Valérie Pécresse sonne la charge contre Emmanuel Macron
Dans une conférence de presse donnée hier après-midi dans son QG de campagne du XVIIe arrondissement de Paris, la candidate Les Républicains a attaqué frontalement le président, après ses propos sur les non-vaccinés publiés dans Le Parisien.
Valérie Pécresse veut se replacer au centre du jeu. La candidate était donnée comme la principale rivale après les primaires de décembre. Or, le dernier sondage Ipsos Sopra Steria, paru hier soir, donne Marine le Pen en deuxième position. La campagne s'annonce très concurrentielle et Valérie Pécresse doit démontrer sa solidité.
« Je dois relever la fonction présidentielle »
La candidate LR cherche à se montrer comme la seule alternance possible, face à un président suscitant « la discorde et le mépris ». Elle s’affirme comme le porte-voix de tous ceux qui se seraient sentis blessés par les propos macroniens – les non-vaccinés autrement dit. Valérie Pécresse prétend incarner « le respect » face au mépris. Et de rappeler des paroles comme « les gaulois réfractaires, gens qui ne sont rien ». S’en prendre au président, c’est un moyen de rassembler un camp divisé.
Le passe vaccinal
« Je ne serai pas une présidente soliste, mais une présidente chef d’orchestre », poursuit-elle. Après la débâcle des Républicains sur le passe vaccinal, Valérie Pécresse veut montrer l’unité de son camp et sa vigueur, en paraissant entourée de ses anciens concurrents à la primaire et du président du Sénat. Pourtant, elle est favorable au passe vaccinal, mais les députés de son camp sont divisés, comme le montre le vote à l’Assemblée nationale du 5 janvier. Ils se montrèrent incapables de se fixer une ligne commune, chacun en faisant à sa tête. Il était temps pour la prétendante LR de se repositionner en candidate sûre d’elle-même, proche des réalités des Français.
Relever la tête
Valérie Pécresse accuse le président d’être « déconnecté des aspirations profondes » des Français. Une référence indirecte aux personnes non-vaccinées, à qui elle adressa un message de soutien en début de semaine, alors même que le président les traitait d'« irresponsables ». Cet appel à ces 8 % de récalcitrants ne tient pas du hasard. Le dernier sondage Ipsos publié hier soir la donne juste derrière Marine le Pen, à 16% . Ce chiffre inquiète son camp. D'autant que la cote du président de la République ne baisse pas, même après ses propos sur le non-vaccinés. Emmanuel Macron oscille toujours entre 26 et 27%, loin devant ses concurrents.
Se distinguer ou couler
Valérie Pécresse est placée devant une alternative : se distinguer à droite ou couler. Interrogé sur France info, le politologue de chez Ipsos, Matthieu Gallard, estime qu’il « y a un fort scepticisme » de la part de l’électorat de Valérie Pécresse sur sa victoire au premier tour. Les réticents au vaccin hésitent à faire le pas vers Éric Zemmour ou Marine le Pen. Valérie Pécresse cherche à les séduire pour espérer brasser aussi large que possible à droite et ne froisser personne. Reste à savoir si cette stratégie sera suffisante pour la distinguer des autres candidats. Interrogée sur la possibilité qu’Éric Zemmour ne puisse pas se présenter faute de parrainages suffisants, elle se veut conciliante. Evoquant Voltaire, elle affirma qu’« il faut se battre pour que tous ceux qui ne pensent pas comme nous puissent le dire ». La suite de la campagne montrera si elle est capable de se distinguer sur ses idées qu’elle peine pour l’instant à exposer, tant la crise sanitaire obère le débat public. Les enjeux sanitaires ou sécuritaire ne suffiront pas à faire entendre une différence : il faudra parler d’autre chose : économie, impôts, pouvoir d’achat. Il lui reste un peu moins de 100 jours pour redynamiser sa campagne, consolider son électorat et creuser l’écart de manière décisive à droite.
La difficile structuration de l'Islam en France
Au Conseil français du culte musulman (CFCM) va succéder le mois prochain le Forum de l’Islam de France (FORIF). Une question demeure : est-il possible et réaliste de structurer l'islam en France ?
Fondé en 2003, le CFCM regroupe huit associations censées représenter les différentes tendances de l’Islam de France (UMF, GMP, MF, CCMTF, CIMG France, RMF, FFAIACA et FP). Miné par les désaccords, celles-ci transformèrent l'organisme en « coquille vide », selon les mots de son président Mohammed Massaoui. D’ailleurs, le mois dernier, le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin avait annoncé que le dialogue était rompu entre le CFCM et l’Etat. Si le FORIF constitue une nouvelle tentative de départ, les questions demeurent : les rapports avec la République, le financement et la formation des imams.
L'absence d'unité
En début de semaine, un haut fonctionnaire au ministère de l’Intérieur confiait au Figaro que les différentes tendances de l'islam en France « n’ont pas de véritables différends idéologiques mais qu'elles importent sur notre sol une guerre algéro-marocaine ». Les Algériens de la branche du recteur de la grande mosquée de Paris, Chems-Eddine Haffiz, ne parviennent pas à s’entendre avec les Marocains, menés par le nouveau président du Conseil national des imams, Mohammed Massaoui. Il y a aussi des Tunisiens et des Turcs dont l’association Milli Gorüs est controversée. Chacun a une vision différente de la manière d’appliquer le Coran, en ce qui touche à l’égalité homme-femme, au prosélytisme, ou encore à la laïcité. Les associations islamiques ne sont pas unies. Elles illustrèrent leurs désaccords lors de la signature de la charte pour l’Islam de France (janvier 2021). Trois des huit associations membres du CFCM la refusèrent dont Milli Gorüs et l’association pakistanaise, de tendance rigoriste, Foi et Pratique.
Une nouvelle tentative vouée à l’échec ?
