Article 24 : le pari très risqué de Jean Castex

Le 24 novembre, le Premier ministre annonçait devant l’Assemblée nationale qu’il saisirait le Conseil constitutionnel afin qu’il statue sur l’article 24 de la proposition de loi « sécurité globale ». Ce recours illustre la volonté du gouvernement de renforcer la valeur juridique de ce texte : un jeu à double tranchant. 

« Ce texte est excellent », déclarait Jean Castex au sujet de la proposition de loi dite « sécurité globale » dont l'article 24 punit la diffusion d’images ou de vidéos malveillantes de forces de l’ordre. Néanmoins, après son adoption par le Sénat, le Premier ministre le soumettra quand même à l’avis du Conseil constitutionnel. Le locataire de Matignon souhaite qu’il « ne subsiste aucun doute » quant à sa volonté « d’assurer l’indispensable protection des forces de sécurité ».

Bien que cette intention soit louable, elle n’est pas altruiste. Le Conseil constitutionnel s’assure que les lois soient conformes à la Constitution. En d’autres termes, il vérifiera que l’article 24 ne viole pas les droits fondamentaux, notamment des journalistes.

Castex coupe l'herbe sous les pieds de ses détracteurs

Après cette saisine, soit l’article 24 est censuré et n’entre pas en vigueur, soit il est déclaré conforme aux principes constitutionnels. Il sera alors appliqué et ne pourra faire l’objet d’une question prioritaire de constitutionnalité. La QPC permet à tout justiciable de demander au Conseil constitutionnel si, dans le cadre d'un litige le concernant, telle ou telle loi ne transgresse pas la Constitution. Mais pour cela, il faut que le texte attaqué n’ait jamais été jugé conforme à celle-ci. Concrètement, cela signifie que les sages de la rue de Montpensier ne pourrait pas abroger l'article 24 si, par exemple, des journalistes incriminés souhaitaient le contester.

Le gouvernement sur une ligne de crête

Homme pragmatique, le Premier ministre a conscience que cet article 24 sera examiné par le Conseil constitutionnel, soit avant sa promulgation, soit après, dans le cadre d’une QPC. Par conséquent, au lieu de laisser cet examen au hasard des événements qui pourraient survenir après son entrée vigueur, Jean Castex préfère agir en amont.

Néanmoins, cette stratégie comporte un risque vital pour l’article 24 de la loi dite « sécurité globale ». C'est celui d'une censure nette et sans concession du Conseil constitutionnel. La dernière fois qu’un membre de l’exécutif agissait de la sorte, c’était Emmanuel Macron. L'an dernier, le président de la République avait soumis l’article 3 de la loi « anti-casseurs » à l’avis de la juridiction suprême. Cet article visait certaines personnes déjà connues des services de police. Il soumettait leur droit de manifester à des autorisations administratives. Controversé, les Sages du Palais-Royal le retoquèrent.

Déjà, des figures de l’opposition - comme Jean-Luc Mélenchon - accusent le gouvernement d’instaurer un « régime autoritaire ». Un second refus du Conseil constitutionnel donnerait l’image d’un exécutif peu soucieux des droits fondamentaux, et ce à 18 mois de la présidentielle. Si une telle bévue se produisait, cela affaiblirait le chef de l'Etat et renforcerait ses adversaires.


Ecocide : le gouvernement invente un délit contre l'environnement

Dimanche 22 novembre, le ministre de la Transition écologique Barbara Pompili annonçait la création d'un "délit d'écocide". Il vise à punir les comportements dangereux ou néfastes pour la nature.

"Le glaive de la justice qui va s'abattre enfin sur tous les bandits de l'environnement", se réjouissait Barbara Pompili. Gare à tous les pollueurs, conscients ou non de leurs méfaits. Ce "grand délit" fera payer deux catégories de contrevenants : ceux qui polluent sciemment et ceux qui n'ont aucune idée de la gravité de leurs actes. Nul n'est censé ignorer la loin, qu'on se le dise !

Un délit, pas un crime

La Convention citoyenne pour le climat, composée de 150 citoyens, plaidait pour un crime d'écocide et non pour un simple délit. L'écocide se serait ainsi placé sur le même plan que le féminicide, l'infanticide, et d'autres crimes d'une extrême gravité. Mais le gouvernement craignait que cette qualification ne compliquât le processus institutionnel en raison d'un problème de proportionnalité. Le ministre de la Justice Eric Dupont-Moretti expliqua que "l'enthousiasme citoyen" devait maintenant laisser place à "une traduction juridique dans le code pénal".

