Achat du logiciel espion Pegasus : la Pologne sur la sellette
La Pologne a admis avoir acheté le logiciel espion Pegasus. Surveillance de l’opposition ou simple moyen de combattre la criminalité, le gouvernement se confond en explications tandis que les preuves s’accumulent.
Le vendredi 7 janvier 2022, le premier ministre polonais Jaroslaw Kaczynski lui-même finit par avouer. La Pologne s’est procuré le fameux logiciel espion Pegasus. Installé sur n’importe quel téléphone, il peut en exfiltrer les données et espionner son utilisateur sans risque d’être démasqué.
Le gouvernement, sommé de se justifier, affirme que l’achat du logiciel n’est pas destiné à espionner l’opposition, mais seulement à prévenir la criminalité. Le laboratoire Citizen Lab, qui a enquêté sur les potentielles cibles de Pegasus, révèle pourtant que Krzysztof Brejza, sénateur de ladite opposition, a été surveillé en 2019 au moment des élections législatives, qu’il a perdu. Son parti Plate forme civile (PO), placé à droite sur l’échiquier politique, est persuadé qu’il y a un lien. Pourtant, le vice premier ministre a déclaré qu’il « serait mauvais que les services polonais ne disposent pas de ce type d’outil ». Dans l’entretien, il justifie cet achat. Le logiciel, est, semble-t-il, « utilisé par les services de lutte contre la criminalité et la corruption dans de nombreux pays ». Et que l’utilisation qu’en fait le gouvernement est contrôlée et mesurée, « toujours sous le contrôle d’un tribunal et du bureau du procureur ».
Les révélations du vice premier ministre ne sont que « la pointe de l’iceberg » révélant un « glissement autoritaire » en Pologne, scandent les opposants.
Donald Tusk, président du parti de l’opposition, qualifie cette révélation de « la plus grande, la plus profonde crise pour la démocratie depuis 1989 », puisque que c’est l’argent public qui a vraisemblablement permis à la Pologne d’acquérir le logiciel, à hauteur de 5 millions d’euros. D’abord nié par le gouvernement, une facture retrouvée par le président de la Cour des comptes confirme les dires.
Un logiciel espion dangereux
Le logiciel Pegasus est très performant. Une fois installé sur votre téléphone, il peut voir vos vidéos et vos photos, vous géolocaliser et vous mettre sur écoute. 17 médias dont Le Monde, ont révélé fin août 2021, que plus de 50 000 numéros sont susceptibles d’être surveillés par Pegasus. Et pas des numéros lambda, Édouard Philippe et Emmanuel Macron sont sur la liste potentielle.
Le logiciel est développé par NSO Group, une start-up israélienne, placée depuis sur la liste noire des entreprises par les États-Unis. Pegasus a été acheté par pas moins de 60 pays, dont le Mexique et le Maroc. La France s’était déjà questionnée sur le sujet mais n’a pour le moment pas cédé.
Climat de crise politique en Pologne
Déjà pointée du doigt par Bruxelles dans ses atteintes aux libertés et droits fondamentaux, Varsovie est en mauvaise posture, alors que l’Allemagne et l’Espagne, qui se sont aussi procuré le logiciel, n’ont pour l’instant subi aucune remontrance.
L’espionnage et l’intrusion dans la vie privée viole totalement les traités européens. Et étant membre de l’Union Européenne, la Pologne doit justement respecter les traités.
Le pays est dans le collimateur des autorités européennes depuis des années. Tensions à sa frontière avec la Biélorussie, homophobie non sanctionnée, avortement interdit, primauté du droit national sur le droit européen, la liste est longue.
Cet aveu ne conforte pas la position de la Pologne dans les relations internationales, d’autant plus qu’il fragilise le pouvoir. Le gouvernement s’attire aussi les foudres de Berlin en déclarant que l’Allemagne veut faire de l’Union Européenne le quatrième Reich. Le pays adopte des mesures pour renier en quelque sorte le droit européen. La situation se dégrade peu à peu. Les prochains mois seront cruciaux pour déterminer l’avenir du pays au sein de l’Union Européenne. Il en est un acteur majeur mais en même temps contesté.
La primaire populaire : un échec annoncé ?