En 2003, le volontarisme de Nicolas Sarkozy, alors ministre l’Intérieur, se révéla sans effet. En octobre 2007, à la Grande mosquée de Paris, il avait vanté la nouvelle institution comme « un facteur d'intégration et d'apaisement ». Mais les années qui suivirent ne montrèrent aucun progrès. Emmanuel Macron saura-t-il régler cette question ? Les décrets de la loi sur le séparatisme adoptés en août dernier sont attendus en février. Ils touchent toutes les religions et présagent un regain de tension dans les relations avec l'Etat. L'islam est encore loin d’être le « partenaire de la République » dont rêvait le président lors de ses vœux aux religions le 5 janvier dernier.
Éric Anceau : "Éric Zemmour a fait l'effet d'une bombe à fragmentation à droite"
Loin des approximations historiques ou des réappropriations de personnages opérées par des candidats et des journalistes ces derniers mois, l'historien Éric Anceau* nous livre ses analyses sur la présidentielle. Propos recueillis par Maximilien Nagy
L'arrivée d’Éric Zemmour a bousculé la campagne présidentielle à droite. En quoi ce phénomène est-il inédit selon vous ?
La candidature d’Éric Zemmour a fait l’effet d’une bombe à fragmentation pour la droite, en parvenant à capter une partie importante de l’électorat LR, les plus à droite, mais aussi de celui du RN. Mais ses succès ne s’arrêtent pas là. Il a réussi en effet à récupérer une partie non-négligeable des gilets jaunes, comme en témoigne le soutien d’une de leurs chefs de file, Jacline Mouraud, lors du meeting de Villepinte le 5 décembre dernier.
De quand pourrait-on dater l’apparition de candidats originaux, qui n’ont jamais fait de politique auparavant ?
On peut dater cette apparition dès la première élection présidentielle au suffrage universel direct en 1965 avec Marcel Barbu, le « candidat des citoyens ordinaires », mais qui ne recueille que 1 % des suffrages exprimés. Le choc est la candidature de l’humoriste Coluche en 1981. Il atteint 15 % d’intentions de vote au début de la campagne, mais il dit avoir subi différentes menaces et n’a de toute façon pas réuni les 500 signatures d’élus nécessaires pour pouvoir se présenter. Le cas d’Éric Zemmour est très différent. D’après son équipe de campagne, il aurait déjà 300 parrainages et pourrait réunir les 500 requises d’ici la date fatidique. Quant à son niveau dans les sondages, il plafonne pour l’instant à 15% ce qui est très honorable pour un candidat qui n’a pas fait de politique par le passé. J’apporterai plusieurs nuances à ce succès : Éric Zemmour est très médiatisé depuis quelques années déjà pour ses prises de position sur l’Islam et l’immigration en particulier. Il n’est pas inconnu du public, loin de là et bénéficie du soutien de Vincent Bolloré (CNews, Europe 1) et de Valeurs actuelles.
Bien qu'ils soient deux candidats au profil très différent, peut-on comparer le phénomène Zemmour au phénomène Trump de 2016 ?
Il me semble que oui. L’un est journaliste, l’autre homme d’affaires. Le message très fort des élections américaines de l’époque est qu’on peut ne jamais avoir fait de politique et gagner une élection présidentielle. Éric Zemmour a fait ce pari. Reste à savoir s’il remportera la même adhésion que Trump il y a cinq ans. J’ajouterais qu’il y a une autre différence fondamentale entre les deux hommes qui nous renvoie à leur pays d’origine : l’un est cultivé et se réfère à l’histoire, l’autre est un homme d’affaires.
Pensez-vous que l’on pourrait voir un phénomène identique un jour en France : un candidat du milieu des affaires qui se lancerait dans la bataille présidentielle et la gagnerait ?
Dans l’histoire de la Ve République, deux cas se sont présentés seulement. D'abord, l’homme d’affaires Nicolas Miguet, candidat libéral, opposé à l’impôt et fondateur du Rassemblement des contribuables français, qui avait de grands moyens pour mener campagne mais qui s’est présenté quatre fois à la présidentielle depuis 2002 sans jamais recueillir les 500 parrainages. Ensuite, plus récemment, Denis Payre, le fondateur du parti Nous Citoyens, qui a tenté de se présenter aux primaires des Républicains cette année, mais sans obtenir de se présenter aux débuts terminaux. Les Français ont un rapport traditionnellement méfiant à l’égard des hommes d’affaires, à la grande différence des États-Unis, et le peu de succès que ces candidats ont remporté en témoigne.
De nombreux journalistes tentent de classer les différents candidats de droite en fonction des courants établis par René Rémond dans Les droites en France – la droite orléaniste, la droite bonapartiste et la droite légitimiste. Est-il encore pertinent de faire ainsi ?
Dans son ouvrage majeur pour l’histoire politique, René Rémond présente trois familles à droite : la droite bonapartiste très verticale ancrée dans un socle populaire, la droite légitimiste, nostalgique de l’Ancien Régime, en faveur de la dynastie Bourbon et la droite orléaniste, partisane d’une monarchie parlementaire, menée par la dynastie des Orléans. Cette thèse est sans doute intéressante pour analyser la vie politique, jusqu’au milieu du XXe siècle, mais l'est moins aujourd’hui. D’ailleurs, dans une conversation que j'ai eue avec René Rémond au début des années 2000, il convenait lui-même que sa thèse n’avait plus de pertinence au XXIe siècle. Que reste-il par exemple de la droite légitimiste aujourd’hui ? Les positions en faveur du retour d’une monarchie en France sont quasiment absentes à ce jour et les positions traditionnelles sur la famille ou plus largement sur les questions sociétales ne suffisent ni à faire un programme, ni à faire de ce courant l’héritier du légitimisme.
Où pourrait-on placer Éric Zemmour ?
Le meilleur qualificatif que l’on pourrait donner à M. Zemmour, est celui de populiste. Il concentre les mécontentements d’une catégorie non-négligeable de la population, en particulier les classes moyennes, qui dénoncent l’immigration, la taxation massive, et qui sont préoccupés par les questions identitaires. Il suscite aussi les espoirs d’un électorat catholique traditionaliste, d’une partie des élites très à droite, mais aussi d’une partie des couches populaires.
Nous avons parlé d’Éric Zemmour et de Marine le Pen. Comment positionner Valérie Pécresse par rapport à ces deux candidats ?