Tous visés

Le délit d'écocide concerne autant les particuliers que les entreprises. Ainsi, quelqu'un abandonnant des déchets sur la voie publique recevrait une amende dix fois supérieure à ce que lui aurait coûté un dépôt à la déchetterie. Quant aux entreprises, elles se verraient condamnées pour mise en danger de l'environnement même si elles déversaient des produits sans incidences concrètes et directes mais sur lesquels pèsent seulement des soupçons. Les amendes s'échelonnent de 370 000 à 4,5 millions d'euros et les peines de prison de 3 à 10 ans, en fonction de l'intentionnalité de l'auteur.


Le Bitcoin bientôt au-dessus des 20.000 dollars ?

Depuis janvier, le prix du Bitcoin a augmenté de 150 %. Malgré des crises à répétition, rien ne semble arrêter la plus célèbre des cryptomonnaies : elle pourrait bientôt dépasser les 20.000 dollars.

En 2017, le Bitcoin multipliait son cours par vingt pour atteindre les 20.000 dollars, avant de dévisser et de briser les rêves de richesse de petits investisseurs. Rebelote en 2020, le cours de la cryptomonnaie s'approche de ce record et génère les mêmes espoirs.

Mais il se pourrait que la situation ne soit pas comparable : maintes fois annoncé mort, le Bitcoin démontre sa résilience et suscite un intérêt croissant pour beaucoup d'investisseurs, même chez les plus grands. Les 20.000 dollars ne seraient qu'un palier avant une possible ascension en 2021, selon Mike McGlone, stratège en investissement chez Bloomberg.

Le Bitcoin reconnu par des acteurs économiques et financiers

Fin octobre, PayPal annonçait dans un communiqué la mise en place d'un service de vente de monnaies virtuelles. La plateforme de paiement précisait que "dès début 2021, les clients Paypal pourront utiliser leurs cryptomonnaies comme une source de paiement auprès des 26 millions de vendeurs Paypal à travers le globe". Le même mois, la société de paiement Square, dont le fondateur n'est autre que le PDG de Twitter Jack Dorsey annonçait avoir investi 50 millions de dollars dans du Bitcoin.

Au Venezuela, Pizza Hut accepte désormais le Bitcoin comme moyen de paiement. La franchise de pizzeria rejoint Burger King qui utilise la cryptomonnaie depuis le début de l'année. Dans ce pays en proie à l'hyperinflation, de nombreux spécialistes regardent ces expériences comme un test avant une adoption plus massive.

Le Bitcoin, une valeur anti-crise 

Après la pandémie de COVID-19, les économistes annoncent une crise sans précédent. Le FMI et les pays occidentaux prévoient des scénarios de récession record. Les grands Etats de la planète ont déployé des plans de relance astronomiques : 2700 milliards de dollars aux Etats-Unis, 2200 milliards au Japon et 750 milliards d’euros pour l’Union européenne. A cela s'ajoute la planche à billets des banques centrales : au minimum 1500 milliards de dollars pour la Fed et 1000 milliards d’euros pour la BCE.

Après la crise financière de 2008, plusieurs milliers de milliards avaient déjà été injectés pour relever une économie moribonde. A ce titre, la crainte d'une hyperinflation hante toujours les esprits, ou du moins celui de Satoshi Nakamoto, l'inventeur anonyme du Bitcoin. En 2009, il lançait cette cryptomonnaie, limitée à 21 millions d'unités et contrôlée par aucune autorité centrale.

Le Bitcoin est, pour sa rareté, souvent comparé à l'or. La banque JP Morgan a d'ailleurs relevé cet été que les personnes âgées avaient massivement investi dans l'or pendant la crise sanitaire, tandis que les jeunes avaient privilégié le Bitcoin.

 


La loi Schiappa contre les violences sexistes est-elle efficace ?

Le 27 janvier, Alexandra Louis, députée LREM des Bouches-du-Rhône, était missionnée pour faire un premier bilan de la loi Schiappa. Son rapport a été rendu aujourd’hui, 4 décembre.

La loi Schiappa, adoptée le 3 août 2018, visait à aider les femmes à lutter contre les violences sexistes et sexuelles. Entre plusieurs propositions sensées s'en trouvaient d'autres beaucoup plus hasardeuses, comme celle sur la verbalisation pour outrage sexiste dans l’espace public. Comment définir l’outrage et surtout comment prouver qu’il a eu lieu ? Quant aux propositions contre le harcèlement en ligne, elles étaient également pertinentes mais franchement difficiles à mettre en place dans un univers aussi vaste et incontrôlable qu’Internet. Tous ces éléments rendaient l’évaluation particulièrement complexe à effectuer.

