Un étudiant sur cinq dit avoir eu des pensées suicidaires pendant la crise, et un sur trois présente des état dépressifs et anxieux. En 2018, selon une enquête de l'Observatoire national de la vie étudiante, 8% des 19 000 étudiants interrogés avaient pensé à se suicider. Les mesures gouvernementales pourraient donc avoir plus que doublé les pensées suicidaires des étudiants.

100 000 morts de la Covid-19, des mesures gouvernementales inadaptées

Les vagues pandémiques se suivent et se ressemblent, à l'inverse des mesures gouvernementales. Depuis le début de la pandémie, le gouvernement choisi d'appliquer ses mesures à l'ensemble de la population, afin de tenter de limiter la circulation du virus dans le pays. Faute de pouvoir éviter les morts, on essaye de limiter le nombre de cas. Un confinement uniquement pour les personnes âgées avait été évoqué, et vite écarté par le gouvernement, la mesure étant juridiquement difficile à mettre en oeuvre. Et pourtant, , les moins de 64 ans représentent "seulement" 8% des décès dus à la Covid-19.

Le gouvernement a donc souhaité appliquer les restrictions à l'ensemble de la population, tout en gardant les frontières ouvertes : comble de l’incohérence, quand on voit les ravages provoqués par certains variants à l'étranger. Les Français comprennent également mal que les voyages à l'étranger soient encore permis : Jean-Luc Mélenchon est en déplacement en Amérique du Sud, alors qu'eux-mêmes ne peuvent pas aller acheter leur pain après 19h.

Sévère à l'intérieur, laxiste à l'extérieur, sévère pour tous pour protéger quelques-uns, la politique gouvernementale pose question. Elle n'aura pas permis d'éviter que 100 000 personnes meurent de la Covid, et aura bouleversé la vie de tous les Français, parfois, durablement, quand ce n’est pas définitivement. Tout ceux qui ont mis la clef sous la porte ou se sont séparés à cause des confinements à répétition en sont témoins. Sans parler des enfants qui ne sont pas nés, (100.000), ou des couples qui ne sont pas formés, (des millions ?) faute d’interactions sociales... Cette politique pose d'autant plus question que d'autres pays, comme la Suède, dont les mesures sanitaires étaient beaucoup moins contraignantes, ne dénombrent pas plus de morts en proportion de leur nombre d'habitants.


"Mon truc à moi, c'est la chanson française" : les dernières confidences de Vianney

Dimanche 28 mars, Vianney passait dans Sept à Huit, le rendez-vous d'Harry Roselmack sur TF1. Au vu des commentaires suscités par sa prestation, on peut dire que la nouvelle icône de la chanson française n'a pas laissé indifférent.

À plusieurs reprises, face caméra, Vianney se tord les mains. Il sourit aussi comme s'il voulait présenter des excuses. Le jeune homme préfère la chanson française, même s'il écoute du rap. Il va à la messe, même s'il encourage les gays à élever des enfants. Vianney concilie ce que l'on oppose, dépasse les conflits, se joue des aspérités. Avec lui, la chanson française retrouve un visage, une jeunesse et une joie de vivre. Cette posture réjouit ou agace. En tout cas, ça marche car le chanteur à la carrière rapide structure maintenant la vie culturelle.

Vianney à The Voice en 2021

Vianney, dans son fauteuil de coach de The VoiceInstagram @vianneymusique

Membre du jury de l'émission The Voice, Vianney fait grimper les audiences du concours de chant. Marc Lavoine le qualifie de "surdoué au quotient intellectuel fort". Les candidats rêvent de l'avoir en coach. Vianney plaît, il est à la mode. Même Yann Barthès fait sa promotion.

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Vianney incarne une alternative au son que l'on dit "tendance", à savoir, le rap. Il aime Maxime Le Forestier, Barbara, Francis Cabrel, Céline Dion. Il recherche une musique née d'un rapport au texte, à la langue. Ses chansons produisent du sens. En ménestrel 2.0, Vianney marie la guitare et la voix, sans artifice.

Un profil sincère et atypique

Ses paroles sont paisibles et ses mélodies rythmées. Le caractère de Vianney est équilibré, "classique" et "très sage", selon la journaliste de TF1 qui l'interrogeait. Le chanteur contraste avec les figures du marché. La simplicité serait-elle la recette de son succès ? "Mon style ne fait pas rêver", confie-t-il, et pourtant sa carrière grimpe. Il le dit souvent, il ne cherche pas à faire du business et lorsque la famille s'agrandira, il trouvera une activité compatible avec sa vie privée.

Vianney est fils de militaire mais n'a pas du tout la rigidité dont son milieu se voit souvent taxé. Ancien élève du lycée de Saint-Cyr-l'École, ce catho-scout de la bonne bourgeoisie parisienne professe une grande tolérance et une belle capacité d'écoute. C'est pour ça qu'on l'invite.