On pourrait la qualifier d’héritière de Jacques Chirac. Son programme est très pragmatique, elle évite dans l’ensemble d’y intégrer des idées trop clivantes telle la question de l’islam, celle de l’identité française, ou encore le rapport de la France avec l’Europe. Elle assume un programme de droite sur les questions régaliennes : fermeté face à la délinquance, contrôle de l’immigration, réforme des institutions européennes, tout en préservant l’Union européenne. Mais aussi libéral sur les questions économiques : réduction du nombre de fonctionnaires, baisse des impôts pour les classes moyennes, etc. Un moyen d’attirer les électeurs de la droite traditionnelle issus de la bourgeoisie. Le score réalisé par son concurrent du deuxième tour de la campagne pour l’investiture LR, Éric Ciotti, situé bien plus à droite qu’elle, l’a forcé aussi à durcir son discours sur les questions de sécurité ces dernières semaines. Nous verrons si cela suffit pour qu’elle se distancie de ses concurrents dans les sondages, et surtout de Marine le Pen. Pour l’instant, les sondages donnent la candidate LR dans un mouchoir de poche avec sa concurrente du RN.
Le général de Gaulle est aujourd’hui une référence pour la plupart des personnalités politiques de droite comme de gauche. Y a-t-il une quelconque pertinence dans cette réutilisation ?
C’est un fait hors de l’extrême gauche et d’EELV. Même Mélenchon n’échappe pas à cette règle. Ainsi nous l’avions interrogé pour la Revue politique et parlementaire à l’occasion de la publication du numéro anniversaire que j’ai coordonné en 2020 et il se montrait très gaullien. La Fondation de Gaulle s’est récemment opposée, dans un communiqué début décembre, à l’instrumentalisation de son discours par Zemmour comme elle avait pu le faire auparavant pour d’autres candidats. Mais cela n’est pas dissuasif. La référence à de Gaulle ou même à d’autres figures de l’histoire, est très populaire. Tous les candidats de droite ou de centre-droit, Marine le Pen, Éric Zemmour et Emmanuel Macron se revendiquent de lui d’une manière ou d’une autre. Marine le Pen le fait souvent par exemple, mais oublie toutefois que de Gaulle était bien plus libéral qu’elle ne l’est sur les questions économiques. Les positions du Rassemblement national sur ce terrain s’apparentent bien davantage à celles du Parti communiste au temps de Georges Marchais dans les années 1980 qu’à celle du président De Gaulle entre 1958 et 1970 !
Qu’est-ce qui, selon vous, explique la faible place de la gauche dans la campagne présidentielle ?
L’absence de la gauche dans la présidentielle me paraît due au fait qu’elle a renoncé à ses fondamentaux, en particulier les questions sociales. La base populaire ne semble plus intéressée par ses propositions, surtout centrées sur les questions sociétales (droits des minorités, racisme, wokisme). L’abandon d'une thématique comme la laïcité explique aussi à mon sens la difficulté pour la gauche de se faire une place dans le débat. Les personnalités qui avaient l’habitude de s’exprimer sur la question, Arnaud Montebourg et Anne Hidalgo, sont à peine audibles aujourd’hui. La plus grande déception pour une partie de l’électorat de gauche est sans doute Jean-Luc Mélenchon, qui paraît avoir abandonné cette thématique, dont il s’était fait le principal défenseur jusqu’à maintenant. Même si nous n’en sommes qu’au tout début de la campagne, le fait qu’il soit crédité par les sondages de dix points de moins que lors de sa belle campagne de 2017 me semble significatif. Nous verrons si Christiane Taubira parvient à renouveler le discours à gauche si jamais elle était choisie par la primaire. Il est encore trop tôt pour le dire.
Éric Anceau est professeur à la Sorbonne en histoire contemporaine.
Auteur de La laïcité, un principe, De l'Antiquité au temps présent, paru le 5 janvier 2022 chez Passés Composés et Les élites françaises, des Lumières au Grand confinement, Passés Composés, 2020.
Europe Ecologie les Verts et le monde rural
Le président de la Fédération nationale des chasseurs Willy Schraen a le sourire en ce samedi 8 janvier : Yannick Jadot est à peine crédité de 7% d’intention de vote aux présidentielles. Le candidat EELV joue un bras de fer avec le monde rural sur les questions liées à la chasse et à la mobilité, les vifs débats entre animalistes membres d’EELV et chasseurs sur les plateaux télé nous le rappellent quotidiennement. Certains cadres du parti souhaiteraient toutefois tenter une réconciliation avec les habitants de la France des champs.
EELV en opposition au monde rural ?
EELV a toujours eu du mal à communiquer avec le monde rural. Entre écologistes et ruraux existent de nombreux points de tensions au sujet de l’agriculture, de la voiture et bien sûr de la chasse. Yannick Jadot, candidat des Verts aux présidentielles, a expliqué que durant son mandat la chasse serait interdite durant le week-end et les vacances scolaires. Les chasseurs ont vivement protesté contre cette proposition, arguant que les pratiquants réguliers de la chasse sont souvent des Français de classe moyenne ne pouvant se permettre de rater un jour de travail pour aller chasser. Cette réponse brise la vision un brin caricaturale que EELV avait des chasseurs. Un conseiller de Yannick Jadot confiait en effet aux équipes du Point que pour eux, ceux-ci étaient formés uniquement de cadres supérieurs, d’indépendants et de rentiers. Si on ne considère que la chasse à courre, ce cliché peut se confirmer : une saison de chasse coûte entre 1500€ et 150 000 €. Il faut acheter le cheval, assumer les soins vétérinaires, se procurer une tenue, payer entre 300 € et 5000 € l'entrée dans un équipage...