Comment Alexandra Louis a-t-elle évalué la loi ?

C’est pourtant dans ce contexte difficile à appréhender qu’Alexandra Louis, avocat de profession, a réussi à travailler. Ce métier l'avait par ailleurs déjà sensibilisé à la question des violences faites aux femmes puisque sa première plaidoirie portait justement sur une affaire de viol. Pour rédiger son rapport sur la loi Schiappa, Alexandra Louis s’est rendue sur le terrain auprès des professionnels, des spécialistes et des victimes. C'est ainsi qu'elle avait déclaré : « En 2019, 1000 contraventions ont été établies par les policiers dans la rue, ce qui est un très bon début (...) c'est une des nouveautés de la loi qui porte ses fruits. »

La loi Schiappa est largement perfectible

Alexandra Louis a donc passé 9 mois, dont 6 sur le terrain à effectuer environ 170 auditions, pour rendre son rapport de 210 pages. Que pense-t-elle au bout du compte ? Sa « conviction viscérale qu’on peut améliorer la loi mais que le vrai réveil pour lutter contre les violences sexuelles et sexistes doit se faire dans la société ». Pour contrer les violences sexistes faites aux femmes, le rapport semble davantage insister sur la prévention et la formation. Une manière de dire que la verbalisation n’est probablement pas le meilleur moyen d’aider les femmes.


Bal des momies au Caire

Le Musée égyptien place Tahrir au Caire s’apprête à transférer solennellement vingt-deux momies royales vers le nouveau Musée national de la civilisation égyptienne, situé dans le Vieux Caire. Le succès international des pharaons n’étant plus à prouver, le ministre du tourisme et des antiquités parle d’un « événement mondial ». Le départ du cortège est prévu pour ce vendredi 4 décembre à 17 heures.

 

En matière de pharaons, l’Egypte voit toujours les choses en grand. Vendredi 4 décembre, pas moins de vingt-deux momies et dix-sept sarcophages datant des XVIIe à XXe dynasties quitteront le Musée égyptien de la célèbre place Tahrir au Caire. Ils enrichiront les collections du nouveau Musée national de la civilisation égyptienne, partiellement ouvert en 2017, dans le quartier historique de la capitale, Fustat. Parmi les dix-huit momies de rois et quatre de reines, se trouvent celles d’Amenhotep, de Ramsès II, ou encore de Séthi Ier.

Le cortège se constitue de chars de style pharaonique réalisés pour l’occasion, sur lesquels sont écrits en trois langues, hiéroglyphes, arabe et anglais le nom du défunt qu’ils transportent. Il devrait s’ébranler à 17 heures heure locale, et longer le Nil. Une parade militaire est prévue. Initialement voulu pour juillet, l’événement avait été décalé en raison de la crise sanitaire. Le public devra se contenter de le suivre à la télévision.

Développer les musées pour stimuler les voyages en Egypte

L’Egypte mise beaucoup sur la création de nouvelles infrastructures pour développer son tourisme. Selon la directrice du Musée égyptien, Madame Sabah Abdel Razek, seize des vingt-deux momies sont actuellement exposées dans les salles de ce musée ouvert en 1902, tandis que les autres se trouvent dans les dépôts et n'ont jamais vu la lumière.

Afin de mieux valoriser les collections de ce musée fondé par le Français Auguste Mariette, un « Grand Musée égyptien » près des pyramides de Gizeh ouvrira totalement l’année prochaine. En attendant, le ministre du tourisme et des antiquités, Monsieur Khaled El-Enani, a préféré approvisionner le Musée national de la civilisation égyptienne. Il redonne ainsi de l’importance à Fustat, la première capitale arabe de l'Égypte fondée en 641, intégrée aujourd’hui au Vieux Caire.

Le nouveau style pharaonique de la place Tahrir

L’emblématique place Tahrir, épicentre de la révolte populaire de 2011, fait elle aussi partie des grands travaux. Le drapeau égyptien ne flotte plus au milieu de la place, remplacé par un obélisque de granite rose trois fois millénaire issu du site archéologique de Tanis, dans le delta du Nil. Quatre sphinx à tête de bélier et corps de lion, enlevés au temple de Karnak à Louxor, l’entourent depuis le début du mois de mai. Ils n’ont été dévoilés qu’à la fin du mois de novembre, comme une mise en bouche de l’impressionnant transfert qui approche.

Ce nouvel aménagement de la place fait polémique, au vu des risques liés à la pollution, l'érosion et les dégradations. Cependant, « ça n'a pas de sens que des obélisques égyptiens se trouvent sur des places aux quatre coins du monde et qu'il n'y en ait pas sur Tahrir », souligne l'expert en égyptologie Ali Abu Deshish.