Les temps sont durs pour la gauche depuis le début de la campagne présidentielle. Les divisions sont fortes et aucun candidat ne parvient à dépasser la barre des 10 % d’intentions de vote. Quelques mois après le déclenchement de la primaire populaire à gauche, il semblerait qu’elle enthousiasme peu les foules, et contribue à multiplier encore le nombre de prétendants.
L’objectif d'une primaire est simple : permettre au candidat désigné de se qualifier au second tour de la présidentielle. Depuis octobre 2020, Samuel Grzybowski réfléchit à l’organisation de la primaire à gauche. L'entrepreneur social propose un système ouvert. Au lieu d’avoir des candidats déclarés élus sur un programme, il suggère que militants et sympathisants parrainent la personnalité la plus représentative de leurs idées, qu'il s'agisse par exemple de la défense de l’environnement, des droits LGBTQ ou du combat contre le racisme. En octobre dernier, neuf personnalités ont été sélectionnées dont trois déjà investies par leurs partis : Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot et Anne Hidalgo. Depuis quatre ans, les grandes structures ont du mal à mobiliser les électeurs de gauche. L'initiative de la primaire ouverte vient un peu tard et divise. Plusieurs candidats de gauche déjà déclarés comptent bien mener leur campagne jusqu’au bout, tant qu'ils peuvent espérer faire plus de 5 %.
L’impossible union des gauches
La perspective ouverte par Samuel Grzybowski séduit des intellectuels et des militants. Mais l’initiative ne plaît pas aux candidats, comme celui d'Europe Ecologie les Verts, Yannick Jadot, déjà désigné par une primaire, qui plafonne pour l'instant à 5 % des intentions de vote. Jean-Luc Mélenchon, crédité au mieux de 12 % des intentions de vote, refuse lui aussi cette perspective. Quant à Anne Hidalgo, elle n’a plus qu’à espérer que les militants de gauche la choisissent, ce qui semble mal parti. Son profil parisien fait fuir nombre d’électeurs, en témoigne son niveau actuel dans les sondages : entre 4 et 5 %. La possible candidature de Christiane Taubira, sélectionnée par les électeurs de la primaire populaire, ne va pas faciliter l'unité de la gauche. Reste à savoir si elle osera faire le pas de se présenter. Ses derniers déplacements en Ariège et ses attaques à propos des propos de la droite font croire que cette candidature est presque officielle. Elle annoncera si oui ou non elle fait ce pas le 15 janvier prochain.
Le problème de la gauche : les idées
Certaines personnalités comme Manuel Valls affirment que la déprise de la gauche est due à son revirement idéologique. Depuis quelques années, elle centre ses luttes exclusivement sur le plan sociétal et environnemental, et délaisse ses combats traditionnels : la défense des droits des ouvriers et des salariés, ou des personnes à revenu modeste. Ce sont désormais des causes culturelles qui la préoccupent : l'écologie, le wokisme et la cancel culture, les droits LGBTQ, ou la fin du nucléaire. Mais ces sujets répondent-ils vraiment aux préoccupations des Français ? La gauche s'éloigne du peuple depuis trop longtemps, alors qu’elle a toujours prétendu le représenter. Sans doute que la grève de la fin, entamée le 5 janvier par le président de Nouvelle Donne et candidat sélectionné à la Primaire populaire, Pierre Larouturou, avec une dizaine d'autres militants, ne suffira pas pour convaincre les candidats de gauche à s'unir non plus. Il ferait peut-être mieux de manger à sa faim, et de proposer des idées qui dépassent, si possible, la question du réchauffement climatique, son principal cheval de bataille depuis une dizaine d'années. Peut-être que le candidat sélectionné les 27 et 30 janvier prochains à la primaire populaire saura comprendre ce problème. En tous cas, la Primaire populaire ne semble pas être la solution pour renouveler la gauche.
Indemnité inflation : du chèque énergie au chèque de la discorde
Mise en place par Matignon jeudi 21 octobre pour lutter contre la flambée des prix de l’énergie et des carburants, l’« indemnité inflation » continue de diviser la classe politique. Sur cette mesure contestée, l'opposition prend bruyamment la parole.
