Le programme économique de Marine le Pen est-il applicable ?

Invitée sur le plateau de « Mission convaincre » sur LCI, Marine le Pen a présenté plusieurs points majeurs son programme économique, avec un objectif précis : montrer qu'il concerne les Français. Est-il pour autant réaliste ?

« Rendre le pouvoir d’achat aux Français »

C’est son refrain depuis le début de la campagne. Marine le Pen l'a d'ailleurs bien compris, c'est le pouvoir d'achat qui préoccupe le plus les Français. Interrogée en détails par les deux présentateurs et la dizaine « d’abstentionnistes » sollicités par LCI, Marine le Pen a fustigé le bilan économique d'Emmanuel Macron, accusé d'avoir « appauvri les Français les plus démunis. » La candidate du RN propose de geler les prix de l’essence et du gaz, de ramener la TVA de 20% à 5,5% sur le carburant, l'électricité et le fioul. Cette mesure répond directement aux gilets jaunes. Elle prend le contrepied de la politique d'Emmanuel Macron, « qui en 2018 avait promis de ne pas augmenter les prix de l'essence, et qui l'a pourtant fait ». Mais la candidate RN a voulu aussi s'adresser aux jeunes avec deux mesures phares : l'exonération de l'impôt sur le revenu pour les contribuables de moins de 30 ans. « Je veux aider les jeunes à vivre décemment au début de leurs premières années de vie professionnelle. » Cette mesure ne s'appliquerait qu'à partir de 23 ou 24 ans, l'âge auquel la plupart des jeunes finissent leurs études.

« Plus on a travaillé tôt, plus le travail était dur, plus on doit partir tôt »

Les retraites sont l'autre volet phare de son programme, et elle ne craint pas de revendiquer son conservatisme sur le sujet. « Les Français qui travailleront avant 24 ans partiront à 60 ans à la retraite. » Marine Le Pen est fière de cette mesure. Contrairement aux autres candidats de droite, elle ne veut pas forcer les Français qui ont commencé à travailler jeune, « dans des métiers manuels, souvent difficiles » à travailler au-delà de 60 ans. « C'est une injustice », poursuit-elle. Interrogée sur le financement de toutes ces mesures généreuses, la candidate exclut d'augmenter les impôts, et préconise de lutter contre le gaspillage d'argent public.

Plus de dépenses, mais sans dette supplémentaire

« La dette n’augmentera pas durant mon mandat », a juré Marine Le Pen. Toutefois, les présentateurs n’ont pas manqué de mettre la candidate devant ses contradictions : ses recettes (37 milliards) sont largement inférieures à ses dépenses (73 milliards). Hormis la lutte contre les fraudes, qui pourrait rapporter 10 milliards, on trouve peu d’économies dans son programme, hormis sur les subventions à l’éolien et la suppression allocative aux étrangers. Elle ne propose rien sur la fonction publique, qu’elle se fait une fierté de défendre face aux autres candidats de droite, lesquels s’en donnent à cœur joie pour la critiquer sur ce point. De même pour la dette de la Sécurité sociale. Les rapports alarmants de la Cour des comptes ne semblent pas être entendus par la candidate. Marine Le Pen choisit de dire à son électorat qu’il n’aura pas à faire d’efforts pour rembourser la dette.


J0 2022 : une compétition déjà réussie pour les Bleus

Alors que le dénouement des Jeux Olympiques d'hiver approche, l’équipe de France comptabilise déjà 11 médailles. Certains athlètes sont montés plusieurs fois sur le podium alors que d’autres ont connu de cruelles désillusions. Ces jeux se révèlent dans tous les cas une grande réussite pour le clan français.

 

Cela fait quatre ans que de nombreux athlètes répètent jour après jour leurs gammes pour se qualifier et préparer les Jeux Olympiques dans l’espoir de gagner une médaille. A l’aube de ces jeux, la France comptait de grandissimes favoris : Perrine Lafont en ski de bosse, Guillaume Cizeron et Gabriella Papadakis en patinage artistique ou encore Tess Ledeux en Big Air et en slopestyle snowboard. Mais c’est le biathlète Quentin Fillon-Maillet qui finalement a laissé son empreinte à Pékin.

 

Quentin Fillon-Maillet marque l’histoire

Quatre courses, quatre médailles. Quentin Fillon-Maillet est devenu en dix jours l’athlète français ayant remporté le plus de médailles sur une olympiade. Avec en prime deux titres de champions olympiques, alors qu’il lui reste encore deux courses cette semaine. Il a époustouflé les observateurs avec des performances incroyables, très maîtrisées tant sur les skis que sur le tir, et a permis à la France de rentrer dans le top 10 au classement des médailles. Dans sa lignée, le duo Papadakis-Cizeron illumine également ces jeux avec le titre de champion olympique en patinage artistique. Une belle revanche pour eux qui avaient dû se contenter de la médaille d'argent il y a quatre ans.

 

Quelques déceptions à relativiser

Tout le monde s’attendait à ce que Perrine Lafont réédite l’exploit des derniers jeux, lorsqu’elle est devenue championne olympique de ski de bosses. Malheureusement, elle n’a pas réussi en finale à skier avec autant de relâchement que lors de son run de qualification. Quelques petites erreurs la font tomber à la quatrième place, au pied du podium. Une déception immense qu’elle préfère relativiser : « Quand j’ai voulu arrêter en 2019, je me suis promis de ne plus me rendre malade avec le sport. J’y pense un peu ce soir. »

Julia Pereira de Sousa, la vice-championne olympique en titre, a également joué de malchance en snowboard cross. Lors de l'épreuve en individuel, elle chute en demi-finale poussée par une concurrente alors qu’elle menait la manche. Sur l'épreuve par équipe, un problème de fartage pénalise les quatre athlètes français et les laisse collés à la piste, sans vitesse. Elle s'arrête avec son partenaire en quart de finale. Chloé Trespeuch est cependant là pour succéder à sa compatriote avec une magnifique deuxième place sur l’épreuve en individuel.