 

Avec notre correspondante sur place au Caire, Justine Mikhaïl Hayeti


Un jour de deuil national pour Valéry Giscard d'Estaing

Largement inconnu chez les jeunes, le nom de Valéry Giscard d'Estaing symbolise l'entrée du pays dans une nouvelle ère, celle inaugurée par Mai 68. L'héritier du gaullisme après Georges Pompidou va enterrer le gaullisme. Ses réformes dynamiteront les références traditionnelles au profit du "libéralisme avancé", de l'inféodation aux Etats-Unis et de la construction européenne. Emmanuel Macron, sa copie 2.0, vient de décréter un jour de deuil national, mercredi prochain, 9 décembre.

On se souvient de lui comme le Kennedy français. Dans un pays corseté par une morale victorienne, Giscard va faire souffler le vent du renouveau. Mais depuis 68, c'est une tempête tropicale qui balaie l'ancien monde. VGE aura beau être un surdoué, bachelier à 15 ans comme son mentor Edgar Faure, il sera à la remorque de la gauche, à force de respirer l'air du temps. Toutes ses réformes feront le lit de son adversaire François Mitterrand - qui finira par le battre en 1981, avec l'aide de Jacques Chirac, patron du RPR, son meilleur ennemi. Giscard regrettera toute sa vie de ne pas avoir aboli la peine de mort, ce que fera son successeur sitôt élu, et de manière retentissante.

Loi Veil et tutti quanti

Avec Giscard, l'ethos de Mai 68 entre dans sa phase politique. Le nom de VGE restera associé ad vitam à la libéralisation des mœurs : dépénalisation de l'avortement (loi Veil, 1975, surtout promue par Jacques Chirac, alors Premier ministre), extension de la contraception aux mineures (complétant la loi Neuwirth de 1967) avec remboursement de la pilule, abaissement de la majorité de 21 à 18 ans (1974), divorce par consentement mutuel (1975) ringardisant l'adultère. Aujourd'hui, ces mesures ne font plus débat. Nul ne songe à revenir sur ces "conquêtes" sociétales. Mais à l'époque, les esprits s'enflamment. L'avortement passera grâce à l'appui de la gauche contre une partie de la droite et dans le plus fracassant silence épiscopal. On est avant l'arrivée de Jean-Paul II (1978).

Regroupement familial

Le progressisme se traduira aussi par une ouverture au monde tous azimuts. Le décret autorisant le regroupement familial (1976) est à l'origine de l'immigration massive avec laquelle le pays se débat toujours 40 ans plus tard, sur fond de terrorisme et de criminalité. En 2018, VGE reconnaîtra avoir eu « tort ». Les chocs pétroliers de 1973 et 1979 entacheront aussi le bilan de son septennat, durement marqué par l'inflation et les plans d'austérité de son Premier ministre Raymond Barre. La France sortait des Trente glorieuses et ce coup de déprime favorisera le socialisme qui voulait "changer la vie". En 1981, accusé d'être « un homme du passé », Giscard cèdera sa place à François Mitterrand et gardera toujours de son mandat, « la frustration de l’œuvre inachevée ». Son "au revoir" (19 mai 1981) sera perçu comme une théâtralisation excessive à la fois pathétique et burlesque.

Pourtant, VGE avait tout pour réussir. La mort prématurée de Georges Pompidou avait accéléré son destin présidentiel. Le 27 mai 1974, il devint, à 48 ans, le plus jeune président de la Ve République. Son esprit brillant mais formaté par l'énarchie le rendit inapte à percevoir les conséquences des mutations en cours. La France, comme tout l'Occident, était traversé par une lame de fond libertaire qui aurait mérité davantage de prudence. Les structures de transmission (comme l'école ou l'université) étaient déjà très corrodées de l'intérieur. Giscard n'entreprit rien dans ce domaine, si ce n'est la désastreuse réforme Haby (1975) qui instaure un collège unique repoussant après la classe de 3e l'orientation vers les filières générales ou professionnelles.

Sa volonté de changer de style, en s'invitant à la table des Français ou en jouant de l'accordéon, fut souvent mal comprise par une opinion encore attachée au prestige du pouvoir souverain. Le 3e monarque républicain passa ainsi pour un régent entre de Gaulle et Mitterrand. On le soupçonna de démagogie, alors qu'il voulait sincèrement se rapprocher du peuple en cassant les codes de sa caste.

Président de l'Europe ? C'était son rêve.