Pour préserver le pouvoir d'achat, Jean Castex avait annoncé la création d'une aide exceptionnelle de 100 euros. Les Français aux revenus inférieurs à 2000 euros net par mois pouvaient en bénéficier. La mesure concerne 38 millions de personnes. A droite comme à gauche, l'opposition fustige une mesure jugée "dérisoire". Jordan Bardella, nouveau président du Rassemblement national, y voit un "speculos de 100 euros" de la part d'un gouvernement qui "ne comprend strictement rien à la souffrance des Français, à [leur] détresse sociale". Il dénonce également le coût d'un tel projet - 3,8 milliards d'euros - et ses conséquences sur le déficit public. Chez les Insoumis aussi, le ton est dur. Eric Coquerel, député de Seine-Saint-Denis, dénonce une "indemnité de la trouille". L'occasion de rappeler au gouvernement l'origine de la contestation populaire des Gilets jaunes, trois années plus tôt : la hausse des prix des carburants.
Un gouvernement critiqué pour ses effets d’annonce
Avec la discrète mais réelle reprise du mouvement des Gilets jaunes à la rentrée, l’opposition déplore des "effets d’annonce" destinés à apaiser la grogne montante des Français. Michel Barnier, candidat malheureux à la primaire de la droite, dépeint la mesure comme "la conjugaison de l’opportunisme électoral et de la bureaucratie". Mise en place à partir de décembre 2021, cette mesure s'inscrit bel et bien dans un contexte de campagne présidentielle. Invitée de France Info samedi 23 octobre, Amélie de Montchalin, ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, a défendu une "mesure d'urgence", "ciblée" pour réagir au "choc soudain inflationniste" créé par la crise sanitaire et économique. "Tous ceux qui nous expliquent que c'est électoraliste sont ridicules", a-t-elle blâmé pour faire taire les contradicteurs.
Une tribune pour les candidats à la présidence
La polémique sur le bien fondé de cette mesure aura pourtant créé une tribune idéale pour l’opposition, et plus particulièrement pour les candidats à la présidentielle. Michel Barnier n’entendait pas seulement critiquer l’action gouvernementale. Rapidement, il saisit l'occasion de présenter ses solutions à la problématique des taxes qui représentent aujourd'hui près de 60% du prix des carburants. Sur BFM TV, il exprimait sa volonté de "supprimer la TVA sur les taxes" et d’"arrêter de distribuer des chèques qui sont d'ailleurs de plus en plus des chèques en bois ou en blanc aux générations futures". Sandrine Rousseau, alors candidate écologiste à la présidence, réagissait par un tweet acéré : "100 balles et 1 mars. Et circulez il n’y a rien d’autre à voir". Entre les effets d'annonce de certains et les tribunes exaltées des autres, la campagne présidentielle semblait donc bien lancée.
Un appel à la baisse des taxes
Finalement, c’est face au Premier ministre que les diverses familles de l'opposition trouvent un terrain d'entente. Julien Odoul, porte-parole du Rassemblement national, dénonce un "gouvernement [qui] multiplie les fausses excuses pour ne pas diminuer les taxes". Ferme, il propose "une réduction immédiate de la TVA de 20 à 5,5%". Le discours est le même chez Arnaud Montebourg. L'ancien ministre socialiste et candidat à l'élection présidentielle n'a qu'un slogan : "Baissez vos taxes !"
Ciotti : la surprise du congrès des Républicains
Éric Ciotti, vainqueur du premier tour de la primaire des Républicains, a surpris tous les commentateurs, à commencer par les sondeurs. Ceux-ci partaient du principe que ce serait Xavier Bertrand ou Valérie Pécresse qui s'imposeraient. Avec 25,6% des voix, et fort d’une participation de 80%, il donne de nouveaux espoirs aux anciens fillonistes et à toute une frange libérale-conservatrice dans son parti.
Une grande joie et un grand enthousiasme se sont emparés des militants et des soutiens d’Eric Ciotti dans l’après-midi du 2 décembre. Le candidat le moins attendu de la primaire, a nettement devancé ses adversaires, en remportant 25,6% des votes exprimés par les militants du congrès LR. Xavier Bertrand et Michel Barnier sont arrivés respectivement troisième et quatrième du scrutin, avec un score avoisinant les 23-24%. Le quatrième homme, qu'on s'attendait à voir jouer de nouveau le rôle de soutien du vainqueur, est finalement le premier de la course. Il devance de peu Valérie Pécresse, qui recueille 25% des suffrages, juste derrière lui.