 

Alors que certaines nations construisent leur succès sur une ou deux disciplines en particulier, comme l’Allemagne qui remporte tous les titres en luge et en skeleton ou les Pays-Bas qui dominent outrageusement le patinage de vitesse, la France se positionne dans quasiment toutes les disciplines. Les athlètes français ont maintenant jusqu'à dimanche pour égaliser ou faire mieux que les deux dernières olympiades où ils avaient récolté 15 médailles. Une tâche largement à leur portée.


Mbappe-PSG-Real

PSG - Real Madrid : un tournant dans la saison du club parisien ?

Ce soir, au Parc des Princes, s’affronteront le Paris Saint-Germain et le Real Madrid. Le club de la capitale est attendu au tournant, comme son joueur vedette, Kylian Mbappé, au centre d’une rivalité entre les deux équipes.

Un entraîneur sur la sellette, un niveau de jeu qui inquiète

Beaucoup de questions se posent avant la reprise de la Ligue des Champions. À Paris, des réponses devraient être données, dès ce soir. Premièrement, le PSG a rarement brillé pendant cette saison. Une élimination en Coupe de France et surtout une deuxième place décevante en phase de poules de Ligue des Champions provoquent les inquiétudes des spécialistes. On peut les comprendre au vu du recrutement effectué cet été par le club de Paris : Lionel Messi, récompensé par le Ballon d’or en décembre dernier, Gianluigi Donnarumma, sacré meilleur joueur de l’Euro cet été, ou encore Wijnaldum, capitaine de la sélection néerlandaise, sont venus renforcer l’effectif parisien en vue de les aider à remporter tous les trophées, notamment sur la scène européenne. Mais force est de constater que les recrues ne répondent pas aux attentes que l’on plaçait en eux. Le PSG avait même recruté Sergio Ramos, emblématique capitaine du… Real Madrid ! Malheureusement sujet à de trop nombreuses blessures, le défenseur espagnol n’a pu enchaîner les matchs en première partie de saison et ne sera pas présent pour la réception de son ancien club. Si les joueurs sont évidemment les premiers responsables des mauvaises performances du club, Mauricio Pochettino, leur entraîneur, se retrouve lui aussi sur le banc des accusés. Critiqué pour ses choix douteux, ou pour son absence de décision et de vision, l’entraîneur argentin peine à trouver l’équilibre de sa formation, où égos et blessures compliquent son travail. En cas de défaite ce soir ou, pire, d’élimination en 8ᵉ de finales de Ligue des Champions, il sait qu’il sera trop tard pour se rattraper. La presse sportive parle notamment de Zinedine Zidane pour le remplacer.

Kylian Mbappé, partira, partira pas ?

On le sait, l’international français est courtisé chaque été lors du marché des transferts. Les principaux intéressés ? Le Real Madrid. Depuis plusieurs saisons déjà, des offres ont été transmises au club de la capitale pour acheter le joueur, sans jamais convaincre les dirigeants parisiens de vendre leur pépite. Seulement, son contrat arrive à son terme en juin 2022. Un renouvellement du contrat ? Le PSG y a déjà pensé bien sûr, mais Kylian Mbappé refuse de poursuivre avec son club et souhaite — un rêve d’enfant ? — rejoindre le Real Madrid. On se demande alors quelle sera son attitude ce soir, lors du choc entre les deux équipes. S’il ne fait aucun doute qu’il donnera le maximum pour remporter la victoire et se montrer sous son meilleur jour, une élimination de l'un des deux clubs pourrait-elle décider la star à choisir ? Il faudra attendre l'été 2022 pour connaître le fin mot de cette histoire.


L'assassinat du père Hamel a débuté devant la Cour d'assise spéciale de Paris

Lundi 14 février s’est ouvert le procès de l’attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray (76), devant la Cour d’assise spéciale de Paris. Encore meurtrie par l’égorgement du Père Hamel, les victimes et leurs proches espèrent « comprendre ». 

Presque six ans. Six ans que deux jihadistes de 19 ans – du reste fichés S - Adel Kermiche et Abdel-Malik Petitjean, ont assassiné à coups de couteau le père Hamel, âgé de 85 ans ; celui-ci célébrait la messe dans son église de Saint-Étienne-du-Rouvray, devant trois religieuses et un couple de paroissiens. Quelques heures plus tard, l’attaque était revendiquée par l’État Islamique. Et le verdict de la Justice se fait toujours attendre : de nombreuses interrogations sont restées sans réponse, ce qui rend « le deuil difficile », a dit Mgr Dominique Lebrun, archevêque de Rouen, lors d’une récente conférence de presse.

Depuis lors, les juges anti-terroristes chargés de l’enquête ont procédé à l’arrestation de trois proches des assaillants jihadistes, tués sur place le 26 février : Jean-Philippe Jean Louis, Farid Khelil et Yassine Sebaihia, Les trois hommes sont soupçonnés d’avoir été avertis des projets des meurtriers du père Hamel. Ils ont été mis en examen pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste », crime passible de 30 ans de réclusion. Un quatrième accusé, Rachid Kassim, est jugé par défaut : il aurait été tué en Syrie en 2017.

Comprendre pour pardonner

Selon Me Béranger Tourné, avocat de Jean-Philippe Jean Louis, le procès paraît artificiel : les prévenus ne sont « que trois lampistes que l’on tente de raccrocher » à un crime. Mais l’Église n’est pas de cet avis et espère comprendre, pour pouvoir pardonner. Guy Coponet, qui assistait à la messe avec sa femme le 26 juillet 2016, souhaite que l’audience permette de « régler le problème une bonne fois pour toutes », et espère que « ceux qui sont responsables demand[ent] pardon à tous ceux à qui ils ont fait de la peine ». Tout comme Jacques Simon, successeur du père Hamel, interrogé sur Radio Classique : « Est-ce que le père Hamel était connu par ses assaillants ? » s’indigne-t-il. « En tous cas il a été assassiné comme prêtre et j’espère que ce procès va nous éclairer davantage ».