Après un éloge de l'uniforme, il lâche : "Je sais, on n'est pas censé être comme ça". Défendre un habit collectif est considéré comme un positionnement réactionnaire ? Pourtant, Vianney affirme un point de vue différent et il a conscience de se mettre à dos toute une bien-pensance. Plus tard, pendant l'entretien, il récidive par une nouvelle infraction culturelle. Vianney considère que, généralement, les musulmans assument plus leur foi que les catholiques. Il trouve cela dommage. "Je sais que je suis tout seul dans le délire. (...) Il faut assumer ce qu'il y a en nous sans agresser l'autre". Ce Gandhi de la musique ne fait "pas d'évangélisation".  Il n'y a pas à convertir, simplement à chanter. N'est-ce pas finalement le moyen le plus efficace pour influencer à grande échelle ?

À ceux qui ont, à tort, annoncé la fin de sa carrière, Vianney répond clairement sur TikTok : "Je ne vous abandonnerai jamais". Suivi par plus d'un demi-million de personnes sur les réseaux sociaux, Vianney n'est pas près de quitter les ondes et les plateaux. Car il aime les gens. Tout simplement.


Bitcoin, cryptos : quand les États s'y mettent

Le Bitcoin touche à un pouvoir fondamental, celui de battre monnaie. Si certains États sont hostiles aux cryptos, d'autres savent tirer parti des avantages que procure cette innovation technologique.

2011, 2013, 2017, 2021 : ces quatre millésimes sont des années de bull-run pour le Bitcoin, c'est-à-dire de phase fortement haussière. Tel le taureau de Wall Street, la folie spéculative lui fait enfoncer tous les plafonds, avec une poussée de 1400 % en un an et un rendement qui ne souffre d'aucune comparaison.

Créé par un anonyme en 2009, le Bitcoin est à la fois un jeton numérique (une cryptomonnaie) et une base de données distribuée (une blockchain). En réalité, il existe des milliers de cryptomonnaies ou de blockchains aux caractéristiques bien différentes. C'est le cas d'Ethereum, le numéro 2 des cryptos, qui possède son propre langage de programmation et permet de créer des applications décentralisées. Pour faire simple, cette blockchain alternative cherche à fabriquer un nouvel internet et, accessoirement, un nouveau système financier.

Le droit de battre monnaie est un monopole de l'État et représente l'essence même de son pouvoir. Ce n'est pas un hasard si le faux-monnayage a longtemps été puni de mort. Les cryptomonnaies s'inspirent d'une conception libertarienne : l'idée est de s'affranchir de toute autorité centrale, qu'elle soit privée ou publique. La technologie blockchain, née avec le Bitcoin, permet justement d'émettre des transactions et des messages non-censurables.

On comprend que les États soient méfiants envers une innovation qui contredit ses pouvoirs.

En 2017, Peter Thiel, milliardaire américain et investisseur crypto, déclarait que le Bitcoin est "largement sous-estimé". Ce patron de la tech, ancien soutien de Trump, en a une vision politique : la blockchain est, selon lui, un outil libertarien pour se protéger de la centralisation. Dans les années 90, Peter Thiel avait d'ailleurs co-fondé PayPal avec Elon Musk, lui-même proche des idées libertariennes et investisseur dans le Bitcoin.

Le Bitcoin et la technologie blockchain ne sont pas neutres politiquement.

La blockchain fonctionne grâce à différents nœuds qui se forment librement, sans intervention centrale.

Les déclarations des responsables publics et politiques sont souvent hostiles aux cryptomonnaies. Le Bitcoin est d'ailleurs associé à des activités illégales comme le trafic de drogue ou le terrorisme. Mais seuls quelques États interdisent les cryptos, comme l'Algérie ou le Vietnam. Dans les faits, cet oukaze est assez illusoire : il est quasiment impossible d'empêcher des bits informatiques de circuler sur un réseau.

En réalité, la plupart des États s'intéressent à cette innovation. Dans le jeu de la mondialisation, les cryptomonnaies sont des outils autant politiques que financiers : elles permettent de contourner des sanctions internationales, de contester la suprématie de devises comme le dollar ou de tirer parti d'avantages énergétiques.

Des États qui minent des cryptos

Dans le Venezuela socialiste, c'est-à-dire au pays de l'hyperinflation (130000 % en 2018), avoir les plus grosses réserves de pétrole au monde n'est plus suffisant. À vrai dire, les sanctions et les embargos n'arrangent pas la situation : les avoirs du gouvernement sont bloqués à l'étranger et l'accès aux devises internationales est limité. Avec un PIB en chute de 75 % sur une décennie, la situation économique est catastrophique et les Vénézuéliens manquent de tout.

L'an dernier, le président Nicolas Maduro annonçait que son pays utiliserait tous les moyens possibles pour contourner les sanctions internationales.

L'armée vénézuélienne se lança dans le minage de cryptomonnaies.

Une brigade de l'armée vénézuélienne publiait en novembre 2020 une vidéo sur l'installation d'une ferme de minage.

Qu'est-ce que le minage ? C'est une opération qui consiste à valider une transaction et à l'enregistrer dans la blockchain. Le processus met en compétition des ordinateurs du monde entier, incités par des mécanismes cryptographiques à sécuriser le réseau sans en falsifier les opérations.