Mais cela ne concerne qu'une minorité de chasseurs, la grande majorité pratiquant la chasse dite « classique ». EELV se situe donc très loin du réel. Il faut noter qu’en plus de son programme hostile aux chasseurs, EELV ne se gêne pas pour les identifier comme ennemis de leur idéologie. Rappelons-nous ces affiches de Julien Bayou en avril 2014, lors des élections pour la présidence d’Ile de France : le candidat y ciblait directement les chasseurs et les boomers en expliquant que leurs votes aller faire pencher la balance en faveur de la LREM ou de LR. Si Julien Bayou avait rapidement fait machine arrière en expliquant ne pas avoir été mis au courant de l’existence de ces affiches, ce dérapage illustrait bien la vision négative que EELV avait et a toujours des chasseurs.
Outre la question épineuse de la chasse, celle de la mobilité occupe aussi les esprits. Les ruraux utilisent plus leurs voitures que les urbains, ce qui pour les cadres de EELV est une preuve d'absence de conscience écologique. Difficile pour EELV de comprendre que lorsqu’on habite en dehors des villes, la voiture est non seulement nécessaire mais vitale pour aller travailler, se soigner et pour sociabiliser. La volonté de l’équipe de Jadot d'augmenter les prix à la pompe est perçue comme un mépris total par les Français des champs, ce qui pourrait rallumer les braises du mouvement des gilets jaunes.
Par-delà les clichés
Malgré tout ces points de tension entre EELV et les ruraux en raison de la vision caricaturale des conseillers de Jadot, une partie des cadres ralliés à Sandrine Rousseau tentent d'inverser la tendance. Ces cadres possèdent une sensibilité aux problématiques sociales que les équipes de Jadot n’ont pas. Pour eux, il faut comprendre pourquoi les ruraux utilisent la voiture et répondre à ce besoin. Ils pensent notamment qu'il est nécessaire de réhabiliter les petites gares pour permettre à tous de se mouvoir sans utiliser la voiture. Cette idée a été ajoutée au programme après la fusion des équipes Jadot et Rousseau. Sur la question de la chasse, l’équipe Rousseau est aussi plus ouverte que celle de Jadot et l'idée serait surtout d'interdire les chasses dites cruelles comme la chasse à la glue et la chasse à courre. Ils se refusent à interdire totalement la chasse, Sandrine Rousseau disant à Libération qu’elle n’était pas contre si celle-ci est bien encadrée… Après cette déclaration, l’équipe de la candidate s'est murée dans le silence pour toutes les questions liées à la chasse. Ce silence nous oriente vers le cœur du problème : et si le problème ne venait pas des cadres mais des électeurs écologistes ? D’après l’IFOP, 90% d'entre eux vivent dans les grandes villes, ce qui oblige le parti à se plier à cette majorité qui n’a jamais eu de contact avec la ruralité. Le travail pédagogique doit donc cibler les militants et électeurs écologistes et non pas les cadres.
En fait, cette fracture entre EELV et le monde rural est aussi celle qui existe entre le monde des villes et celui des champs, apparu en France à l’après-guerre ; avec l’exode rural, de plus en plus de Français ont perdu tout contact avec la campagne. Ce contact qui à l’époque des grands parents passait par un oncle, un frère ou un père agriculteur a totalement disparu dans notre France contemporaine. Cette fracture n’est donc pas seulement l’affaire de EELV mais bien celle de l’ensemble des Français.
Kazakhstan : les Etats de l’OTSC dans la tourmente
A la demande du Kazakhstan, l’OTSC (Organisation du Traité de Sécurité Collective) a déployé en janvier des troupes sur son sol. Mais certains membres de l'organisation qui comprend également la Russie, le Tadjikistan, le Kirghizstan, la Biélorussie et l’Arménie, s’inquiètent d’un possible enlisement et craignent de devoir affronter une résistance armée.
Le Kazakhstan, un pays clé méconnu
Le Kazakhstan est le plus grand pays d’Asie centrale, et il est aussi le plus riche grâce à ses gisements de gaz et d’uranium. Paris s'y fournit d'ailleurs pour alimenter son parc nucléaire. Ce pays faisait office de vitrine pour Moscou via son modèle autoritaire similaire à celui du Kremlin. Son possible changement de régime risquerait de créer un effet domino en Asie centrale. Les Etats-Unis pourraient se précipiter dans la brèche pour continuer à installer des bases dans la zone, comme ils l'ont déjà fait en Ouzbékistan. Une telle situation affaiblirait encore plus le Kremlin, après le basculement de l’Ukraine dans le camp occidental il y a 8 ans, et l’UE pourrait continuer à exploiter les gisements kazakhs sans avoir à craindre une intervention russe. De son côté, le régime de Nour-Soultan espère pouvoir sauver sa tête durant cette crise.
Baptême du feu pour l’OTSC
L’OTSC a décidé d’intervenir au Kazakhstan à la demande ce dernier et sous les ordres de Moscou. C’est la première intervention de l’organisation ; le Kremlin souhaiterait qu’elle soit couronnée de succès pour que l’OTSC devienne un acteur régional important et si possible un concurrent de l’OTAN. Le seul souci est que cette opération est menée majoritairement par des troupes russes et que ses alliés n'ont dépêché que des poignées de soldats...
L’Arménie craint que cette intervention militaire rappelle un peu trop celles des forces du Pacte de Varsovie réprimant le Printemps de Prague en 1968, ou encore la répression de la révolution hongroise de 1956 à Budapest. Les autres membres de l’OTSC craignent un possible enlisement car certaines unités de l’armée kazakhe ont rejoint les rebelles et pourraient les aider à constituer une résistance armée.
Le pouvoir kazakh fragilisé
Le "Père" de la nation Noursoultan Nazarbaiev est soupçonné de s’être enfui en Russie. Cet homme qui fut président du pays de 1991 à 2019 avait laissé les rênes du pouvoir à un proche, Jomart Tokaiev, tout en gardant le contrôle du pays en occupant un poste de chef du conseil de la sécurité. Le 5 janvier, face au désordre du pays, il transfère cette fonction au président Tokaeiv. Sa possible fuite créée un véritable mouvement de panique chez les élites kazakhes, qui à leur tour se ruent sur leurs avions privés pour quitter le pays. Elles craignent que cette intervention n'installe définitivement les Russes au Kazakhstan et qu’ils l’administrent comme une région de leur Fédération.