Le père Hamel, martyr pour sa foi

Pour Roseline Hamel, sœur du Père Hamel, la souffrance est encore bien vivante : « La mort de mon frère, de cette façon tellement barbare, a immédiatement provoqué une déchirure que je ressens encore aujourd’hui », témoigne-t-elle auprès du Parisien […] « Et puis, au bout de quelques jours, j’ai compris que son martyre avait fait de lui un frère universel ». Pourtant, celle-ci estime que « ce sera l’occasion de revenir sur le rôle des services de l’État qui n’ont pas assez surveillé ces personnes que l’on savait radicalisées ». « Je suis certaine qu’avec plus de sérieux, la mort de Jacques aurait pu être évitée », poursuit-elle.

Le procès doit durer quatre semaines. Outre le volet judiciaire, il y a la dimension ecclésiale. Le père Hamel est au cœur d'un autre procès, en béatification cette fois. L'archevêché de Rouen a remis un dossier de quelque 12000 pages à la Congrégation pour les causes des saints. Le prêtre devrait être reconnu martyr, c'est-à-dire "mort en haine de la foi".


Présidentielle : le jeu habile d’Emmanuel Macron

Bien qu'Emmanuel Macron ne se soit toujours pas déclaré candidat et qu'il semble attendre le dernier moment pour le faire, le président sortant a déjà mis en marche sa logistique de campagne, sans trop s'exposer dans le débat public.

« Avec vous ». Voilà le premier slogan de la campagne d’Emmanuel Macron. Depuis la semaine dernière, on peut le lire dans toute la France sur des centaines d’affiches placardées dans les rues. C’est également le nom du site ad hoc du "pas encore" candidat. S'il attend son heure, le dispositif est déjà là : outre le site internet, il y a la cellule de recherche de parrainages, ainsi que l'ébauche d'un programme. Sur le site, un message saute aux yeux : « Vous ne vous reconnaissez pas dans les déclarations des candidats à l'élection présidentielle ? C'est normal, ils ne parlent pas de vous, ils parlent d'eux. Notre démarche est à l'opposé de ça. » Juste en-dessous, un onglet intitulé « Découvrez-le » explique la démarche macronienne : transcender les clivages, se préoccuper de la situation réelle des Français. Pour cela, trois vidéos sont disponibles et permettent de découvrir les témoignages d’un agriculteur et d’une soignante. Emmanuel Macron prétend être le seul candidat véritablement à l’écoute des Français, au plus proche de leur quotidien. La bonne gestion de la pandémie de Covid-19 dont il se vante, en est un bon exemple.

Le coronavirus : un excellent moyen pour noyer le poisson

La crise du coronavirus est une aubaine pour le président, se désolent les opposants à Emmanuel Macron. « Elle évite de centrer le débat public sur les sujets qui fâchent », peste un membre de l’équipe de campagne d’Éric Zemmour. Il est vrai que le président s'est plu à diviser la classe politique avec l'instauration du pass vaccinal fin janvier. L’équipe de Valérie Pécresse s’était retrouvée à voter ce texte en ordre dispersé. Quant à la gauche, elle s’est aussi fracturée sur le sujet, Jean-Luc Mélenchon y étant opposé. « Pendant ce temps, on n’a pas parlé de son bilan économique, de l’endettement massif du pays, ou encore de l’immigration », déplorait un élu des Républicains, ajoutant : « Heureusement que la crise s’est apaisée et qu'elle nous permet maintenant de parler des sujets de fond. » Toutefois, les indicateurs économiques n'étant pas si mauvais, il n'est pas facile d'attaquer le gouvernement sur ce terrain.

Une économie apparemment saine

La croissance est estimée à 7 %, « un chiffre jamais atteint depuis 1969 », se vante le gouvernement. « C’est un rebond spectaculaire de l’économie française […], ça efface la crise économique », s’est félicité Bruno Le Maire sur France 2. Toutefois, le ministre de l'Economie a soigneusement évité de répondre à la question du coût pour les finances publiques : les 700 milliards d’euros d’endettement destinés à soutenir les entreprises et les commerçants sont oubliés. D’ailleurs, aucun remboursement du prêt accordé par l’Etat aux entreprises en 2020 n’est exigé pour l’instant. Qu’adviendrait-il s’il venait à l’être ? Les entreprises continueraient-elles à embaucher ? La croissance ne paraît donc pas engendrée par les entreprises mais bien par l’argent public, encore et toujours.                « L’économie française tourne à plein régime », a continué le patron de Bercy. Oui, à partir du moment où l’Etat la soutient. La conjoncture paraît donc plutôt bonne pour le futur candidat Macron. D'autant qu’il n’a, pour l’instant, aucun adversaire en passe de le concurrencer sérieusement. À gauche, les divisions s’accroissent, et à droite, aucun candidat ne parvient à se distinguer. Dans les débats, chacun cherche à marquer des points en décrédibilisant l’adversaire. C’est justement ce que le président veut éviter.

De nouveaux soutiens, des divisions sans fin

Le soutien officiel de l'ancien porte-parole du PS Eduardo Rhian Cypel à Emmanuel Macron, annoncé lundi, et les ralliements attendus de l'ancien président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, ainsi que celui du maire de Dijon, François Rebsamen, ne font que conforter le futur candidat dans sa stratégie :  attendre le dernier moment pour entrer dans l'arène, en évitant de se blesser et en regardant ses concurrents s'épuiser. Une stratégie payante pour l'instant. La division croissante de la gauche est bien sûr une aubaine pour le futur de candidat de Avec vous, qui parvient à s'attacher les derniers dinosaures du Parti socialiste, découragés par la triste campagne d'Anne Hidalgo. La candidate officielle du PS plafonne à 2,5 % des intentions de vote selon le dernier sondage. Et visiblement, Christiane Taubira, vainqueur de la Primaire populaire, ne paraît pas non plus convaincre. Emmanuel Macron représente la seule option pour ceux qui ne voudraient pas rejoindre la gauche plus radicale de Jean-Luc Mélenchon ou de Fabien Roussel. « Il se peut bien que des ralliements se fassent plus nombreux dans les prochaines semaines », prévient un cadre de la République en Marche. Des noms comme l'adjointe au maire de Marseille Samia Ghali ou encore Thierry Repentin, maire de Chambéry, circulent depuis quelques jours. En attendant, l'équipe de campagne d'Emmanuel Macron est pleinement mobilisée.