« C’est un redressement national »
C’est en ces mots qu’Éric Ciotti a débuté son allocution devant un parterre de journalistes. C’est sans doute la première fois que les médias portent autant d’intérêt au candidat victorieux du premier tour. Eric Ciotti prétend incarner une droite qui s’assume, avec un programme qu’il a souvent revendiqué de « radical ». Finies les demi-mesures dans le domaine de la sécurité, de l’immigration ou encore de l’économie. Ciotti est le candidat de la sécurité, de l’ordre et des baisses d’impôt. Il se prétend celui qui rassemble tous les fillonistes déçus, et ceux qui seraient encore tentés de rejoindre la Rassemblement national, et surtout Éric Zemmour.
« Je n’ai jamais quitté le parti »
Ciotti est le candidat de la loyauté. Il n’a pas manqué de le rappeler ces derniers mois, pour se démarquer de ses deux principaux concurrents Xavier Bertrand et Valérie Pécresse. L’un et l’autre avaient claqué la porte des LR, en 2017 et 2019, dénonçant la ligne trop radicale du parti. Ils ont été forcés de le rejoindre en fin de compte. Le plus récalcitrant, Xavier Bertrand, ne peut que le regretter, maintenant qu’il est disqualifié pour le second tour de la primaire.
Un combat difficile en perspective
La victoire du « candidat de la radicalité » au premier tour ne signifie pas qu’il a ses chances pour le second. « Ciotti est le Sandrine Rousseau des Verts », affirmait l’éditorialiste au Figaro Carl Meeus sur le FigaroLive hier après-midi. Il est capable de rassembler une frange importante de la droite LR, mais pas de l’unir. Les ralliements immédiats de Xavier Bertrand, Michel Barnier et Philippe Juvin à Valérie Pécresse après l’annonce des résultats, sont le signe qu'un front anti-Ciotti s'est bien formé pour le second tour, au sein du parti (second tour qui a débuté ce matin). Les militants suivront-ils les consignes de leur champion ou non ? Tout dépendra de la capacité de Ciotti à rassembler, tout en conservant son image d’homme de convictions. Nous saurons samedi s’il y est parvenu.
Le débat LR, théâtre de la droitisation des candidats
Dimanche 21 novembre, cinq candidats LR à l’investiture à l’élection présidentielle débattaient sur Cnews : Michel Barnier, Xavier Bertrand, Éric Ciotti, Philippe Juvin et Valérie Pécresse. L'ambiance cordiale cachait un désir de se positionner toujours plus à droite.
Pour marquer leurs différences, ils sont d'abord invités à présenter une carte blanche. Valérie Pécresse commence : « J’ai choisi l’éducation car la France est fracturée ; il y a des territoires où les mots liberté, égalité, fraternité, mais aussi laïcité n’ont plus de sens. » Philippe Barnier surenchérit, tandis que Philippe Juvin privilégie les thématiques sécuritaires et migratoires. Éric Ciotti se dit « heureux de débattre à Cnews qui a cassé les codes du politiquement correct ». Enfin, Xavier Bertrand joue l'original en s’orientant sur le handicap, « un thème qu’on n’aborde pas dans les débats ».
Sécurité et immigration
Puis la soirée débute autour d'un premier sujet, la sécurité des Français ; les cinq candidats y répondent en prônant la protection des policiers. Tous s'accordent sur une "présomption de légitime défense" pour les policiers. Michel Barnier, lui, mise sur le "rétablissement du service militaire". A la question de la crise sanitaire et sécuritaire en Guadeloupe, tous rétorquent souhaiter le "rétablissement de l'ordre". Car "notre modèle de civilisation est supérieur aux autres. Il faut le défendre", selon Philippe Juvin.
L'avenir de la France
Quelle France pour demain ? Telle est la deuxième thématique de ce débat. L'occasion pour Michel Barnier de condamner l'idéologie du wokisme qui, selon lui, "veut détruire le fondement de notre cohésion nationale". Pour sa part, Valérie Pécresse entend "renvoyer les clandestins dans leur pays". Enfin, le débat s'achève autour d'un dernier sujet : l'argent des Français.
Autant de sujets déjà vus pour la chaîne de télévision habituée au polémiste Éric Zemmour. Mais derrière les apparences d'un parti soudé, Les Républicains ont tous revendiqué et démontré leur appartenance à une droite conservatrice. C'est d'ailleurs à la suite de ce débat que Renaud Muselier, président de la région PACA, annoncera quitter les LR. Il dénonce entre autres choses "une montée de l'extrême droite à l'intérieur de notre famille politique".