Rajoutons à ce tableau peu reluisant pour le régime kazakh que le retournement de certaines unités de l’armée et de la police a été vécu comme un drame. Ces deux corps de fonctionnaires ont toujours été fidèles au pouvoir depuis les années 90, n’hésitant pas à réprimer les opposants dans le sang. Le fait qu’elles abandonnent leurs chefs ou les capturent pour les remettre à la foule montre bien que leur fidélité n’est plus une évidence.
Quelles sorties de crise possibles ?
Trois sorties sont envisageables dans les jours à venir. Première possibilité, l’OTSC écrase la rébellion et le régime kazakh est rétabli. Moscou sortirait renforcé de cette crise et pourrait à nouveau donner priorité à l’Ukraine. Ce scénario est envisagé par des stratèges ukrainiens qui le confiait à TV Svoboda. Deuxième possibilité, la pire pour le Kremlin et ses alliés : les rebelles se constituent en armée de libération et le pays plonge dans la guerre. Les troupes de l’OTSC risqueraient ne pas tenir face à une guerre longue. Les alliés de Moscou pourraient alors choisir de quitter l’opération. Les menaces russes envers l’Ukraine seraient moins efficaces, et les troupes russes risqueraient de subir de lourdes pertes face à la résistance kazakhe. Cette vision pessimiste est portée par l’armée arménienne.
Dernière possibilité, les rebelles font fuir les derniers oligarques. Les Russes choisiraient alors la négociation ; le nouveau gouvernement kazakh devrait accepter une présence russe mais pourrait la compléter par une présence américaine ou chinoise. Cette option existe car l’Ouzbékistan, pays voisin du Kazakhstan, a réussi à négocier un accord similaire avec les deux grands durant les années 2000 : Tachkent a depuis une base russe et une base américaine sur son sol . Le modèle autoritaire à la russe sortirait largement affaibli de cette crise et ce soulèvement réussi pourrait encourager les autres peuples d’Asie centrale à renverser leurs gouvernements pro-russes. Sur le long terme, la Russie pourrait se voir obligée de changer de politique extérieure dans cette région.
Face au désordre indescriptible, les enseignants en colère appellent à la grève
C’est décidé : les principaux syndicats d’enseignants ont appelé à se mettre en grève le jeudi 13 janvier. L’objectif : manifester leur désaccord face au protocole indiqué par le ministre de l’Éducation Nationale concernant la crise sanitaire.
Vendredi 7 janvier, une grande majorité des syndicats enseignants a appelé le personnel des écoles à se mettre en grève ce jeudi 13. Objectif, sans surprise : dénoncer les mesures prises contre le covid dans les écoles. En quatre jours, il y a eu bien trop d’interventions de Jean-Michel Blanquer, « des ordres et des contre-ordres permanents », fulmine André Drubay, secrétaire général du syndicat Snes-FSU. Le ministre se montre beaucoup trop flou, et ne semble pas être sur la même longueur d’onde que les enseignants grévistes. En effet, le 3 janvier, la consigne exige que les enfants cas-contacts doivent faire un test antigénique ou salivaire le jour J pour pouvoir retourner à l’école, puis deux autres à J+2 et J+4. Quatre jours plus tard, il annonce un allègement de ces mesures car elles sont « irréalisables », selon ce même syndicat : désormais, un cas-contact de moins de 12 ans n’est plus contraint à l’isolement et peut rejoindre sa classe dès lors que ses parents produisent pour lui un test antigénique ou PCR négatif. Les deux autres tests sont demandés mais le délai d’application est plus long. Le résultat : « une pagaille indescriptible et un sentiment fort d’abandon et de colère », s’agace André Drubay.
Le mot d’ordre : n’en faire qu’à sa tête
Les syndicats grévistes sont unanimes : le protocole mis en place le 6 janvier est incompréhensible. « On n’a jamais vu ce niveau d’exaspération et d’épuisement », explique Stéphane Crochet, secrétaire général du syndicat d’enseignants SE-Unsa. « On a des collègues en pleurs qui passent leurs soirées à envoyer des messages aux familles pour leur faire comprendre la nouvelle procédure », insiste-t-il. En l’absence de consignes explicites, chaque direction d’établissement a appliqué sa propre règle. Ainsi, d’après le correspondant Figaro de l’académie de Montpellier, dans une école privée de Nîmes, 17 jours d’isolement pour les cas-contacts ont été maintenus entre lundi et jeudi, mais pas dans les écoles publiques voisines. De même, en Savoie, des directeurs d’école publique ont du attendre mardi soir pour avoir des directives, avant que celles-ci ne changent 3 jours après. Une confusion sans nom. Guislaine David, cosecrétaire générale du syndicat SNUipp-FSU dénonce un protocole « ahurissant ». « On a fait les choses partout différemment, parfois même dans les écoles d’une même ville », peste-t-elle.
A cette incompréhension s’ajoute une crise de personnel : les vies scolaires sont submergées par la gestion des absences et des cas contacts, les professeurs malades ne sont pas remplacés. La menace d’une véritable dégradation pédagogique plane. Les futurs grévistes se sentent seuls. Pour légitimer leur mouvement, ils s’appuient aussi sur les derniers chiffres diffusés jeudi par l’Éducation Nationale : 47 453 élèves recensés positifs et 9 202 classes fermées.
Des revendications qui ne sont pas unanimes
Dans son appel à la grève, Stéphane Crochet explique ce qu’il attend du gouvernement : plus d’autotests pour les cas-contacts et plus de masques FFP2 pour les enseignants ; abonder et recruter les listes complémentaires pour pallier à l’absence de professeurs ; plus de fermeté pour le traitement des cas positifs ; l’isolement des cas contacts intrafamiliaux.