Une campagne active, mais sans le candidat

En plus d’un site internet, les militants de La République En Marche vont frapper aux portes, fidèles à la tradition anglo-saxonne reprise par le candidat Macron en 2017. Par ailleurs, le président s'exprime par la voix de membres du gouvernement, en particulier de son porte-parole, le jeune Gabriel Attal. Celui-ci affirmait récemment à propos des candidats déclarés « qu’à les écouter, tout était mieux hier et tout sera pire demain. Où est la foi dans les Français ? » À l’opposé de discours obscurantistes, il y a, ajoutait-il, « Emmanuel Macron [qui] a fait entrer notre pays dans le temps des conquêtes. Quand la situation sanitaire et internationale le permettra, il proposera, je l'espère, d'aller plus loin encore pour l'avenir. » Apparemment, seul le président est capable de comprendre les réalités complexes, porteuses de sens et d'ouverture, alors que la droite, obnubilée par les questions de sécurité, d’immigration et d’identité, s'enlise dans un discours rétrograde. Parviendra-t-il encore longtemps à maintenir cette posture présidentielle, au-dessus de la mêlée électorale ? Si les sondages lui sont toujours favorables, Emmanuel Macron a tout intérêt à donner du temps au temps et à se déclarer le plus tard possible, début mars.


 Marine le Pen : la candidate d’une classe abandonnée 

Samedi 5 Février, Marine le Pen, candidate du Rassemblement National, tenait son premier grand meeting à Reims. Plus de 3000 militants se sont rassemblés pour soutenir celle qui, selon eux, est leur dernier espoir. Au même moment, à Lille, le candidat Eric Zemmour organisait également un grand meeting. 

La Marine-mania 

“ Marine je t’aime” , entends-on crier au milieu du parterre de militants. Patrick, 54 ans, ouvrier dans le bâtiment. “ Selon moi, Marine incarne le courage, la fidélité, la force et surtout le rassemblement, elle est pour moi un symbole et un sauveur” nous explique t-il. 

Ce phénomène de Marine-mania est très présent au sein des électeurs de Rassemblement national. Marine Le Pen leur plait car elle dit leur ressembler : elle aime ainsi rappeler qu’elle fut mère célibataire, avec 3 enfants en un an, qu’elle à connu le harcèlement, les menaces, les trahisons. Ses confidences la rapprochent de son électorat qui la considère comme un membre de leur famille. Plus que ses idées, les militants connaissent et aiment Marine. 

Aucune critique à son égard n’est acceptée. Lorsque nous les interrogeons sur les récentes déclarations de leur candidate à l’égard du candidat Reconquête, qui l'accusaient de compter parmi ses équipes des “nazis” et des “ catholiques traditionalistes", ils accusent la fatigue, la pression, l’injustice de la candidature d’Eric Zemmour et les trahisons de ceux qui sont partis. 

Ce meeting de rentrée avait des allures de bal populaire où l'on se retrouve "en famille" pour partager une terrine, une bouteille, une danse mais également des craintes et des choix politiques. 

La menace Zemmour 

Les récentes déclarations et accusations de la part de Marine Le Pen envers les militants de Reconquête exacerbent les tensions initiales et les rancœurs mutuelles. 

“ Eric Zemmour n’est là que pour faire gagner Macron, c’est un pion du gouvernement” nous explique Patricia, mère célibataire sans emploi de 37 ans.  Si les militants RN préfèrent aujourd’hui Marine Le Pen à Eric Zemmour, c’est bien parce qu’elle est installée dans le paysage politique depuis longtemps et que cet ancrage lui donne une crédibilité due à l'expérience. Beaucoup d’électeurs du Rassemblement National nous confient leur sympathie pour Eric Zemmour, mais le voient encore comme un polémiste et un journaliste. “ Il aurait dû rester sur CNews, pendant le confinement on le regardait tous les soirs. Ses idées sont les mêmes que Marine Le Pen en termes d’immigration mais il ne nous comprend pas, lui, le citadin, le bourgeois. En plus, il n’a pas ce côté social qu’à Marine Le Pen”.  L'électorat de Marine Le Pen semble donc apprécier Zemmour journaliste, mais honnir Zemmour candidat. Le programme social de Marine Le Pen est d’ailleurs bien différent de celui du candidat Reconquête . La retraite à 60 ans par exemple est une mesure phare du Rassemblement Nationale, tandis que le parti d’Eric Zemmour, lui, veut prolonger l'âge de départ à la retraite à 64 ans.

La France déclassée 

La lutte entre les deux camps est en réalité une lutte entre deux classes : la classe populaire, habituée aux emplois plus précaires, physiquement plus fatigants, et la classe plus bourgeoise, moins touchée par le chômage et le manque de moyens. Ces deux classes qui s’entendent sur la seule question de l'identité de leur peuple ont cependant toutes deux la France chevillée au cœur.  Attachés à la même terre et aux mêmes frontières, ces deux classes vivent en autarcie et dans deux mondes différents, presque opposés. La France d'Eric Zemmour s'attache à la ruralité par principe mais sans y habiter. La France qui vote Marine Le Pen est finalement la France des oubliés, des déclassés. La France oubliée qui tient à ses clochers sans plus pratiquer, la France qui “monte à la ville”, la France qui appelle au secours depuis des années mais que les gouvernements successifs ont abandonnée, au profit des cités. Cette France n’a pas besoin qu’on lui parle de Napoléon ou d’Auguste Comte, elle à besoin qu’on vienne la réconforter, la comprendre et l’écouter. Marine Le Pen à su le faire.  

Et si le fond du discours identitaire est semblable chez Eric Zemmour et Marine Le Pen, la forme est bien différente : quand Eric Zemmour organise des meetings, Marine Le Pen va dans les foires agricoles.  Il y a la France de Johnny et la France de Charles de Gaulle. Marine le Pen à su entendre la première, mais ne parviendra jamais à s’allier la seconde. Eric Zemmour ne s’adapte pas à la première mais passionne la seconde.