Etiennette de La Ruffie
Facebook change de nom et s’appelle « Meta »
Le groupe Facebook est rebaptisé Meta pour « Metaverse ». Coup de com pour l’entreprise, récemment mise à mal par les accusations de deux de ses employés et sa panne mondiale le 4 octobre. Mais aussi confirmation de l’implication des réseaux dans les enjeux humains et scientifiques d'aujourd'hui. Décodage.
Pour rappel :
·Septembre 2021, la lanceuse d’alerte Sophie Zhang, ex-salariée du groupe Facebook où elle a occupé pendant 2 ans le poste de « data-scientist », dénonce l’utilisation des données à des fins politiques. En parallèle, Frances Hauguen, autre ex-employée de Facebook, divulgue des dizaines de milliers de documents internes accusant l’entreprise de privilégier la rentabilité au détriment de la sûreté des utilisateurs. ·Le 4 Octobre 2021, le monde entier est affecté par une panne de plusieurs heures compromettant l’accès aux comptes et messageries des réseaux. ·Le 18 Octobre 2021, après ces deux « bad buzz « affectant le géant, Mark Zuckeberg, annonce officiellement procéder au recrutement massif d’employés en vue de l’élaboration d’un projet quasi-futuriste : le « metaverse ». ·Le 28 jeudi Octobre 2021 : Mark Zuckeberg renomme Facebook « Meta », afin de mieux cerner le « projet global » du groupe. |
« Meta » ou le nom d’une ambition révolutionnaire
« Meta » : c’est ainsi que s’appellera désormais le groupe Facebook a annoncé jeudi 28 octobre son fondateur et dirigeant Mark Zuckerberg, lors d'une prise de parole. Comprenant Instagram, le réseau social Facebook, la messagerie WhatsApp et Oculus VR, cette société américaine créée en 2004, trônant au côté de Google, Apple, Amazone et Microsoft (GAFAM), fait parler d’elle. Les révélations sur l’utilisation de données à des fins politiques avaient fait débat. Mais si beaucoup d'utilisateurs récusent l'ingérence des réseaux dans le spectre politique, personne ne semble s'inquiéter de l'implication de ces derniers dans des problématiques humaines encore plus vastes et qui ne devraient à priori pas les concerner. La nouvelle dénomination du groupe acte ainsi l'ambition transgressive du groupe.
C'est en effet une appellation lourde de signification à l’heure où les progrès scientifiques s’accélèrent et outrepassent les limites de l’humain. Et ce, quels que soient les domaines : politique, sportif, médical, éthique, bioéthique. L’étymologie grecque du mot en témoigne : meta est un préfixe grec qui signifie « après, derrière, au-delà ». Au-delà de quoi ? Si pour Aristote, au-delà de la physique se trouve la métaphysique, pour Mark Zuckerberg, au-delà du réel se trouve un autre univers, le « metaverse ».
Quand le rêve devient réalité … pour le meilleur et pour le pire

Le concept de « metaverse » pour « meta-univers », tire son nom du roman dystopique de Neal Stephenson, Snow Crash (1992), en
français, Le Samouraï virtuel. Le héros y rejoint grâce à des lunettes connectées un espace virtuel collectif. Ce qui devrait bientôt se réaliser. De quoi effrayer quand on sait que ces scénarios fictifs ont pour objectif de prévenir la société des dérives scientifiques. Le baptême d’un tel projet par son démiurge inaugure donc un monde aux frontières encore inviolées mais pour autant sans limites. Espace et temps sont en effet abolis. Le nouveau logo, rappelant le symbole infini en témoigne.
Une référence au gigantesque projet du fondateur
Le metaverse est en effet l’entreprise prométhéenne qui devrait mener au recrutement de millions de personnes dont 10 000 provenant de l’Union Européenne. Le « metaverse », serait une sorte « d’internet incarné ». L’homme n’y serait plus seulement « consommateur de contenus » mais « acteur d’expériences ». Dans ce monde immersif, brouillant les frontières du réel et du virtuel, boire un verre avec des amis situés à des milliers de kilomètres, faire du sport à distance et en conditions réelles sera désormais possible et facile. «Le métaverse est la prochaine frontière. C'est la promesse ultime, qui permettra de rapprocher les gens, d'avoir une sensation de présence, de pouvoir se téléporter n'importe où » a déclaré le porteur du projet. Projet séduisant mais alarmant quand on mesure les enjeux sous-jacents.