Certain de la réélection de François Mitterrand, il ne concourt pas à la présidentielle de 1988, ni à la suivante, crédité de 2 % des voix. Peu de temps avant sa mort, il se disait pourtant persuadé que, s'il s'était présenté, il aurait gagné contre Balladur et Chirac.

Alors que le giscardisme disparaît peu à peu du paysage politique, l'ancien président poursuit un ultime but : devenir président de l'Europe. Il rêve des « Etats-Unis d'Europe », d'une Europe politique. Président de la Convention sur l'avenir de l'Europe, Valéry Giscard d'Estaing initie la Constitution européenne, rejetée par la France et les Pays-Bas en 2005.

En 2003, l'Académie française accueille un immortel. VGE s'assied au fauteuil numéro 16, anciennement occupé par Charles Maurras et Léopold Sédar Senghor.


Les points noirs écologiques d'Emmanuel Macron

Selon l'ONU, 2020 s'annonce comme l'une des trois années les plus chaudes jamais enregistrées. Il y a un risque que la hausse du mercure dépasse les 1,5°C d'ici à 2024. Vendredi dernier, Emmanuel Macron réunissait à l'Elysée un Conseil de défense écologique pour procéder à des "arbitrages" sur les propositions de la Convention citoyenne sur le climat. Voici quatre mois, le président annonçait qu'il en reprendrait 146 de ses 149 mesures. Qu'en est-il aujourd'hui ? Si le parti écologiste se livre à une sorte de chantage permanent, l'exécutif n'entend pas y céder. Et des contentieux subsistent.

L'écologie oui mais pas au détriment de l'économie. Plusieurs éléments montrent que le président de la République joue les équilibristes : donner des gages sans s'engager. Ménager les écolos mais pas déménager chez eux.

Le glyphosate

On garde tous en mémoire le tweet de novembre 2017. Le président de la République y annonçait la mesure suivante : "J’ai demandé au gouvernement de prendre les dispositions nécessaires pour que l’utilisation du glyphosate soit interdite en France dès que des alternatives auront été trouvées, et au plus tard dans 3 ans." 2019, changement de discours : Emmanuel Macron expliquait que l'interdiction "à 100%" n'était pas possible en si peu de temps. On ne pouvait prendre le risque de pénaliser le monde agricole sans proposer d'autres solutions que le glyphosate.

Emmanuel Macron veut ainsi plaider à Bruxelles pour un engagement européen à sortir du glyphosate. Objectif qu'il lui sera difficile d'atteindre si ses voisins ne font pas de même. En effet, il y a trois ans, la France s’engageait à renoncer à l'essentiel des usages du glyphosate en 2021 avant une interdiction totale en 2023 mais, c’était sans penser que cela revenait à se tirer une balle dans le pied. Sans abandonner son projet le gouvernement va tout de même débloquer une enveloppe de 7 millions d'euros pour accélérer la recherche sur d'autres herbicides à base de glyphosate.

Les néonicotinoïdes

Cette substance était interdite depuis 2016. Patatra ! Début novembre, le Parlement autorisait, via un ultime vote du Sénat, le retour temporaire des néonicotinoïdes, insecticides accusés de tuer les abeilles, pour sauver la filière betterave. Un texte "difficile", de l'aveu du gouvernement, dénoncé à gauche comme un "recul environnemental" mais qui n’en est pas un pour notre économie. Le projet de loi autorise, à titre dérogatoire, les producteurs de betteraves à sucre à utiliser jusqu'en 2023 des semences traitées avec ce genre de pesticides. Pour la filière, qui représente près de 46.000 emplois, il y a urgence : les dérogations devraient en effet être effectives au plus tard ce mois-ci, pour laisser le temps aux industriels de produire les semences nécessaires au semis de mars. En cause, un puceron vert qui transmet à la betterave la jaunisse, une maladie qui affaiblit la plante, conduisant à une perte importante de rendement. Les betteraviers sont unanimes dans la défense de ce produit pour leurs récoltes : sans les NNI les dégâts au sein de la filière seront considérables avec 30 à 40% de perte dans certaines régions tandis que, du côté des apiculteurs, la production européenne de miel n’a pas baissé depuis 1960 contrairement à ce qui avait été avancé en 2016 en faveur de l’interdiction des néonicotinoïdes.