Prix d’Amérique 2022 : une édition en demi-teinte ?


Le Prix d’Amérique est la plus grande course de trot attelé au monde et se dispute tous les ans le dernier week-end de janvier à l’hippodrome de Paris-Vincennes. Cette année, avec le forfait du grand favori Face Time Bourbon, annoncé à cinq jours de l’échéance, et 5.000 personnes maximum sur place, l’édition semble moins attrayante.

 

 

« Face Time Bourbon forfait pour le Prix d’Amérique ! ». Le coup de tonnerre est tombé mardi 25 janvier 2022 dans l’après-midi, à cinq jours du championnat du monde des trotteurs. Annoncé sur Twitter par son entraîneur, Sébastien Guarato, et son propriétaire italien Antonio Somma, le double tenant du titre et meilleur cheval en activité, Face Time Bourbon, déclare forfait. La raison ? Une grave maladie à l’un des pieds, présente depuis sa naissance, qui ne fait qu'empirer, et qui l’envoie à la case retraite définitivement. Jeudi 27 janvier, interrogé par Equidia, l'entourage a définitivement mis un terme à la carrière sportive du champion, pour le préserver physiquement. Un coup de massue pour tous les passionnés des courses et une grande perte pour le sport. Dans le passé, peu de chevaux ont réussi le triplé dans la mythique course, et la perspective de voir le phénomène français tenter sa chance dimanche 30 janvier rajoutait de l’excitation.

 

Hors période de pandémie, la course accueille près de 40.000 spectateurs, prêts à voir s'affronter les 18 meilleurs chevaux du monde pour décrocher le Graal. Mais, cette année, à cause des restrictions sanitaires, l’hippodrome ne peut accueillir que 5.000 personnes, de quoi faire de nombreux déçus. A cela s’est donc rajouté le forfait de la guest-star de la journée. Les turfistes sont dépités, pour la plus grande course du monde, cela commence à faire beaucoup de points noirs.

 

Redistribution des cartes à cinq jours de la course

 

Les courses n’étant jamais courues d’avance, Face Time Bourbon partait tout de même avec l’étiquette du cheval à battre. Avec son forfait, les cartes sont redistribuées. Qui aura la lourde charge de partir avec le dossard de favori ? Ses concurrents, qui pensaient courir pour la seconde place, ont désormais le champ libre. De jeunes chevaux tels que Hohneck, entraîné par Philippe Allaire, ou encore Davidson du Pont, fier représentant de l’écurie de Jean-Michel Bazire, sont les préférés de la presse. Mais rien n’est joué. La seule absence de Face Time Bourbon change complètement les plans de tactique de certains concurrents, tout est à revoir. De quoi annoncer un beau spectacle tout de même. L'absence de l'un fait le bonheur des autres.

Course ouverte cette année donc, le Prix d’Amérique 2022 s’annonce plein de surprises.


Un maire décroche le portrait officiel d'Emmanuel Macron

Opposé à l'emmerdement macronien, le maire d'une petite commune décroche le portrait présidentiel

La photo présidentielle est repartie en préfecture. « Je pense que c’est un acte citoyen, c’est par respect pour la fonction présidentielle en particulier, on respecte même plus que jamais cette fonction d'ailleurs, mais l’homme qui l’incarne ne la respecte plus, en insultant la fonction et ses administrés », s'écrie Nils Passedat, maire de Lavaurette, petite commune du Tarn-et-Garonne. A la place du portrait présidentiel trône désormais la déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Le geste fait l'unanimité chez ses administrés, qui, pour la plupart, auraient souhaité voir ce portrait décroché depuis bien longtemps. Si les mairies n'ont pas l'obligation de le suspendre, ne pas le faire témoigne d'une hostilité publique assez peu commune. Ulcéré par les propos tenus par Emmanuel Macron contre les personnes non-vaccinées, Nils Passedat s'interroge : « peut-on légitimer un président qui utilise l’emmerdement et donc le harcèlement d’une partie de la population comme politique ? »


Le terrible week-end de la gauche

L’annonce officielle de la candidature de Christiane Taubira dans la journée de samedi dernier, ainsi que le refus officiel d’Anne Hidalgo de se soumettre à une primaire ont démontré une fois de plus l’ampleur des divisions à gauche. Retour sur un week-end chaotique.

« Pour toutes ces exigences d’un gouvernement d’une grande démocratie, débarrassé de fantasmes monarchiques. Pour satisfaire toutes ces exigences, je suis candidate à la présidence de la République. » Dans un meeting en plein air, tenu dans le quartier de la Croix Rousse à Lyon, l’ancienne ministre de la Justice annonça officiellement sa candidature, emmitouflée dans une écharpe rose et une doudoune de couleur sombre. Sous les applaudissements de quelques centaines de militants, rassemblés dans un froid glacial, elle voulut se présenter comme la vraie candidate de gauche, à l’écoute des besoins des citoyens, en particulier des plus modestes et des opprimés. La Croix Rousse, symbole de la révolte des Canuts au XIXe siècle, est un lieu bien choisi pour faire passer ce message. Redéfinir le contenu du contrat social, lutter contre les inégalités en tous genres, protéger les salariés, ou encore assurer la transition écologique, Christiane Taubira présenta les grandes lignes d’un programme typiquement de gauche, que l’on saurait ne vraiment distinguer de celui de ses concurrents pour l’instant. Une déclaration de candidature attendue depuis déjà quelques semaines, qui ne crée aucun engouement à gauche, surtout chez la candidate du Parti socialiste, Anne Hidalgo.