Mais comment manifester son mécontentement ? Les avis divergent. Les parents d’élèves s’estiment plutôt soulagés des nouvelles règles qui leur permet de ne pas s’enfermer avec leurs enfants trop longtemps. Du côté des enseignants, ce sont 7 syndicats, pour la plupart marqués à gauche voire très à gauche, qui promeuvent la grève pour le 13 janvier : Snuipp-FSU, Se-Unsa, Snudi-FO, Snes-Fsu, Snalc, Sud éducation et CGT Education. Cette dernière regarde même jusqu’à fin janvier, en proposant un second mouvement de grève le 27. Les enseignants ont, quant à eux, jusqu’à lundi soir pour se déclarer gréviste. Pour le moment, il n’est pas certain que la majorité d’entre eux réponde présent. Peut-être beaucoup se rallieront-ils au principal syndicat de chefs d’établissement (SNPDEN-UNSA) qui se refuse à la grève : « On ne va pas dire qu’il ne faut pas le faire (...) mais faire grève, c’est abandonner les élèves quelque part et franchement, ce n’est pas le moment. Quand on manifeste notre mécontentement, on préfère le faire autrement ». Mais faire quoi ? La question reste en suspens...
De son côté, Jean-Michel Blanquer semble en position délicate : jeudi 6, dans une réunion en visioconférence avec ces syndicats, il assure que « dans un mois tout ira mieux », et se refuse donc à écouter les revendications. Expectative de la semaine prochaine : le taux de participation des enseignants à la grève lui donnera tort ou raison.
Guillaume Peltier rallie Eric Zemmour
Reçu par Sonia Mabrouk dans l’émission Le Grand Rendez-vous diffusée sur CNEWS, Europe 1 et Les Echos, l’ancien vice-président LR a annoncé dimanche 9 janvier rejoindre Eric Zemmour dans sa course à la fonction présidentielle.
Connu pour ses prises de position controversées au sein de son parti, Guillaume Peltier a fait son choix pour la présidentielle 2022. La polémique enflait depuis un mois. Le 6 décembre dernier, alors qu’il était encore numéro 2 des LR, le député du Loir-et-Cher avait posté ce tweet polémique « comment rester insensible au discours pour la France d’Eric Zemmour ? » faisant référence au discours de Villepinte. Démis de sa fonction de vice président du parti dans la foulée, ce n’était plus qu’une question de temps avant qu’il n’annonce son ralliement à Eric Zemmour, qui incarne selon lui « le seul candidat de la droite capable de battre Macron ».
« Les qualificatifs de haine et d’extrême droite ça suffit »
Guillaume Peltier l’assume, « mon ADN politique c’est la droite forte ». L’ancien bras droit de Philippe de Villiers avait fait un bref passage au Front national de la jeunesse et au mouvement national républicain avant de rejoindre l’ancêtre du parti LR (UMP) en 2009 et de soutenir Nicolas Sarkozy dans sa campagne de 2012.
Convaincu que c’est Eric Zemmour et non Valérie Pécresse qui fera la très espérée union des droites, le député revendique qu’en 2022 « le coeur du clivage sera plus important que celui de la gauche et de la droite », c’est « d’un coté la tyrannie des minorités face à la majorité silencieuse qui ne supporte plus de voir ses modes de vie, sa culture, ses traditions, le bon sens bafoué par ceux qui nous gouvernent ». « Nous assumons l’idéal de la frontière sur le plan économique et migratoire » a t-il ajouté.
Quant aux accusations du prétendu pétainisme d’Eric Zemmour, Guillaume Peltier les dénonce « les qualificatifs de haine et d’extrême droite ça suffit ». Et de rappeler qu’Eric Zemmour et sa famille « ont été marqués dans leur chair par ce que représente l’immonde régime de Vichy ». Ses grands parents ont en effet été déchus de la nationalité française par Vichy.
« Je n’ai pas confiance » en Valérie Pécresse
Guillaume Peltier l’a rappelé face à Sonia Mabrouk, Valérie Pécresse avait voté pour Emmanuel Macron en 2017. Il a avoué ne pas avoir confiance en la candidate à la présidentielle car celle-ci n’a pas répondu à sa question quand il lui a demandé ce qu’elle ferait au second tour si elle n’était pas qualifiée. « Valérie Pécresse c’est Emmanuel Macron »
Du côté des Républicains, les réactions ne se sont pas faites attendre. La sentence est tombée quelques minutes après la fin de l’émission sur le compte Twitter du président du mouvement, Christian Jacob : « il est de fait exclu de notre parti politique et ne peut plus s’en revendiquer ». Eric Ciotti, que Peltier a soutenu lors de la primaire LR a lui aussi condamné sa décision en précisant qu’il « commet une lourde faute. Seule Valérie Pécresse peut battre Emmanuel Macron et rassembler tous les électeurs de droite ». Anticipant le début d’une « vague montante » Guillaume Peltier l’avait pourtant incité à le suivre, avec d’autres membres de sa désormais ex-famille politique.
Guillaume Peltier devient un nouveau porte-parole de la campagne de Zemmour, l’aboutissement logique et cohérent de 20 ans d’engagement politique, tel qu’il l’a lui même reconnu sur le plateau.
Yannick Jadot : quand dénoncer devient tout un programme
Dimanche 9 septembre, Yannick Jadot était l’invité de France Inter dans l’émission « Questions politiques » : opposition aux primaires de la gauche, dénonciation de la gestion sanitaire, proposition d’un revenu citoyen automatique. Autant de projets, autant de critiques.
« On est à 90 jours de l’élection présidentielle », a déclaré Yannick Jadot, « et d’un seul coup on est sur des hommes ou des femmes providentielles qui arrivent sans l’ombre d’un projet ». Le vainqueur de la primaire Europe Écologie Les Verts (EELV), a affirmé une fois de plus son refus des primaires de la gauche, dénonçant l’entreprise de Christiane Taubira, : « ce n’est pas lui faire insulte, au regard de son intelligence ». Avec des intentions de vote affichées entre 5% et 8% dans les sondages, le militant écologiste croit à la force de ses idées : « L’écologie est la force qui peut rassembler et gagner l’élection présidentielle et je veux porter ce projet »
Yannick Jadot soutient la grève des enseignants
Interrogé sur la question sanitaire, Yannick Jadot a critiqué la gestion d’Emmanuel Macron : « À partir du moment où il a insulté les non-vaccinés, il a choisi de masquer tous les errements et les difficultés légitimes de la santé […] en cherchant des boucs émissaires ». Il prône toutefois le maintien de l’école ouverte, tout en soutenant l’appel à la grève des enseignants « à bout » prévue pour jeudi 13 janvier. Conserver les écoles ouvertes est la seule solution, selon lui, de protéger les élèves défavorisés.