Le metaverse, un projet qui dévoie l’essence même du rapport au monde et aux autres
« La qualité essentielle du métaverse sera la présence - le sentiment de vraiment être là avec les gens » annonçait déjà en juillet Mark Zuckerberg sur son compte Facebook. Comment ne pas s’inquiéter de ce que les « sentiments », les sensations, prendront le pas sur la réalité ? Descartes était bien le premier à s’inquiéter de la tromperie des sens dans ses Méditations métaphysiques. Aujourd’hui on la provoque, avec pour seul levier le plaisir. Changement de société : on s’efforçait auparavant d’aller au-delà des apparences, aujourd’hui on accourt au-devant, à coup de réalité virtuelle (VR) ou réalité augmentée (AR). On ne veut pas la vérité du réel, on la fuit.
Mark Zuckeberg, fondateur et dirigeant de cette célèbre entreprise ne se contente donc pas d’amasser les bénéfices mais de transformer -ou d’accompagner la transformation- de l’essence même de l’homme. La sémantique des limites ou plutôt de l’absence de limite est donc légitiment à l’ordre du jour dans les dénominations. Et ce, dans le monde économique comme dans le champ politique. Pour Edouard Philippe avec son nouveau parti « Horizon » et Facebook devenu « Meta », le 7ème ciel au goût d'enfer n’est plus très loin. Si tant est qu'on n'y soit pas déjà.
Blandine Neviaski
Michel Barnier, le « vieux » qui séduit les jeunes Républicains
Derrière Valérie Pécresse et Xavier Bertrand, l’ancien négociateur du Brexit gagne en popularité. Les jeunes militants sont persuadés que le Savoyard sera le vainqueur du congrès du parti, le 4 décembre, grâce à son expérience et à sa loyauté.
« Michel Barnier sera le candidat des Républicains (LR) en 2022, c’est sûr ! », explique Jean Helou, membre des Jeunes Conservateurs, élu LR du XVIe arrondissement de Paris. Comme lui, ils sont nombreux à croire aux chances de l’ancien commissaire européen. Après l’annonce de sa candidature le 20 août, Michel Barnier a su séduire les 2000 Jeunes Républicains réunis au parc floral de Vincennes, les 4 et 5 septembre. Quelque peu surpris de sa popularité soudaine, le Savoyard s’est offert un petit bain de foule. On l'a vu enchaîner les selfies. « Il a eu un très bon accueil, on avait quatre tables rondes et la sienne portait sur l'international. Historiquement, ce n'est pas le thème qui intéresse le plus à droite mais là, il a réussi à captiver tout le monde », explique Guilhem Carayon, président des Jeunes LR.
Une loyauté exemplaire
Premier atout de Michel Barnier : sa loyauté, d'abord au RPR (Rassemblement pour la République) puis à l'UMP et aux LR. « Il est resté fidèle à sa famille et ça plait aux jeunes », ajoute Guilhem Carayon. Rien à voir avec Valérie Pécresse et Xavier Bertrand, ses deux principaux concurrents. La présidente de l’Île-de-France a délaissé sa carte LR en 2019 pour créer son mouvement Libres ! Quant au président des Hauts-de-France, il a quitté Les Républicains en 2017 à la suite de l’élection de Laurent Wauquiez à la tête du parti. Si les deux transfuges ont repris place dans leur famille politique, les jeunes militants sont moins attirés par ce genre d'itinéraire sinueux.
Autre atout de Michel Barnier : son expérience. Âgé de 70 ans, l'homme a exercé presque tous les mandats possibles en France et en Europe. Ministre à plusieurs reprises, de l’Environnement sous François Mitterrand, des Affaires européennes puis des Affaires étrangères sous Jacques Chirac, de l’Agriculture et de l’Alimentation sous Nicolas Sarkozy, il connaît parfaitement le territoire français et les rouages étatiques. Commissaire européen au Marché intérieur et aux Services, puis négociateur du Brexit, il sait aussi manœuvrer avec les principaux dirigeants de l’Union européenne.
Troisième atout : malgré ses nombreuses responsabilités, Michel Barnier s'est préservé « des polémiques et des aléas de la vie politique », selon le politologue Bruno Cautrès. Cette aptitude au consensus et au dialogue n'est pas la moindre de ses qualités. Dans une société française très clivée, elle pourrait se révéler décisive.