« Une mauvaise nouvelle »

La candidate à 3 % ne put que faire un constat amer à propos de la candidature de l’ancienne ministre de la Justice. « C’est une candidature de plus, c’est une mauvaise nouvelle, […] cela crée de la confusion », regretta-t-elle sur BFMTV, renonçant ainsi au discours en faveur de l’union de la gauche, dont elle fut pourtant le défenseur acharné en décembre. L’entrée en campagne de Christiane Taubira ne présage rien de bon pour la candidate socialiste, qui a désormais face à elle une candidate plutôt populaire dans son camp, du moins chez certains militants. L’équipe de Christiane Taubira n’est pourtant pas très fournie en personnalités politiques. Parmi les soutiens d'élus, on trouve Renaud Payre, élu de la mairie de Lyon, et Olivia Fortin, adjointe au maire de la mairie de Marseille, des personnalités de second plan. Le défi pour la nouvelle candidate est de convaincre qu’elle est la seule à répondre aux aspirations de ses militants et sympathisants. Si elle y parvenait, elle mettrait la maire de Paris en danger. Toutefois, il y a du travail. Elle n'est pas seule à gauche, et doit faire face à d'autres candidats de plus grande envergure, en particulier Jean-Luc Mélenchon, dont le meeting à Nantes hier après-midi, rassembla plusieurs milliers de personnes, et qui montra une fois de plus que le candidat de La France Insoumise était encore bien établi.

Mélenchon : le refus de l’union

Dans une salle gigantesque, devant des centaines de militants exaltés, le candidat de la France Insoumise fustigea l’absence de sérieux de la gauche, et rappela sa détermination à mener sa campagne jusqu’au bout. « Nous ne sommes pas concernés pas les mésaventures du centre-gauche. Nous n’irons pas nous disputer avec eux, parce que nous ne sommes pas concernés par la compétition entre le Parti radical de gauche de Mme Taubira, et le Parti socialiste de Mme Hidalgo. » Dans un meeting à 360 degrés, et une salle avec des écrans géants, immergeant les participants dans l’ambiance correspondant aux thématiques abordées, Jean-Luc Mélenchon fit fureur. Surtout, il parvint à montrer qu’il avait encore de la vigueur. Politique étrangère, environnement, énergies, ou encore politique de l’espace, le candidat insoumis montra sa capacité à présenter un programme large, ambitieux et innovant, en promouvant par exemple la fondation d’une université spatiale francophone, afin d’unifier les savoirs de nombreux pays. Nous sommes loin des revendications d’Hidalgo sur la sanctuarisation de la retraite à 62 ans, idée dont Mélenchon ne manqua point de se moquer, ou encore des 800 € mensuels de salaire minimum proposés par Christiane Taubira à chaque étudiant. Jean-Luc Mélenchon a l’art d’enthousiasmer ses militants, jeunes et moins jeunes. Ce succès du candidat insoumis inquiète les organisateurs de la Primaire populaire, qui paraissent de moins en moins sûrs d'eux-mêmes.

Une primaire populaire en berne

Le projet de Samuel Grysbowski avait du plomb dans l’aile dès le départ, et n’est toujours pas près de décoller. Le premier tour de la primaire populaire, prévu le 27 janvier, doit choisir un candidat, parmi les sept parrainés par les militants. Parmi ceux qui sont sélectionnés, trois ont déjà refusé d’y prendre part : Jean-Luc Mélenchon, Jannick Jadot et Anne Hidalgo. Cette primaire, qui avait pour projet d’unir la gauche, pourrait à l’inverse contribuer à la diviser davantage si elle choisissait un autre candidat que ceux déjà lancés dans la présidentielle. Au total, cela ferait huit candidats, au lieu de sept aujourd’hui. À l’heure actuelle, les organisateurs revendiquent 250 000 inscrits. Si Christiane Taubira – parrainée aussi par cette primaire – n’est pas choisie, renoncera-t-elle à être candidate ? Pour l’instant, elle semble bien déterminée à aller jusqu’au bout. Peut-être sent elle le vent tourner en sa faveur ? Si toutefois la primaire la choisissait, son socle électoral s'élargirait sûrement, et des soutiens pourraient venir s’agréger autour d’elle. De quoi affaiblir encore un peu plus Anne Hidalgo. Il reste quelques jours à Christiane Taubira pour convaincre les militants de la primaire populaire. Sinon, elle fera cavalier seul, sans parti.


Gaspard Koenig : le candidat de la simplification

Il aime citer Tocqueville et Montaigne, et plaide ardemment pour la fin de l’État providence. Le philosophe et essayiste Gaspard Koenig se revendique le seul candidat libéral à l'élection présidentielle. De fait, son programme détonne avec celui de ses concurrents.

« Président de la République, ça ne me fait pas rêver, je ne suis pas un sauveur, je ne suis pas un messie, je ne guéris pas des écrouelles », avouait-il sur le plateau des "4 Vérités" sur France 2. Pourtant, l'homme se lance dans la bataille présidentielle. Le candidat de 38 ans, fondateur du think tank libéral GenerationLibre, revient d’un tour de France à cheval, sur les traces de Montaigne. Ce voyage de plusieurs semaines lui a permis de rencontrer les Français et de se forger un programme. Il souhaite peser dans le débat public, avec des idées innovantes. Fini le temps où il en proposait aux candidats. Ces derniers sont « imprégnés de jacobinisme » et ont « les oreilles bouchées ».  A vouloir être subversif, Gaspard Koenig pourrait bien dissuader des maires de le parrainer, qui sait ?

« Refonder notre droit »

Le candidat du parti Simple a une mesure phare : diviser par 100 le nombre de normes juridiques, sans s’interroger sur celles qui marchent et celles qui ne marchent pas. C’est le projet Portalis, en hommage au principal rédacteur du Code civil de 1804. Gaspard Koenig ambitionne de rendre compréhensible le fonctionnement de l’Etat et de mettre fin à l’inflation législative, dans laquelle la France est engagée depuis les années 1970. « La simplification, c’est de la justice sociale », aime-t-il répéter. Dans le système actuel, seuls les privilégiés peuvent avoir accès au système administratif, tant sa complexité est grande. « On meurt de la multiplication de micro-lois pour aiguiller les comportements, alors que la loi doit dire ce qui est interdit », assénait-il dans le quotidien l’Opinion. Selon lui, la loi ne doit pas être un moyen de contrôler les personnes, de leur faire la morale. Sa vocation est de permettre aux citoyens de mieux vivre ensemble et d'exercer leur liberté. Interrogé sur son soutien à Emmanuel Macron en 2017, Gaspard Koenig ne cache pas sa déception : « Le président [...] a pris une attitude extrêmement autoritaire ; il a gouverné d'en haut et a représidentialisé les institutions. »