Un délit n'est pas un crime

La semaine dernière, le gouvernement annonçait la mise en place d'un "délit d'écocide", initiative accueillie avec circonspection par les citoyens de la Convention climat et les défenseurs de l'environnement, certains dénonçant un renoncement. En juin, Emmanuel Macron avait promis de créer un "crime d'écocide", et de militer pour son inscription en droit international. Alors avancée ou reculade ?
"Enterrement du crime d'écocide (...) mais création très intéressante de deux nouveaux délits environnementaux", réagissait sur Twitter l'avocat spécialisé Arnaud Gossement. "Je suis déçu. On n'est manifestement pas sur l'écocide, on est sur un délit de pollution", regrette Guy Kulitza, un "citoyen" particulièrement investi dans cette cause, interrogé par l'AFP. "Le gouvernement a tout simplement collé le mot écocide sur sa proposition de délit général de pollution", renchérit Marine Calmet, juriste et présidente de l'association Wild Legal. Côté écolo, on craint qu'une telle définition, a minima en droit français, "donne un très mauvais signal" dans le cadre de la campagne promise par le chef de l'Etat pour faire entrer la notion d'écocide en droit international.

Fessenheim

Autre dossier sensible : la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim (Alsace). EDF va recevoir de l’État 377 millions d’euros pour la mener à bien. Mais dans le même temps, la France va relancer des centrales à charbon pour compenser la perte en électricité. La ministre de la Transition écologique Barbara Pompili avertissait mi-novembre que des "coupures très courtes" d'électricité pourraient avoir lieu cet hiver en cas de "grosses vagues de froid". La droite accusa l'exécutif de s'être précipité. Le chef de file des députés LR Damien Abad vit "une démonstration flagrante d'incohérence et d'amateurisme". "Après avoir fermé (la centrale nucléaire de) Fessenheim, alors que Flamanville est en travaux, le gouvernement annonce tranquillement de possibles coupures d'électricité cet hiver ! La tiers-mondisation de la France est bien en marche", relevait-il dans un tweet. Le député LR du Haut-Rhin Raphaël Schellenberger estimait que la "responsabilité du gouvernement était immense". "En fermant Fessenheim par idéologie, En Marche a exposé notre pays à des coupures d'électricité. C'est indigne de la France", tweetait-il de son côté.

Plan de relance

Face à ce qui parait pour certains être des reculades, l'exécutif fait valoir son plan de relance : 100 milliards d'euros. Il portera pour 30 milliards sur des mesures en faveur de la  transition écologique et reprendra 20 % des propositions de la Convention, en particulier les aides à la rénovation énergétique des bâtiments. "Un vrai virage vert", selon un conseiller.

L'agenda écologique du chef de l'Etat est également international. La France prépare la célébration des cinq ans de l'Accord de Paris sur le climat avec un sommet organisé avec la Grande-Bretagne et l'ONU au cours duquel les Etats seront invités à relever leurs ambitions de réduction des émissions. La France compte s'inscrire dans l'objectif de l'Union européenne d'atteindre d'ici à 2030 une réduction de 55 % de ses émissions par rapport à 1990. Paris espère que cet objectif sera acté lors du sommet européen des 10 et 11 décembre.


Nucléaire : Joe Biden veut nouer de nouvelles relations avec l'Iran

L’assassinat de Mohsen Fakhrizadeh, physicien iranien, fait ressurgir le dossier sensible du nucléaire persan. Si depuis l’élection de Donald Trump, les États-Unis étaient restés en retrait, il se pourrait que la victoire de Joe Biden sauve l'accord de Vienne.

Il était la tête pensante de l'arme atomique en Iran. La mort de Mohsen Fakhrizadeh, tué par balle non loin de Téhéran vendredi 27 novembre, représente un nouvel épisode d'un polar à la James Bond. Le débat politique était vif dimanche à Téhéran sur la réponse à apporter à l'assassinat, attribué à Israël, de cet éminent physicien nucléaire iranien, à la veille de son inhumation.

Au Parlement, les députés plaidèrent en faveur d'une loi par laquelle l'Iran cesserait d'autoriser l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) à inspecter ses installations nucléaires. En Iran, c'est toutefois le Conseil suprême de la sécurité nationale qui a la haute main sur les décisions relatives au dossier nucléaire.

Selon Téhéran, Israël est derrière la mort de Fakhrizadeh. Accusant l'Etat juif de vouloir semer le "chaos", Hassan Rohani promet une riposte "en temps et en heure". Mais il n'entend pas non plus que l'Iran ne tombe dans le "piège" tendu selon lui par Israël. Depuis l'annonce de la victoire de Joe Biden à la présidentielle américaine, Téhéran multiplie les signes d'ouverture pour sauver ce qui peut encore l'être de l'accord international sur le nucléaire conclu à Vienne en 2015. Ce pacte offre à Téhéran un allègement des sanctions internationales en échange de garanties, vérifiées par l'AIEA, destinées à attester de la nature exclusivement pacifique de son programme nucléaire.