Le minage de Bitcoin est récompensé en Bitcoin : il peut ensuite être vendu dans une devise officielle, telle que l'euro ou le dollar sur une place de marché.

Mais contrairement à l'euro, au dollar ou au bolivar vénézuélien, le Bitcoin est limité en quantité. Et c'est l'argument principal de ses partisans qui y voient une réserve de valeur contre la planche à billets étatique. Pour des pays en difficulté, le Bitcoin est une aubaine contre l'inflation et les sanctions internationales. La Corée du Nord serait d'ailleurs très impliquée dans le minage de cryptomonnaies, selon un rapport américain.

Le minage de cryptomonnaies implique l'utilisation d'une puissance de calcul informatique colossale

En Ukraine, le gouvernement construit une ferme minage utilisant l'excédent d'énergie nucléaire : elle pourrait être opérationnelle dès août 2022. En Biélorussie, le président Loukachenko proposait déjà en 2019 d'utiliser l'atome pour miner du Bitcoin. Le pays est connu pour être un paradis fiscal pour les professionnels cryptos. Récemment, le ministre de l'énergie Viktor Karankevich annonçait que Minsk étudiait la possibilité de miner des cryptomonnaies.

Toutefois, les principaux producteurs de Bitcoin sont en Chine, aux Etats-Unis et en Russie. Ils profitent d'une énergie peu chère.

Quand les fermes ne sont pas directement exploitées par les États, elles sont tolérées sur leur sol. Et ce n'est pas anodin, compte tenu de la consommation énergétique que représente le minage : le seul réseau Bitcoin consomme annuellement plus d'énergie qu'un pays comme l'Argentine !

Des États qui favorisent le développement des cryptos

Beaucoup d'États jugent inévitable l'avènement des cryptomonnaies et de la blockchain. En 2017, Vladimir Poutine rencontrait Vitalik Buterin, le russo-canadien fondateur d'Ethereum. La presse rapportait alors les ambitions du chef du Kremlin : "Internet appartient aux Américains. La blockchain appartiendra aux Russes", aurait confié un ex-agent du FSB, selon le New York Times.

Du côté chinois, le président Xi Jinping déclarait en 2019 que "la blockchain est une percée technologique importante pour l'innovation" et que la Chine devait "accélérer le développement des solutions blockchains".

Les États-Unis hébergent de leur côté de grandes plateformes dédiées aux échanges de cryptomonnaies comme Kraken, Gemini ou Coinbase. Cette dernière, fondée en 2012, devrait bientôt faire son entrée en bourse avec une valorisation à 100 milliards de dollars. Coinbase propose des fonctionnalités de trading avancées de cryptomonnaies. Sa croissance n'est pas entravée par les autorités américaines. Mais les puristes se méfient de ces géants qui concentrent beaucoup de pouvoir, car cela s'oppose de fait à la philosophie crypto.

Coinbase est une plateforme d'achat et vente de cryptomonnaies très populaire.

Les États songent eux-aussi à lancer leur propre cryptomonnaie. Ni décentralisées, ni limitées en nombre, elles seraient plutôt des monnaies numériques de banque centrale (CBDC, Central Bank Digital Currency). Mais celles-ci reprendraient des caractéristiques propres aux cryptos, comme le fait de contourner le système bancaire traditionnel.

La Réserve fédérale s'intéresse à un dollar numérique qui pourrait être testé dès l'été. Les particuliers pourraient alors échanger des "billets verts" sans passer par une banque. Cette option est envisagée dans le cadre d'un plan de relance de l'économie US.

La Banque centrale européenne n'écarte pas non plus l'idée d'un euro numérique. Son lancement prendrait environ 5 ans, selon Fabio Panetta, membre du directoire de la BCE. Une décision devrait être prise à ce sujet au milieu de l'année. L'institution en voit les avantages, notamment si l'argent liquide devait disparaître.

En 2018, le Venezuela fut le premier État à lancer une monnaie numérique, le Petro. Le Time Magazine avait cru y voir la main de Moscou. La Russie utiliserait le Venezuela, un pays qui n'a plus grand chose à perdre, comme un terrain d'expérimentation en matière de cryptomonnaies.

Depuis 2014, la Chine travaille sur un yuan numérique. Il serait actuellement en phase de test dans plusieurs villes comme Shanghai ou Shenzhen. La CBDC chinoise permettrait de réaliser des transactions internationales sans passer par le système bancaire dont le dollar est la devise de référence.

Le yuan est la devise officielle chinoise. Elle est pour le moment très marginale dans les échanges mondiaux.

Ces initiatives étatiques mettent-elles en péril la décentralisation et la liberté qui sont la matrice du Bitcoin ? Les prochaines années pourraient être décisives sur ce sujet.

Néanmoins, soyons conscient d'une chose : les cryptomonnaies ne se seraient pas autant développées sans l'aide, au moins tacite, de certains États. En janvier, la capitalisation totale des cryptomonnaies dépassait le trillion de dollars !