De fait, l’écologiste s’est affiché en fervent défenseur de la jeunesse, présentant son projet de « revenu citoyen automatique », c’est-à-dire « un revenu minimum garanti de 885 euros […] pour éradiquer la grande pauvreté de ce pays ». Un plan ambitieux, qui repose sur « 20 milliards d’euros par ans ». Un plan nécessaire, car « la richesse d’une société aujourd’hui est l’accomplissement de la jeunesse. » Un plan coûteux qui serait compensé par la mise en place d’ « un impôt sur la fortune à partir de 2 millions d’euros de patrimoine ».
« Il faut sortir du nucléaire »
Quid du nucléaire dont la majorité des candidats disent qu’il est indispensable ? Le candidat des Verts a soutenu qu’ « il faut sortir du nucléaire », dénonçant la « taxonomie européenne ». En échange, il souhaite « rénover 2 millions de logements qui appartiennent à des familles qui vivent déjà dans une précarité énergétique » et « déployer des énergies renouvelables » : « Dans mon projet, chaque quartier, chaque village aura son projet d’énergies renouvelables soutenues par l’État », a-t-il affirmé. Les mesures du gouvernement, selon lui, « ne répondent pas aux urgences du climat ». Une contestation qui n’est pas partagée par la ministre de la Transition Écologique, Barbara Pompili, adhérente des Verts, qui « plaint » Yannick Jadot.
Christiane Taubira, candidate à la primaire de la gauche
Christiane Taubira rompt le suspens sur sa candidature : si elle l'emporte à la primaire populaire, elle se présentera pour l'élection présidentielle.
En déplacement à Bondy en Seine-Saint-Denis le dimanche 9 janvier, Christiane Taubira a annoncé accepter "d'être candidate à la primaire populaire". L'ancienne garde des sceaux "accepte le jeu démocratique". Elle sera candidate à la présidentielle si elle remporte la primaire populaire organisée par 2022 ou jamais. Une primaire à laquelle elle était déjà favorable. Anne Hidalgo avait proposé de la rejoindre le 8 décembre. Mais la plupart de ses opposants de gauche, notamment Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot, opposent un refus catégorique. La candidate du Parti socialiste reconnaît elle-même que son appel s'est soldé par un échec : "Une primaire n'a de sens que si elle sert à avoir un candidat commun". Le matin même de l'annonce de Christiane Taubira, Anne Hidalgo balayait la question de Jean-Pierre Elkabbach : "Ce sera une candidature de plus et pas une candidature de moins".
Un bon point pour la primaire populaire
Pourtant, l'ancienne garde des sceaux replace la gauche au centre des attentions et redonne un intérêt à cette primaire qui se déroulera du 27 au 30 janvier. Les personnes souhaitant se présenter doivent le faire avant le 15 janvier, date à laquelle la liste sera publiée. Le Socle Commun est la première étape de l'association 2022 ou jamais qui espère ainsi remporter l'élection. Ce socle est constitué de dix mesures de rupture pour une république écologique, sociale et démocratique. Si Christiane Taubira gagne la primaire populaire, 2022 ou jamais fera campagne pour elle. L'unique condition est l'inclusion des propositions du Socle Commun dans son programme : "La personnalité remportant le vote de la Primaire Populaire devra s’engager à promouvoir le Socle Commun."
Anne Hidalgo, définitivement inaudible ?
Anne Hidalgo, candidate du parti socialiste pour l'élection présidentielle, se bat pour être écoutée et remonter dans les sondages. Tous les arguments sont bons.
"Je suis candidate, je suis investie, j'ai pris ce totem "réunir la France"". Au micro de Jean-Pierre Elkabbach dimanche 9 janvier sur Europe 1, Anne Hidalgo a tenté une fois de plus de défendre sa candidature, à moins de 5% des intentions de vote si Christiane Taubira ne se présente pas selon le sondage Ipsos Sopra-Steria publié le 7 janvier. Regrettant le refus de la gauche de se rallier dans une primaire comme elle l'avait proposé le 8 décembre, la candidate à la présidentielle affirme néanmoins être capable de l'emporter contre Yannick Jadot. Quant à l'hypothèse d'une candidature de Christiane Taubira, Anne Hidalgo balaye la question du journaliste : "Ce sera une candidature de plus et pas une candidature de moins", en reconnaissant que "L'homme ou la femme providentiel n'existe pas".
La candidate du Parti socialiste martèle : "Je suis candidate et je vous invite à venir voir le programme que je présente" en se défendant contre Jean-Pierre Elkabbach qui l'interroge sur le déclin de son parti en 2017 : "J'ai fait ce travail d'essayer de rassembler (...), les idées sont là, le programme est là, permettant à notre pays de sortir de cette situation". Pour elle, les deux défis majeurs auxquels il faut répondre sont le défi climatique et celui des injustices et des inégalités sociales : "Vous verrez que dans mon programme, ces sont les défis qui servent de guides". Comme tous les candidats, elle affirme apporter les propositions concrètes pour remédier au problème du travail, aux questions du salaire, de l'école, de la santé et de la transition écologique. "Depuis trois mois, ce que j'ai fait, c'est rassembler ma famille, mettre en place les équipes, proposer ce chemin de l'unité qui est rejeté notamment par Yannick Jadot. Maintenant, je suis très concrète en vous disant que j'avance".