Vers une nouvelle ère ?

Avec l’arrivée à la Maison-Blanche de Joe Biden, les cartes semblent redistribuées. Dans une tribune pour CNN, le président fraîchement élu déclarait récemment : « J'offrirai à Téhéran une voie crédible vers la diplomatie. Si l’Iran revient au strict respect de l’accord sur le nucléaire [négocié en 2015], les États-Unis rejoindront l’accord comme point de départ de négociations. » Pendant ce temps, Donald Trump, encore président jusqu’au 20 janvier, continue de soutenir Benyamin Netanyahou. Le secrétaire d'État américain Mike Pompeo, venu en Israël lundi dernier, cherche à « contrer l’influence nocive de l’Iran dans la région ».

Dans les années 2000, les États-Unis s’inquiètent que Téhéran veuille se doter d'armes de destruction massive à la suite des attentats du 11 septembre 2001. Il s’ensuit une longue série de discussions destinées à limiter le nombre d’États possédant ce type d'armement. En 2015, l’accord de Vienne est signé par les pays du P5+1 (Allemagne, France, Royaume-Uni, Chine, Russie, États-Unis), afin de contrôler le programme nucléaire iranien. Mais en 2018, Donald Trump se retire de cet accord pour marquer une rupture avec son prédécesseur Barack Obama.


En Indonésie, Daesh massacre des chrétiens

Des terroristes liés à Daesh ont tué quatre chrétiens en Indonésie. Le plus grand pays musulman du monde fait face à la résilience de L’État Islamique en Asie du Sud-Est.

L'un a été poignardé, l'autre décapité, le troisième égorgé et le dernier brûlé vif. Cette scène d'horreur a eu lieu à Lembantongoa, village isolé sur l'île de Sulawesi. Les quatre victimes étaient des hommes. Munis de sabres et d'armes à feu, les assaillants ont incendié une demi-douzaine de maisons dont celle abritant le culte chrétien. Selon les autorités, l’attaque serait le fait des MIT (les Moudjahidines de l’est de l’Indonésie). Ce groupe appartient à la dizaine d’organisations indonésiennes qui ont prêté allégeance à L’État islamique.

Il y a deux ans, Sidney Jones, experte en terrorisme vivant à Jakarta, expliquait que le MIT était soupçonné d'avoir envoyé des hommes chargés de recruter de nouveaux membres. Ces hommes s'étaient fait passer pour des humanitaires à la suite du tremblement de terre et du tsunami survenus en 2018.

Face à la menace terroriste

Au printemps, Jakarta refusait le rapatriement de quelque 600 nationaux engagés au côté de Daesh en Syrie. Dernièrement, 2000 manifestants s'étaient réunis devant l'ambassade de France à Jakarta pour dénoncer les propos du président français sur la liberté d'expression et le droit à la caricature. Certains avaient brandi des banderoles sur lesquelles était écrit : "Le vrai terroriste est Macron".

L’Indonésie est le pays islamique plus peuplé. 87 % de sa population est musulmane, soit 267 millions d’habitants.


Loi de sécurité globale : les commerces versus les "Marches des libertés"

En marge de la réouverture des commerces, plusieurs rassemblements auront lieu cet après-midi contre la « loi de sécurité globale ». Ils se dérouleront dans toute la France, dans un contexte sanitaire et social particulier.

La Justice a approuvé l’acte II de la mobilisation contre la « loi de sécurité globale ». Il se déroulera ce 28 novembre dans l’ensemble des grandes villes françaises comme Paris, Lyon, Marseille ou encore Bordeaux. La semaine passée, ces rassemblements avaient réuni 22 000 personnes à travers le pays. Face à la propagation du coronavirus et la crainte de débordements, la Préfecture de police de Paris souhaitait interdire cette « Marche des libertés ».

Loi de sécurité globale : 40 000 manifestants attendus

Dans la capitale, le rassemblement a finalement été autorisé place de la République. 40 000 manifestants sont attendus en France selon Frédéric Lagache, délégué général du syndicat, pour l'AFP. Pour rappel, cette loi vise à restreindre la possibilité de diffuser des images des forces de l’ordre sans flotter les visages. Pour ses détracteurs, ce texte est donc considéré comme « liberticide ». Journalistes et défenseurs des libertés publiques marcheront main dans la main avec plusieurs élus, à l’image du leader de Générations, Benoît Hamon. 