« Prendre au sérieux la liberté des Français »

Son tour de France à cheval sur les traces de Montaigne a renforcé en lui une conviction : les Français veulent moins de bureaucratie. Ils sont capables de se gouverner eux-mêmes. Pour y parvenir, il propose d'accroître l'autonomie des collectivités locales. Celles-ci devraient pouvoir décider de tout ce qui les concerne directement, en particulier des services qu'il nomme « à proximité de bus » : l'école, la culture, le logement, ou encore la sécurité.  Gaspard Koenig veut aussi redonner le pouvoir au peuple, en facilitant l'organisation de référendums locaux d’initiative citoyenne. Il n'est certes pas le premier à faire des propositions en ce sens, mais dans la campagne actuelle, il paraît bien le seul à mettre la question en avant.

La vertu du revenu universel

La proposition choc de Gaspard Koenig paraît contraire aux idéaux du libéralisme, qui prônent l'émancipation de l'individu à l'égard de l'État, et maudissent l'État providence. Pourtant il l’assume : le revenu universel est au cœur de l’histoire du libéralisme. Non pas du néolibéralisme ni de l’affairisme de Jeremy Bentham et de John Stuart Mill. Mais un libéralisme où l'individu est appelé à faire des choix libres et responsables. Le revenu universel serait un moyen d'aider les personnes dans le besoin à ne pas tomber dans la misère, tout en les incitant à trouver un travail. Son expérimentation du revenu universel dans un village au Brésil en a été la preuve : les personnes sans travail et dans le besoin sont capables d’utiliser leur revenu de manière responsable, pour choisir des activités générant du revenu. Autrement dit, il souhaite éduquer à la liberté plutôt que de se contenter de l’assistanat. Avec un revenu de départ distribué à chacun, on évite le système actuel de distribution massive de subventions, complexe et bureaucratisé.

Toutefois, il lui reste encore à convaincre les maires de France de le parrainer. Si sa personnalité est moins controversée que celle de certains de ses contradicteurs, ses idées n’en sont pas moins subversives. Diminuer la place de l'Etat en France suscite souvent des craintes. Reste à savoir s’il parviendra à créer un engouement suffisant autour de ses idées. Il a jusqu’au 4 mars pour finir son tour de France des maires. Peut-être en train cette fois-ci.


Réaménagement intérieur de Notre-Dame : pourquoi une telle polémique ?

Deux ans après l’incendie, la cathédrale fait de nouveau parler d’elle. Non plus à cause de sa flèche ou de la restauration extérieure du bâtiment, mais en raison du projet de réaménagement intérieur. Celui-ci, validé avec quelques réserves le 7 décembre par la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture, est toujours l’objet de contestations par une partie des catholiques et des conservateurs du patrimoine. Une polémique jugée stérile par une source proche du dossier.

« Disneyland », « un Christland destiné aux touristes ». Les langues sont vives et les critiques vont bon train. 100 personnalités du monde de la culture, dont Stéphane Bern et Alain Finkielkraut, se sont insurgées dans les pages du Figaro contre ce projet jugé « kitsch » et « niais ». « Ce que l’incendie a épargné, le diocèse veut le détruire », lit-on en titre de cette tribune publiée le 7 décembre.

Y a-t-il pourtant de quoi faire couler autant d’encre ? Le diocèse de Paris souhaite-t-il réellement révolutionner la cathédrale pour en faire un site touristique désacralisé ?

Des propositions imprécises qui donnent lieu à des incompréhensions

Dans la confusion médiatique, il est important de distinguer trois choses : le projet, la polémique, et la réalité. Cela ne signifie pas que les trois ne se recoupent pas par moment, mais leur contenu diffère sur beaucoup de points. 

« À l’heure actuelle, nous n’avons aucune idée de ce à quoi ressemblera le projet lorsqu’il sera définitivement validé. » 

De nombreux éléments sont actuellement soumis à une nouvelle étude, d’autres ont été rejetés. La première version du projet était imprécise et manquait de schémas pour visualiser les propositions. 

En l’absence d’images, il n’est pas surprenant de voir que l’idée des bancs lumineux à roulettes, à la place des chaises, concentre à elle seule une bonne partie des critiques. Pourtant l’intention était sans doute de faciliter le déplacement des sièges lorsqu’il faut dégager la nef. Les experts doivent présenter un prototype de ces bancs, nous saurons ainsi ce qu’ils entendent par « bancs lumineux ». La commission sera, de toute façon, de nouveau consultée sur ce point. 

Concernant les projections murales de phrases issues de l’Évangile, il s’agirait de quelque chose de sobre, du reste indolore pour la cathédrale, et réversible. Rien de comparable à Disneyland. 

Le nettoyage des vitraux et surtout des 14 chapelles, qui étaient très sales et délabrées bien avant l’incendie, révèleront enfin la splendeur de l’édifice et du mobilier qui les compose. Les pierres retrouveront ainsi leurs couleurs d’origine. 

L’axe liturgique de la nef sera revalorisé. L’entrée se fera désormais par le grand portail central, pour mettre bien mieux en valeur l’édifice aux yeux des visiteurs. La déambulation se poursuivra par le côté nord (à gauche en entrant), et non plus par le côté sud. Le père Gilles Drouin, responsable du projet de réaménagement intérieur, explique que ce sens de circulation s’inscrit dans une symbolique de l’histoire évangélique. Celui-ci suivrait les thématiques suivantes : au nord, l’Ancien testament, puis l’incarnation, la passion et la résurrection vers le chœur, et l’Église et les saints au sud.

Le projet prévoit l’ajout de pièces de mobilier d’art d’aujourd’hui, sans que celui-ci ne remplace l'existant. Albéric de Montgolfier, président de la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture, assure qu' « aucun objet ou tableau qui se trouvait dans la cathédrale avant l’incendie n’en sortira ». Les confessionnaux seront déplacés sans pour autant être mis au placard. Certaines tapisseries s’offriront une nouvelle jeunesse sur des murs mieux éclairés.