Son principal argument repose sur les soutiens de son parti depuis des années : "Cette force que je représente s'appuie sur des milliers d'élus locaux, de citoyennes, de citoyens partout dans le pays. La preuve en est que je dois être la seule peut-être avec Valérie Pécresse à avoir tous mes parrainages". C'est en effet son unique avantage sur la droite, et notamment sur Eric Zemmour et Marine Le Pen qui peinent à trouver leurs parrainages alors que le sondage cité plus haut les place à 12 et 17% : "C'est la loi qui décide de qui participe en fonction des parrainages, s'ils ne l'ont pas, c'est qu'ils ne méritent pas d'y participer". Pour elle, ce principe n'est pas anti-démocratique : "La démocratie est définie avant les sondages par la loi, et si la loi dit que les parrainages doivent être de 500 pour chacun des candidats sur la ligne de départ, c'est la loi qui doit s'imposer. (...) [s'ils n'y arrivent pas], tant pis pour eux, ça veut dire qu'ils n'ont pas convaincu 500 maires".
Manifestation de l’Union citoyenne pour la liberté (UCPL) à Montparnasse : « Le pass on n’en veut pas ! »
Journée de manifestations dans la capitale, trois lieux étaient concernés, le Palais Royal et la Place de Catalogne pour les deux cortèges et la Place du 18 juin 1940 à Montparnasse pour l’UCPL. Une journée marquée par une forte protestation de la politique gouvernementale après le vote à l’Assemblée nationale du pass vaccinal.
Le mouvement citoyen UCPL (Union citoyenne pour la liberté), se défini sur son compte Twitter comme citoyen, apartisan et pacifique. La fondatrice est Sophie Tissier, gilet jaune et féministe.
Place du 18 juin 1940 (VIe arrdt), le mouvement citoyen UCPL a exprimé leur colère contre l’instauration du pass vaccinal. Une bonne centaine de personnes étaient rassemblés pour porter un message de liberté.
Le rendez-vous était donné à 14h, malgré la pluie, le froid et la grisaille, les plus courageux sont au rendez-vous. Plusieurs panneaux, affiches ou tracts dénoncent la vaccination obligatoire, la protection des enfants « Non à l’injection des enfants » peut-on lire sur une affiche et la détresse des soignants. Beaucoup parmi les participants dénoncent dans la joie et la bonne humeur (malgré la gravité de la situation selon certains), les « mensonges d’État ».
Tout au long de ce rassemblement statique, ce qui les distingue des autres manifestations ambulantes du jour, plusieurs chants et musiques viennent rythmer les discours des intervenants. Une femme du nom de Leila nous explique « qu’on va tous être impacté dans notre vie de tous les jours pour des moments banals », on l’a entendu à plusieurs reprises au sein des anti pass, elle ajoute stricto sensu « c’est une entrave aux libertés de chacun ». Échangeant avec Marie, une dame d’un certain âge, les deux femmes partagent le même avis, pour Marie « Il y a une atteinte à la liberté qui est extrêmement nuisible », chacune sont venus en tant que citoyenne et pour défendre la génération future.
Leila avoue même avoir choisi cette manifestation statique plutôt que les autres, selon elle celle-ci a le mérite d'être apolitique et à taille humaine.
Nombre des participants se battent pour leurs enfants et la nouvelle génération, première victime du gouvernement selon eux. Dans la foule Samy, un jeune présent cet après-midi et non vacciné ne semble pas convaincu par l’efficacité de ce vaccin « la situation n’est pas meilleure qu’il y a un an » estime-t-il avant d’ajouter « moi le pass je ne l’ai pas », au lieu de s’habituer à vivre avec le pass, Samy s’est habitué à vivre sans les loisirs et priorise les sorties entre copains à l’air libre ou les soirées à domicile.
A partir de l’heure du goûter, les manifestants commencent à quitter les lieux, une Marseillaise résonne sur la Place du 18 juin 1940, le choix est symbolique, clin d’œil fait au Général de Gaulle et à cet esprit de liberté qu’il incarne.
Aucune violence n’est à déplorer, quelques camions de CRS étaient présents pour encadrer l’évènement, faute de débordements, les forces de l’ordre partent.
Le message du jour est de vivre libre plutôt que soumis, les personnes scandent « liberté ! » la liberté a un prix dorénavant, celle de ne plus pouvoir profiter des plaisirs simples de la vie.
Valentin CHERY
« Truth Social » le réseau social de Donald Trump à la conquête des GAFAM.
Après avoir été censuré par Facebook, Twitter et YouTube à la suite de l’assaut du Capitole par une partie de ses sympathisants, Donald Trump lancera bientôt son propre réseau social alternatif, « Truth Social ». Déjà bien coté en bourse avec un capital de départ estimé à 1 milliard d’euros.
L’ancien président américain devait prendre la parole lors d’une conférence de presse le 6 janvier dernier, date anniversaire de l’assaut du Capitole, finalement il n’en a rien été, puisque ledit président a reporté sa prise de parole pour la faire sous forme de meeting en Arizona le 15 janvier.
La plateforme qui se veut « garante de la liberté d’expression et d’opinion » est à l’encontre des plateformes « fake news » (Facebook, Twitter, YouTube). Martelant inlassablement que l’élection de 2020 lui a été volé, Donald Trump compte bien revenir dans le jeu politique et médiatique grâce à son réseau social.
Entre les « fake news » et les « truth news », la bataille pour la vérité fait rage aux États-Unis. La société Trump Media & Technology Group (TMTG) est le QG de l’application « Truth Social » ; elle dispose d’un peu plus d’un milliard d’euros de capital à son départ.
Sur le site truthsocial.com on peut dès à présent s’abonner à une « newsletter », faisant office de liste d’attente avant le lancement de la plateforme.
Depuis l’apparition des réseaux sociaux et l’essor de ces derniers avec la création de Facebook en 2004 et Twitter en 2006, la communication politique a changé, passant de la poignée de mains au pouce bleu sur smartphone, de la relation humaine à la relation virtuelle, du meeting au podcast.
Donald Trump l’avait bien compris en 2016 : il a utilisé les réseaux sociaux à son escient, critiquant la censure tout en twittant chaque jour des dizaines de posts. Connu pour être un admirateur des émissions politiques matinales, l’ancien locataire de la Maison Blanche commentait chaque intervention.
Nouveau réseau social pour une nouvelle année, 2022 est marqué notamment par les « midterms » en novembre prochain. D’ici là Donald Trump en fin stratège, prépare sa possible réélection en 2024.
Valentin CHERY