Marche des libertés : des commerces dans le « flou »

À Paris, l'encadrement a été renforcé. En effet, 2000 policiers vont être déployés et six stations de métro seront fermées entre 12 heures et 15 heures. En ce premier jour de déconfinement allégé, les commerces craignent toutefois le risque de vandalisme. « Si c’est une catastrophe, on ferme », Émilie, responsable d’Éram Place de la République est claire. Cette commerçante espère que son magasin ne sera pas victime de casse comme ce fut le cas lors de précédents rassemblements, notamment à cause des Blacks blocs. Comme son confrère, Alexandre responsable de Sephora République, elle déplore un manque d’information des autorités.

Le rassemblement débutera sur le coup des 14h partout en France. 

Pour la plupart des commerçants, la dégradation de leur boutique serait une véritable mise à mort, après un mois de fermeture, du fait du confinement.


Macaroni, rosbif et bol de riz sont-ils des insultes racistes ?

Vendredi 27 novembre au soir, Manon Aubry détaillait la hiérarchie du racisme selon La France Insoumise. On apprenait donc que traiter un Italien de «  sale macaroni »  n'était pas raciste, contrairement peut-être à «  bamboula »  ou «  bol de riz » , parce qu'ils ciblent des personnes de couleur...

« Sale macaroni, c'est pas une insulte raciste. » Vendredi, France Info recevait Manon Aubry, députée La France Insoumise. Florence Portelli, maire LR de Taverny et vice-présidente de la Région Ile-de-France rappelait les injures racistes que sa mère, immigrée italienne, subissait à son arrivée en France. «  Elle s'est fait traiter de "sale macaroni" , c'est pas une insulte raciste ? » . C'est alors que tout dérape, lorsque Manon Aubry répond, après un instant de réflexion : « non c'est pas une insulte raciste » . Si Manon Aubry reconnaît que cette insulte est déplorable et condamnable, elle ne relève pas du racisme car elle n'est pas «  sur le même plan en terme d’ampleur » .

«  Macaroni » , l'insulte trop ancienne pour être raciste

Pour Manon Aubry, le racisme se définit par des insultes «  systématiques » . «  Est-ce que vous pensez que les forces de l'ordre traitent des gens de "macaroni" ? Par contre "sale nègre" ils l'ont fait » . Exit donc le racisme subi par les immigrés italiens aux XIXe et XXe siècles, les dossiers administratifs égarés par la mairie, les "sale macaroni", les cafés interdits « aux chiens et aux Italiens". L'histoire efface tout.

Face à la levée de boucliers, «  macaroni »  redevient raciste

Samedi 28 novembre, Manon Aubry se dépêche de tweeter de quoi éteindre l'incendie allumé la veille. Sale macaroni redevient raciste et Manon Aubry se dit solidaire des immigrés italiens blessés par cette injure. Ses soutiens n'en continuent pas moins à nier le racisme anti-Italien, moins systématique et dur, à les entendre, que le racisme subi par les personnes de couleur.


Biathlon : nouvelle ère et nouvelles ambitions pour les Bleus sans Fourcade

La saison de biathlon reprend samedi 28 novembre avec la première course de coupe du monde à Kontiolahti en Finlande. L’équipe de France reprend la carabine sans Martin Fourcade, le quintuple champion olympique qui a mis fin à sa carrière l’année dernière.

La coupe du monde de biathlon est de retour avec une première course (Individuel) en Finlande dans le contexte particulier de la pandémie. Cette année, seuls six lieux ont été retenus pour accueillir les étapes de la coupe du monde, les autres comme le Grand Bornand à Annecy ne répondant pas aux critères sanitaires mis en place par la fédération.

Les  Bleus ne verront donc pas la France mais affichent,  en l’absence de leur emblématique chef de fil Martin Fourcade, de sérieuses ambitions. Si celui qui donnait déjà du fil à retordre à Martin Fourcade, le norvégien Johannes Boe, reste le grand favori, le français Quentin Fillon Maillet pourrait venir jouer les trouble-fêtes. Troisième du classement général l’année passée, le jurassien prendra cette année le leadership de l’équipe de France.

Après lui, Emilien Jacquelin se positionne comme outsider pour le général. Après une saison très prometteuse (huit podiums, un petit globe de cristal en poursuite, et surtout un titre aux Mondiaux en Autriche), le grenoblois de 25 ans ne se fixe aucune limite. « En ce moment, Emilien m’inquiète le plus. Je pense qu’il a le même charisme que Martin. Il peut être très dangereux », a même avoué Siegfried Mazet l’actuel entraineur de l’équipe norvégienne à la télévision norvégienne début novembre.

Simon Desthieux, Antonin Guigonnat et Fabien Claude complèteront cette équipe de France très dense, sans Fourcade désormais spectateur.