Quartier chrétien de Beyrouth : des manifestants chiites ciblés par des tireurs
Jeudi 14 octobre, des membres des partis chiites Hezbollah et Amal ont été pris pour cible alors qu’ils manifestaient devant le palais de justice de la capitale libanaise.
L'enquête sur l'explosion du 4 août 2020 n'en finit pas de pourrir la vie politique. Le très encombrant juge Tarek Bitar veut entendre d’anciens ministres chiites et cela déplait fortement aux mouvements Hezbollah et Amal, les deux puissants partis pro-iraniens au Liban. Leurs partisans ont défilé devant le palais de justice dans le quartier de Aïn El-Remmaneh, mais des tireurs embusqués ont pris le cortège pour cible.
Ce quartier est à majorité chrétienne, et ses habitants n’ont pas apprécié de voir des chiites y défiler armes à la main. Avant même les échanges de tirs, des heurts avaient éclaté entre jeunes du quartier et manifestants. Pour l’instant, on ignore tout des tireurs, même si le Hezbollah et Amal attribuent cette embuscade à des miliciens du Parti chrétien des forces libanaises. Ces scènes de combat urbain ont ravivé de mauvais souvenirs : la guerre civile (1975-1990) avait commencé là...
Le risque de représailles est bien réel, et les Libanais attendent des chefs politiques qu'ils gardent le contrôle sur leurs milices respectives pour éviter le pire.
Hausse du prix de la baguette : à Toulouse, les commerçants s'organisent
La flambée du cours du blé de 30%, le mauvais rendement et la multiplication des charges contraint les boulangers à revoir leurs prix.
Interrogé au micro de Sonia Mabrouk à Europe 1, le porte parole du gouvernement Gabriel Attal, a écarté l'idée d'un "chèque baguette", tout en avouant : "C'est difficile pour beaucoup de Français."
L'augmentation depuis la rentrée du gaz et de l'électricité, du litre d'essence et dorénavant du prix du pain impacte les consommateurs.
L'Info déchaînée est parti à la rencontre des artisans de ce compagnon de table apprécié. Les boulangeries toulousaines font face avec bon sens à la hausse des prix.
"Ce n'est pas possible que j'arrête le pain, on est Français."
La cogérante avec son mari de la boulangerie pâtisserie "Au péché mignon" dans le quartier des Carmes affirme : "ce n'est pas sympathique pour nous, mais on n'a pas le choix.", ses propos faisant écho à l'escalade des prix sur la farine, le sucre et le blé. *Anne et son mari gèrent au mieux pour satisfaire "les clients qui ne sont pas toujours très ouvert à une augmentation", rassurant ces derniers, ils ne souhaitent pas augmenter leurs produits, préférant attendre la suite des événements.
Questionnée à l'idée d'un "chèque baguette", elle répond "je ne suis pas forcément pour". La multiplication des chèques et aides à tout va n'est pas spécialement bien accueillie, en témoigne un client de la boulangerie "Au petit pétrin" proche de la station de métro François Verdier : "c'est une connerie" dénonce-t-il, selon lui "on peut s'adapter, et il faut s'adapter".
Ingrid, gérante de la boutique nous explique sa réévaluation "toutes nos matières premières augmentent, alors on est obligé d'augmenter", déplore-t-elle. Sourire aux lèvres et enthousiastes, on ressent une profonde passion pour ces commerçants avides de procurer du plaisir aux papilles gustatives de leurs habitués. Passionnée par son métier, Ingrid propose de "travailler avec des producteurs locaux, mais cela reste compliqué", en effet les charges sont lourdes pour les boulangers, le local se paie et c'est un luxe.
Pour pallier aux pépins de ses clients, elle suggère de "jouer avec des associations ou des Too Good To Go pour proposer des produits moins chers" (Application dédiée à la lutte contre le gaspillage dans les commerces. On peut y commander des "paniers", à aller récupérer directement chez son commerçant pour des prix attractifs.), généreuse elle donne tous les soirs du pain à ceux en ayant le besoin.
Une dame âgée, venant récupérer sa pâtisserie avoue : "je peux pas m'en passer. » Je recherche un pain de "qualité", avant d'ajouter avec un côté chauvin et sourire au coin : "Ce n'est pas possible que j'arrête le pain, on est Français".
*le prénom a été modifié, par soucis d'anonymat.
Valentin CHERY