L’intérieur de la cathédrale sera loin d’être bouleversé. Aucune modification structurelle ne transformera le monument en profondeur.

Des intentions mal interprétées

Reprenons l’esprit du projet, les intentions du diocèse. Celui-ci avait deux idées en tête : avant tout, et c’est l’objectif premier, renforcer le primat de la liturgie et du culte. Ensuite, profiter du passage des 13 millions de visiteurs par an pour leur faire comprendre le mystère de la cathédrale, dans une optique missionnaire.

Les intentions ont été mal comprises. La polémique laisse entendre que le diocèse souhaite privilégier l’accueil des touristes au détriment du culte. L’emploi à tout-va de termes comme la « désacralisation » ou la « dénaturation » de la cathédrale par les contestataires détourne le débat des objectifs du projet.

La question du sacré dans l’art contemporain

Des noms d’artistes contemporains sortis dans la presse, tels que Ernest Pignon-Ernest, Anselm Kiefer ou Louise Bourgeois, ont provoqué de vives réactions. Le père Drouin affirme que le diocèse n’a encore rien décidé sur le choix des artistes, ni sur les œuvres elles-mêmes. L’expression contemporaine pourrait légitimement trouver sa place dans la cathédrale, à la condition d’un art au service de la liturgie. Ce ne serait pas la première fois : la flèche de Viollet-le-Duc, l’architecte de la grande restauration de 1845 à 1865, était à la fois une prouesse architecturale et une folie moderniste. L’art d’aujourd’hui en est-il encore capable ? Peut-il répondre aux objectifs d’une église, à savoir le service du sacré et du beau ? « C’est plutôt sur cette question que devrait se concentrer le débat, qui dépasse largement le cadre du chantier, plutôt que de s’égarer dans des polémiques stériles où les intentions sont dévoyées », affirme notre interlocuteur.

Le rôle décisif du futur archevêque de Paris

En suspens depuis la démission de Monseigneur Aupetit, le projet pourrait être amené à évoluer avec l’arrivée d’un nouvel archevêque. Il aura une place décisive dans la suite du processus. Ce changement pourra être l’occasion de nouvelles propositions, d’une nouvelle vision du projet.


Peltier chez Zemmour : un passage risqué

Le ralliement de Guillaume Peltier au candidat Éric Zemmour fait grand bruit. L’ancien vice-président des Républicains et député du Loir-et-Cher, nommé aussitôt porte-parole du parti Reconquête, n’en est pas à son premier revirement. Ce qui interroge sur sa fiabilité et sa loyauté.

« J'ai pris la décision de soutenir le seul candidat de la droite, le seul candidat du RPR, je rejoins Éric Zemmour ! » Cette déclaration de Guillaume Peltier aux journalistes du Grand Rendez-Vous d'Europe 1, en partenariat avec CNews et Les Echos, provoqua son expulsion quasi-immédiate des Républicains dont il était membre depuis 2008. Invitée sur France info hier matin, Valérie Pécresse qualifiait son départ de « non-événement ». Démis de ses fonctions de vice-président début décembre 2021, à cause de sa trop grande proximité avec les idées du candidat de Reconquête, son départ n’était pas vraiment une surprise. « Il [Guillaume Peltier NDLR] voulait faire un coup de com’, et se déclarer en début d’année », commentait Valérie Pécresse ce matin. Son expulsion était déjà actée depuis quelques semaines. « Il s’était terriblement isolé, il avait successivement changé de cheval, personne n’avait confiance. » Le message est clair, et n’est d’ailleurs pas dénué de sens. La primaire des Républicains l’a bien montré : Guillaume Peltier n'a pas été le candidat de la loyauté, loin de là.

Velléitaire

Plus que les convictions, les chances de gagner paraissent avoir davantage motivé les choix politiques de Guillaume Peltier. En juin, il se mit à soutenir activement Xavier Bertrand, alors que le baron nordiste n'était pas membre des LR et refusait obstinément de les réintégrer. Ce choix valut à Guillaume Peltier d’être déchu son poste de vice-président par Christian Jacob. En novembre, il se rallia à Éric Ciotti, baron sudiste. Cette trahison ne lui servit à rien. Ses velléités reflètent son opportunisme. Aujourd'hui, l'ex-FN affirme partage entièrement les valeurs défendues par Éric Zemmour depuis novembre.

Mauvais accueil

Le départ de Guillaume Peltier est accueilli de manière contrastée. Le député de l'Yonne, Guillaume Larrivée, s’en réjouit dans un tweet laconique posté hier, « Son retour dans les arrière-boutiques de l’extrême-droite est une excellente nouvelle. Bon débarras ! ». Quant à Éric Ciotti, il ne put que constater que « Guillaume a beaucoup changé dans sa carrière politique, […] il revient toujours au point de départ. Il était au Rassemblement national, il y revient progressivement. » Peltier passa l’ensemble de sa carrière à la droite de l’échiquier politique. Il militait au Front national dans sa jeunesse, du temps où Jean-Marie le Pen était président. Il rallia Bruno Mégret en 1988, lorsqu’il fonda le Mouvement national républicain. Il rejoignit ensuite Philippe de Villiers au Mouvement national républicain, avant d’adhérer aux Républicains en 2008. Autant dire qu’il a du mal à rester fidèle à une même famille politique, ce qui laisse d'ailleurs songeur sur sa fidélité à long terme à l'égard d'Éric Zemmour.

Un choix risqué

Guillaume Peltier prend un risque en se ralliant à Éric Zemmour. Une chose est certaine, s'il échoue avec lui, Les Républicains ne lui ouvriront plus leurs portes. Il est probable que le RN en fasse autant. « Là où Guillaume Peltier passe, les campagnes trépassent », assénait hier soir Marine le Pen au micro de BFMTV. Elle a affirmé d'ailleurs qu'il aurait « tapé à sa porte » hier, qu'elle a tenue fermée. Les semaines à venir montreront si Guillaume Peltier parvient à devenir un pilier de Reconquête.